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Commission européenne : la nouvelle équipe d’Ursula von der Leyen largement approuvée par le Parlement européen

Ursula von der Leyen, le 27 novembre 2019 après le vote d'investiture au Parlement européen - Crédits : Capture d'écran / Parlement européen
Ursula von der Leyen, le 27 novembre 2019 après le vote d’investiture au Parlement européen - Crédits : Capture d’écran / Parlement européen

En juillet dernier, le nouveau Parlement européen avait annoncé la couleur : l’Allemande Ursula von der Leyen (droite modérée) n’avait été élue à la tête de la Commission européenne qu’à neuf voix près. En septembre et octobre, les eurodéputés avaient ensuite confirmé leur intention de peser de tout leur poids dans le processus de sélection de la future équipe dirigeante : les candidatures de trois commissaires avaient été retoquées. Y compris celle de Sylvie Goulard, du jamais vu en France.

Ce mercredi 27 novembre à Strasbourg, plusieurs groupes politiques ont encore fait comprendre qu’ils ne signeraient plus de “chèque en blanc” . Ursula von der Leyen peut tout de même souffler. Son collège a finalement été largement approuvé par 461 voix contre 157 et 89 abstentions.

Sa famille politique (le Parti populaire européen, PPE) a logiquement voté “pour” . La nouvelle présidente de la Commission européenne a également bénéficié du soutien des centristes libéraux (Renew Europe), des sociaux-démocrates (S&D) malgré quelques défections, notamment du côté des socialistes français, et de la moitié des Conservateurs et réformistes européens (ECR, droite radicale).

Les Verts, en revanche, ont préféré réserver leur jugement à l’aune des actions concrètes à venir (la plupart d’entre eux se sont abstenus), tandis que l’extrême droite et l’extrême gauche ont voté contre.

Ursula von der Leyen rappelle ses priorités

Notre union va s’embarquer pour une transformation qui touchera toutes les parties de notre société et de notre économie” , a déclaré Ursula von der Leyen à l’ouverture de la séance, non sans saluer l’héritage de son prédécesseur Jean-Claude Juncker, “un grand européen” .

En 45 minutes, la nouvelle présidente de la Commission européenne, qui prendra donc ses fonctions dans quelques jours, a rappelé les priorités qui guideront son action pendant les cinq prochaines années.

En tant que première femme présidente de la Commission, j’affirme que chaque membre de mon collège aura un cabinet équilibré hommes-femmes pour la toute première fois” , a d’abord lancé Ursula von der Leyen, avant d’entrer dans le vif du sujet : “Mon message est simple, commençons à travailler” .

Travailler pour le climat, d’abord, une “question existentielle pour l’Europe et le monde” . “Il n’y a pas un instant à perdre” , a soutenu la présidente, en appelant à des “investissements massifs” , “justes et ciblés” . “Le Green deal européen est un must pour la santé de notre planète, de ses habitants, ainsi que de notre économie.” Et d’ajouter, sans parvenir à remporter la confiance des Verts pour autant : “Le commissaire Phil Hogan s’assurera que nos futurs accords commerciaux incluront un chapitre sur le développement durable” .

Le numérique sera la seconde priorité de la nouvelle équipe. Blockchain, supercalculateur, data, intelligence artificielle… “Nous devons contrôler les technologies clés. Groupons nos ressources, notre argent, nos capacités de recherche, nos savoirs, nos connaissances” pour innover, a exhorté Ursula von der Leyen, sans oublier la cybersécurité.

Social, immigration : des points qui fâchent

La nouvelle présidente de la Commission européenne a ensuite eu quelques mots pour la “résilience macroéconomique” de l’UE, mais aussi l’inclusion, la “justice et l’égalité” . “L’Europe doit se soucier de ce dont se soucient les gens. L’avenir de leurs enfants, la culture et l’éducation” , a-t-elle affirmé.

C’était aussi sur l’immigration que l’Allemande était attendue au tournant, après la polémique provoquée par l’intitulé du portefeuille confié au Grec Margaritis Schinas : “Protection de notre mode de vie européen” , finalement rebaptisé “Promouvoir le mode de vie européen” . “Une chose est sûre : l’Europe va toujours constituer un abri pour ceux qui ont besoin de protection internationale” , a promis Ursula von der Leyen ce mercredi, dans l’espoir d’apaiser les tensions. “Mais nous devons également veiller à ce que ceux qui n’ont pas le droit de rester rentrent chez eux. Nous devons rompre le cycle des passeurs, réformer notre système d’asile sans oublier nos valeurs de responsabilité et solidarité. Renforcer nos frontières extérieures…” , a-t-elle aussi souligné, avant de refaire un lien entre l’immigration et la sécurité intérieure, dont sera “également responsable” l’équipe formée par les commissaires Margaritis Schinas et Ylva Johansson.

Résultat, alors que l’extrême droite (ID), peu présente dans l’hémicycle, a déploré “le laxisme migratoire” de Bruxelles et “un jeu de chaises musicales pour surtout ne rien changer” , l’extrême gauche (GUE/NGL) a attaqué des “contradictions inhérentes aux déclarations” d’Ursula von der Leyen : “Aujourd’hui et par le passé, vous avez promis tout et n’importe quoi à n’importe qui…” , “on n’arrive pas à la justice sociale en déréglementant les marchés de l’emploi” , “les vies humaines, on ne les protège pas en fermant les frontières européennes mais en mettant en place de véritables opérations de sauvetage en mer” , a notamment précisé le coprésident du groupe d’extrême gauche Martin Schirdewan.

Une “majorité” fragile au Parlement européen ?

La constitution de ces deux formations en groupes d’opposition ne faisait toutefois aucun doute avant l’ouverture de la séance. Plus révélatrice est surtout l’abstention du groupe des Verts/ALE, qui a ainsi prévenu que ses voix ne seraient pas acquises au cours des cinq prochaines années. “Aujourd’hui, la question qui se pose est la suivante : est-ce que vous, la future Commission, pourrez relever les défis sociaux, environnementaux ? […]. Nous serons prêts à collaborer quand vous prendrez des initiatives en ce sens. Nous serons un partenaire constructif, mais également critique quand vous n’irez pas dans cette direction” , a prévenu Ska Keller, coprésidente du groupe écologiste.

Par ailleurs, au sein même de la majorité qui se dessine dans l’hémicycle, aussi large soit-elle aujourd’hui avec les trois premiers groupes du Parlement européen (le PPE, le S&D et Renew), soutenus par une partie de l’ECR, seuls les conservateurs de droite modérée et les libéraux se sont levés pour applaudir la fin du discours d’Ursula von der Leyen.

Du côté des sociaux-démocrates, l’Espagnole Iratxe Garcia Perez a préféré préciser que son groupe resterait “exigeant” : “Pour nous, ce sera un agenda vert mais également rouge, rouge pour le social” , a-t-elle lancé, en faisant référence à la “lutte contre les disparités” . Un soutien en demi-teinte, donc, et entaché par l’abstention d’une dizaine d’élus, notamment des socialistes français. Quant aux Conservateurs et réformistes européens (ECR), eux aussi ont souligné qu’ils resteraient “réalistes” et attentifs “point par point” à l’action de la nouvelle Commission. Au final, la moitié du groupe a voté “pour” le nouveau collège, le reste se divisant entre votes “contre” et abstentions.

Interrogée par la presse après le vote, Ursula von der Leyen a néanmoins balayé le risque de fracture au Parlement européen : “Aujourd’hui, nous avons une majorité nette, stable, qui conforte ma volonté de porter un agenda de changement.

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