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BCE : Mario Draghi, un candidat presque parfait

Mardi 14 juin, les députés membres de la Commission des affaires économiques et monétaires ont entendu Mario Draghi, pressenti pour devenir le prochain président de la Banque centrale européenne (BCE). Le français Jean-Claude Trichet quittera ses fonctions en octobre, et après avoir obtenu le soutien des ministres de l’Economie de 27, son probable successeur est venu chercher celui des parlementaires.

Un candidat expérimenté…

Face à la Commission ECON, l’Italien a du se prononcer sur les grands dossiers qui attendent la BCE, au premier rang desquels la crise grecque. Sur ce point il a fait part de son optimisme malgré la gravité de la situation, écartant l’hypothèse d’une faillite de l’Etat, car “les coûts l’emporter[aient] certainement sur les bénéfices” . Il a également estimé que “la mise en œuvre du programme économique demeure, selon toute probabilité, la voie la moins coûteuse pour toutes les parties concernées” .

La Banque centrale européenne gère la politique monétaire de l’UE (notamment la monnaie unique et les taux d’intérêt),et est également chargée de définir et mettre en oeuvre sa politique économique.

Rejoignant habilement la position du Parlement européen, Mario Draghi s’est prononcé en faveur de sanctions automatiques en cas de non-respect du Pacte de stabilité. Une prise de position qui a du rassurer la chancelière allemande Angela Merkel, qui si elle soutient désormais le gouverneur de la Banque d’Italie, avait commencé par émettre des doutes quant à la candidature d’un responsable issu du “Club Med” .

A plusieurs reprises, il a souligné l’importance de la lutte contre l’inflation, rappelant que la stabilité des prix est inscrite dans le Traité de Maastricht, qui a donné naissance à l’ancêtre de la BCE. S’il se félicite de l’action de ses prédécesseurs à cet égard, il souligne tout de même que “le maintien de la stabilité des prix de manière durable reste toujours un défi” et que “même la faillite d’un Etat ne pourrait faire dévier la BCE de son objectif de maintenir la stabilité des prix” .

Au vu de son parcours et de ses déclarations, Mario Draghi ferait presque figure de candidat modèle. Sauf que… de 2002 à 2005, l’Italien a été vice-président et directeur général de Goldman Sachs. Banque tristement célèbre en Europe pour avoir conseillé la Grèce dans l’utilisation de produits dérivés pour masquer ses déficits budgétaires, alors même que le candidat à la présidence de la BCE était responsable de la gestion des dettes souveraines.

… mais qui traine des casseroles

Goldman Sachs s’est également fait remarquer par sa connivence avec le pouvoir, non seulement aux Etats-Unis mais aussi en Europe. Peter Sutherland, ancien commissaire européen en charge de la Concurrence est l’actuel président de Goldman Sachs, tandis que Mario Monti, ancien commissaire européen au Marché intérieur puis à la concurrence est l’un de leurs conseillers. Romano Prodi, ancien président de la Commission et président du conseil en Italie, fut aussi conseiller de la banque.

Dans une tribune, les parlementaires Pervenche Bérès et Pascal Canfin affirment qu’ “Otmar Issing, ancien membre du directoire de la BCE est devenu conseiller de la banque où il côtoie même d’anciens membres du secrétariat de la Commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen recrutés par Goldman Sachs pour essayer d’influencer les députés européens” .

Pour certains eurodéputés, le doute est donc permis quant à la capacité de Mario Draghi à réguler voire interdire des pratiques qu’il a utilisées, voire que son ancien employeur a inventé. Pratiques qu’il n’a au demeurant jamais critiquées ouvertement. Les sceptiques n’ont pas dû être rassurés par la tentative de l’Italien d’occulter les responsabilités qu’il a exercé au sein de la banque américaine pendant la première partie de l’audition. Répondant à leurs interrogations, il s’est défendu d’avoir été lié aux activités de la banque avec les gouvernements, soulignant que les mesures qu’il avait prises depuis à l’égard du secteur bancaire et contre l’apparition du risque prouvaient qu’il ne ferait pas le jeu du marché financier.

La présidente de la commission, Sharon Bowles, a fait part de son enthousiasme à l’issue de l’audition, et de son intention de transmettre un avis favorable au Parlement qui doit voter lors de la prochaine plénière sur la candidature de Mario Draghi.

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