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Helmut Kohl, l’un des piliers de la construction de l’Europe (biographie)

Chancelier allemand de 1982 à 1998, Helmut Kohl a eu un rôle moteur dans la construction européenne. Grand architecte de la réunification allemande en 1990 et de l’adoption de l’euro, il a formé, avec François Mitterrand, l’un des couples franco-allemands les plus emblématiques.

Helmut Kohl
Helmut Kohl - Crédits : Commission européenne

Sa vie

Helmut Kohl est né le 3 avril 1930 à Ludwigshafen en Allemagne. Après des études en histoire, en droit et en sciences politiques et sociales, il occupe d’abord un poste de conseiller dans l’industrie chimique avant d’entrer en politique.

Député du Conseil municipal de Ludwigshafen entre 1960 et 1966 et membre du Parlement du Land de Rhénanie-Palatinat, dont il devient ministre-président en 1969, il entame parallèlement une carrière politique au niveau national.

Président de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) dès 1973 et chef du groupe au Bundestag en 1976, il arrive au pouvoir en 1982, lorsque le parti libéral fait défection au chancelier social-démocrate Helmut Schmidt. Nommé Chancelier de la République fédérale d’Allemagne (RFA), il est réélu à quatre reprises et égale par sa longévité politique son prédécesseur Adenauer.

Son action européenne

Au niveau européen, le “moteur” franco-allemand, représenté par la troïka Helmut Kohl, François Mitterrand et Jacques Delors, alors Président de la Commission européenne, accélère considérablement l’intégration européenne, aboutissant, en 1986, à la signature de l’Acte unique.

Grâce au développement de la procédure de vote à la majorité et non plus à l’unanimité, au Conseil des ministres, et grâce à l’engagement personnel du chancelier, la présidence allemande du premier semestre 1988 remporte plusieurs succès, notamment la résolution de la crise budgétaire et l’adoption de décisions importantes en vue de la réalisation du marché unique.

Dès 1992, Helmut Kohl fait adopter à l’unanimité, au congrès de la CDU, une motion préconisant la mise en œuvre d’une Constitution fédérale pour l’Europe afin de clarifier les attributions et mettre en place un régime parlementaire pour les compétences de niveau européen.

Fin 1994, en prévision de la Conférence intergouvernementale de 1996, la CDU propose officiellement à la France de constituer avec le Benelux un noyau dur fédéral doté de sa propre constitution.

L’Allemagne souhaite réformer toutes les institutions et donner progressivement au Parlement le caractère d’un organe législatif égal en droit au Conseil. L’OTAN doit être transformée en alliance au sein de laquelle les Etats-Unis et l’Europe auraient le même poids. Cette demande en mariage faite par la CDU au nom de l’Allemagne, bien qu’elle constitue une des contributions les plus importantes à la construction européenne, reste lettre morte, car la France omet d’y répondre.

Propos choisis

Citations issues de L’Europe est notre destin, Discours actuels. Présentation et traduction de Joseph Rovan, Editions De Fallois, Paris, 1989.

“[…] Nul ne songe réellement à éliminer les différences entre les peuples, ni à plus forte raison à faire table rase de leur identité culturelle. […] [C]‘est précisément la tension fructueuse entre l’unité et la multiplicité vivante de notre héritage culturel qui fait la force de la fascination de l’Europe. C’est pourquoi il est nécessaire de maintenir cette multiplicité et de l’entretenir.”
Discours prononcé à Bonn, le 9 novembre 1988, lors de la Cérémonie de Communication du 100ème Anniversaire de Jean Monnet, par le Conseil allemand du Mouvement européen, p. 211

“La communauté européenne ne représente pas davantage l’Europe tout entière que la République fédérale d’Allemagne notre patrie dans son ensemble. Varsovie et Prague, Kiev et Cracovie, font elles aussi partie de l’Europe, tout comme Dresde, Leipzig et Rostock.”
Ibid., p. 213

