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Yvon Le Maho : “Les effets des OGM sur l’environnement sont connus”

Directeur de recherche au CNRS et membre de l’Académie des Sciences, Yvon Le Maho est l’auteur du rapport scientifique commandé par Bruxelles à la France en réponse à Monsanto, producteur du maïs génétiquement modifié MON 810. La Commission européenne souhaite en effet contraindre la France et la Grèce à réintroduire la culture de cet OGM sur leur territoire. Yvon Le Maho nous explique pourquoi on ne peut conclure à l’innocuité de cet OGM.

Comment avez-vous été amené à rédiger le rapport scientifique sur le maïs MON 810 ?

“Contrairement à ce qui a été dit, mon rapport n’est pas celui sur lequel se fonde le moratoire français. Mon rapport fait suite à une demande de Bruxelles au gouvernement français de faire un rapport scientifique en réponse aux critiques de Monsanto”

Ecoutez un extrait (0’19)


Quelles sont les principales conclusions de ce rapport ?

“J’ai relayé les avis des experts du Comité de préfiguration dans ces domaines. Le premier point porte sur l’environnement, et c’est le plus important puisque c’est finalement celui sur lequel est fondé le moratoire. Il a des fondements environnementaux, et non sanitaires. Sur le plan environnemental, l’état des travaux, notamment ceux des collègues de l’Inra (Institut national de recherche agronomique), disent très clairement qu’on ne peut pas conclure actuellement sur une innocuité des OGM sur le plan environnemental. Donc je ne dis pas qu’il y a nocivité, je dis qu’on ne peux conclure à une innocuité car les travaux dans ce domaine ne sont pas à la hauteur de ceux qui ont été réalisés en vue de la fabrication de ces plantes transgéniques” .

Ecoutez un extrait (0’45)

Comment avez-vous réagi au rapport de l’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) qui conclut à l’innocuité de l’OGM MON 810 ?

“L’avis de l’Afssa n’est absolument pas contradictoire avec mon rapport, contrairement à ce qui a été dit, dans la mesure où je faisais ressortir des incertitudes liées aux procédures utilisées, et donc la nécessité de revoir ces procédures, et un des éléments clés notamment c’est de faire un suivi sur une période supérieure à 90 jours. Au niveau européen, on commence d’ailleurs à prendre en compte cette nécessité de revoir les procédures” .

Ecoutez un extrait (0’32)

Quels sont les risques représentés par les OGM pour l’environnement ?

“Ces risques, on les connaît. Il y a des arguments environnementaux liés à la résistance de certains ravageurs aux plantes transgéniques, et cette résistance est déjà connue pour le cotons. Le deuxième problème est la dissémination, puisque contrairement à ce qui était dit au départ, on ne peut empêcher la dissémination, même à longue distance. Le troisième point, étudié par les chercheurs de l’Inra est que, même quand il n’y a pas encore de résistance de la part du ravageur primaire, vous avez une évolution au niveau des ravageurs qui étaient jusque là secondaires et qui deviennent d’importants ravageurs. C’est notamment ce qui se passe pour le coton en Chine, où des punaises posent problème alors qu’elles n’en posaient avant l’introduction des plantes transgéniques. Et donc à ce moment là, il faut utiliser en plus des plantes transgéniques des pesticides, ce qui contrecarre l’objectif tout à fait louable des OGM qui était de réduire l’utilisation des pesticides. Enfin, sur le plan économique, on peut s’interroger sur l’intérêt pour les agriculteurs d’avoir recours aux OGM, surtout s’ils doivent toujours utiliser des pesticides” .

Ecoutez un extrait (1’28)

Propos recueillis par téléphone le 19 février 2009

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