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Comment est nommé le Président de la BCE ? Qui pour succéder à Jean-Claude Trichet ?

En novembre, Jean-Claude Trichet devra laisser sa place à la tête de la Banque centrale européenne. Son mandat de huit ans arrive à son terme, et une autre personnalité devra lui succéder. Mais qui ? Ce sera aux chefs d’Etat et de gouvernements des pays de la zone euro d’en décider. Comment un Président de la BCE est-il nommé ? Les chefs ont-ils déjà trouvé leur poulain ?

Comment le Président de la Banque centrale européenne (BCE) est-il nommé ?

Le Président (ou gouverneur) de la Banque centrale européenne est nommé pour huit ans, et son mandat n’est pas renouvelable, afin de garantir l’indépendance de l’institution. Les ministres européens des Finances (réunis en Conseil) ont pour mission de proposer une ou plusieurs personnalités aux chefs d’Etat et de gouvernements européens qui siègent au sein de l’Eurogroupe. Ce sont ces derniers qui nomment, in fine, le gouverneur, en principe à la majorité qualifiée.

Bien que le rôle de Président de la BCE nécessite une indépendance complète vis-à-vis du pouvoir politique, le choix en 1998 des deux premiers occupants du poste, Wim Duisenberg et Jean-Claude Trichet, a donné lieu à d’intenses négociations entre les dirigeants européens. Jean Quatremer et Yves Clarisse, dans leur livre “Les maîtres de l’Europe” , rendent compte de ce véritable feuilleton qui a eu lieu dans les coulisses.


Le Président est à la tête du directoire, composé de six membres, qui dirige l’activité quotidienne de la BCE. Ce sont également les chefs d’Etat et de gouvernement européens qui élisent à la majorité qualifiée les membres du directoire. Leurs mandats sont aussi de huit ans, mais sont échelonnés, afin qu’ils n’expirent pas tous en même temps. L’équilibre des nationalités des membres de ce directoire n’est pas précisé dans le traité.

Mais il est devenu coutumier que les quatre “grands” de la zone euro (Allemagne, France, Italie, Espagne) soient représentés au sein du directoire, les deux places restantes étant réservées aux autres Etats.

Deux fois par mois, le directoire reçoit les gouverneurs des banques centrales nationales de la zone euro au sein du “Conseil des gouverneurs” . C’est là que sont prises les décisions stratégiques.

En revanche le Président de la BCE reste une figure incontournable, notamment parce qu’il est chargé d’incarner l’euro auprès des marchés, mais aussi pour son influence au sein des instances dirigeantes de la banque.

Jean-Claude Trichet sera très certainement regretté aux rênes de la banque centrale européenne. Il aura su, conformément à ses missions, défendre l’indépendance de l’institution en des temps troubles, contre les tentatives d’ingérence d’Etats comme la France qui l’ont, à une époque, abondamment critiqué. Grâce à lui, la BCE a été l’une des institutions à le mieux réagir face à la crise. Jean-Claude Trichet a su habilement tenir les marchés, particulièrement instables en temps de crise.

Un Allemand pour succéder à Jean-Claude Trichet ?

Jusqu’à récemment, les deux candidats les plus sérieux pour succéder à M. Trichet étaient l’Allemand Axel Weber et l’Italien Mario Draghi. Si le second est encore en lice, le premier s’est finalement retiré en fin de semaine dernière. Actuel président de la “Buba” , la banque centrale allemande, il a ajouté qu’il souhaitait même mettre une fin prématurée à son mandat, qui devait expirer en 2012.

Weber n’avait pas le soutien de Paris. Certaines sources avancent qu’il aurait pu faire les frais de l’accord franco-allemand sur le pacte de compétitivité : en échange d’accepter d’inscrire dans sa Constitution une limitation de l’endettement public, la France aurait exigé le retrait d’Axel Weber de la course.

Si la France ne le portait pas dans son cœur, c’est qu’il avait abondamment critiqué le rachat par la BCE d’obligations publiques, initiative qui ne correspondait pas avec l’orthodoxie habituelle de l’institution. Tout le contraire de Paris qui avait salué ce pragmatisme nécessaire en temps de crise, de la part de la banque d’ordinaire inflexible. De plus, Weber avait commis l’indélicatesse de contester une décision de la BCE avant même que celle-ci soit rendue publique.

La presse se demande aussi si Axel Weber ne viserait pas la présidence de la Deutsche Bank, la plus grande banque commerciale allemande. L’actuel président devra céder sa place en 2013, et démissionner aujourd’hui permet à M. Weber de respecter le délai de deux ans visant à prévenir les conflits d’intérêts


Quoi qu’il en soit, Angela Merkel aurait pu s’engager plus fermement en faveur de son candidat. Le quotidien allemand Handelsblatt estime que son annonce mardi de ne pas briguer de second mandat à la tête de la Bundesbank était destinée à inciter la chancelière à sortir de sa réserve ; mais celle-ci n’a pas saisi la perche.

Les autres candidats

Le candidat italien pour sa part possède un CV impressionnant. Reconnu pour sa diplomatie, et sa très solide connaissance des marchés financiers, certains éléments de son parcours pourraient néanmoins l’handicaper, comme son passage à la banque Goldman Sachs, qui aurait pu constituer un atout si cette banque n’avait pas été mise en cause dans la crise grecque. De plus, le soutien dont il bénéficie dans son pays pourrait n’être, de la part de Berlusconi, qu’un moyen de l’éloigner de la politique intérieure italienne.

D’autres noms ont été avancés, comme celui de l’actuel directeur du Fonds européen de stabilité financière, Klaus Regling, ou bien celui de l’Economiste en chef de la BCE, Jurgen Stark, tous deux Allemands.

Hormis ces grandes figures, le poste pourrait revenir à une personnalité moins forte mais consensuelle, et issue d’un plus petit pays, comme c’est le cas des gouverneurs des banques centrales finlandaise (Erkki Liikanen), luxembourgeoise (Yves Mersch), néerlandaise (Arnout Wellink) et chypriote (Athanasios Orphanides). Pour l’instant, nombreux sont les noms qui circulent, mais rares sont les solutions qui satisferaient tout le monde.

Si les Seize ne parviennent pas à se mettre d’accord, Jean Claude Trichet pourrait prolonger son mandat de quelques mois ; mais il ne pourra pas rester éternellement, les traités l’empêchant de briguer un second mandat.

Officiellement, les négociations n’ont pas encore commencé. Les chefs d’Etats évoqueront surement la question lors de leur rencontre au Conseil européen de mars, mais aucune annonce officielle ne devrait émerger avant la fin du printemps. Outre le nom du futur président de la BCE, les Etats devront désigner un remplaçant pour un des membres de son directoire, ainsi qu’un nouveau président de la Banque européenne d’investissement.

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