“Rappelons-nous qu’ils ne s’agit pas, en fin de compte, de créer l’Europe unie des gouvernements, mais l’Europe des citoyens […] Ce sont ceux-là que nous voulons gagner à la cause européenne.”
Ibid., p. 213

“Il est tout aussi nécessaire […] que les pays européens cèdent progressivement à la Communauté certaines parts de leur souveraineté. Ceci ne veut pas dire pour autant qu’ils renoncent complètement à cette souveraineté, comme d’aucuns le pensent à tort. Il s’agit, au contraire, de mettre en faisceau nos souverainetés pour qu’elles puissent encore continuer à s’exercer d’une manière efficace.”
Ibid., p. 211

“Sachons mettre à profit le temps dont nous disposons, et bâtissons les Etats-Unis d’Europe. Ainsi nous réaliserons la vision de Jean Monnet et gagnerons un avenir de paix et de liberté pour les générations qui viendront après nous.”
Ibid., p. 217

“De la même manière que l’Europe a fourni le cadre nécessaire à la réconciliation franco-allemande, cette entente a été et continue d’être à la fois la condition préalable, la base et le moteur du processus d’unification.”
Discours prononcé le 22 janvier 1988, lors de la célébration de l’anniversaire de la signature du Palais de l’Elysée, p. 224

“Les Allemands et les Français doivent former ensemble le noyau d’une Union européenne, d’une union qui ne se comprend pas uniquement comme un Marché commun, mais comme la communauté de valeurs d’une libre démocratie, comme un Etat de droit et un Etat social.” Ibid., p. 224

Sa vision de l’Europe

Helmut Kohl considère que l’amitié franco-allemande est la clé de voûte de l’intégration communautaire. Participant à des actions symboliques à la frontière franco-allemande alors qu’il est jeune lycéen, il s’engage, trente ans plus tard, en tant que chancelier, dans une politique de coopération étroite avec la France. Ainsi sont nés la Brigade franco-allemande, le Conseil franco-allemand de la défense ou encore des ambassades communes, dessinant une union étroite au sein du cercle plus large de l’Union européenne. Les multiples rencontres entre le chancelier allemand et le Président François Mitterrand ont créé une intimité entre les deux chefs d’Etat, ainsi qu’entre les deux pays.

Chancelier de la réunification allemande en 1990, Helmut Kohl a su ancrer solidement l’Allemagne dans l’Union européenne. Conscient de la méfiance de certains chefs d’Etat européens à l’égard d’une Allemagne réunifiée, il propage l’idée d’une indissociable double identité, allemande et européenne.

Parallèlement, il participe à la préparation de la mise en place de la monnaie unique. Avec un certain succès, il a su populariser l’introduction de l’euro au détriment du deutschmark, qui, pour bon nombre d’Allemands, demeure le symbole de la prospérité et de la stabilité.

Malgré son échec électoral de 1998, Helmut Kohl demeure le symbole d’une volonté puissante d’intégration communautaire. Incarnant une Allemagne irréversiblement ancrée dans l’Union européenne, il reçoit en 1999 le titre de “Citoyen d’honneur de l’Europe” .

Sélection d’ouvrages d’Helmut Kohl

  • Je voulais l’unité de l’Allemagne, propos recueillis par Kai Diekmann et Ralf-Georg Reuth, Editions De Fallois, 1997, 409 p.
  • Lettre commune de Jacques Chirac et Helmut Kohl au président du Conseil de l’Union européenne, Baden-Baden, 6 décembre 1995, in L’Union politique de l’Europe, jalons et textes recueillis par Pierre Gerbet, Françoise de La Serre et Gérard Nafilyan, Paris, La Documentation française, 1998, 498 p.
  • Deutschlands Zukunft in Europa : Reden und Beiträge des Bundeskanzlers [L’avenir de l’Allemagne en Europe : Discours et contributions du Chancelier fédéral], présentation de Heinrich Seewald, Busse Seewald, Herford, 1990.
  • L’Europe est notre destin : discours actuels, présentation et traduction de Joseph Rovan, Editions de Fallois, Paris, 1989, 360 p.

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