Les derniers sondages dans la presse britannique confirment les conservateurs dans leur statut de favoris pour les élections législatives. Une enquête ICM réalisée pour le Guardian crédite lundi les Tories de 33% des intentions de vote, ce qui en ferait la première force en termes de sièges, cinq points devant les travaillistes et les libéraux-démocrates.
Toute idée d’alliance écartée ?
Il est ainsi très compliqué d’imaginer un gouvernement associant Tories et Lib-Dem alors que leur position sur la question européenne est diamétralement opposée. David Cameron pourrait former un gouvernement minoritaire pour mettre l’opposition au défi de le faire tomber. Cela provoquerait un nouveau scrutin, ce qui ne serait vraisemblablement pas du goût des Britanniques.
Nick Clegg avait déclaré auparavant que si le Labour se trouvait en troisième position, Gordon Brown ne pourrait pas devenir Premier ministre en cas de coalition avec son parti. Une alliance Lib-Dem / Labour semble donc écartée. Les Travaillistes se refusent à cette possibilité d’un premier ministre Lib-Dem.
Le dernier débat télévisé a d’ailleurs vu Gordon Brown essayer de présenter la proximité des programmes économiques des Tories et Lib-Dem comme une alliance de fait. Ces positions seront peut-être remises en cause une fois la campagne passée. Les libéraux-démocrates sont au centre de cette élection et joueront sûrement les faiseurs de Roi.
La campagne de Gordon Brown : un véritable calvaire
Le trouble-fête de cette élection aura donc bien été Nick Clegg, le chef de file du troisième parti britannique. La logique du scrutin uninominal à un tour veut pourtant que le gagnant emporte tout (“winner takes all”) : un parti ne peut gagner des sièges que s’il remporte la majorité des votes dans la circonscription.
Pour cette raison le Royaume-Uni n’a connu que très rarement des gouvernements de coalition. Le dernier exemple remonte à 1974 et avant cela à 1929… Le premier débat télévisé entre les candidats a créé une situation de grande nouveauté : Nick Clegg a fait un bond dans les sondages grâce à sa prestation réussie, le portant au niveau des Travaillistes.
Tous les sondages depuis des mois mettaient les conservateurs en tête. Cependant, les prestations moyennes de Gordon Brown dans les médias ont fini d’achever le lien avec son électorat. Ainsi, mis à mal lors d’une visite à la ville de Rochdale (nord-ouest de l’Angleterre) par la question d’une électrice sur son programme électoral, Gordon Brown, oubliant un micro resté branché, a traité son interlocutrice de “sectaire” . Cela a suscité une large polémique en Grande-Bretagne. Malgré des excuses présentées le jour-même, le mal était fait.
Même les journaux traditionnellement pro-labour lâchent le leader travailliste. Le Guardian (centre gauche) a annoncé dans un éditorial samedi 1er mai qu’il rompait avec son soutien traditionnel aux travaillistes pour appuyer les libéraux-démocrates (Lib Dems). Le Times (centre droit) a annoncé quant à lui son appui aux conservateurs, une première pour le journal depuis 18 ans.
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