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Vers l’Europe balnéaire ?

Europe-les-Bains - © MichalonEt si l’Europe ne devenait jamais l’économie de connaissance la plus compétitive du monde, ni la puissance stratégique qui ferait contrepoids aux Etats-Unis, à laquelle rêvent certains europhiles ? Si son destin était de se retirer de l’histoire pour devenir “un continent-villégiature dont l’attrait principal résidera dans son patrimoine culturel et naturel” ? Pour Michail Maiatsky, professeur de philosophie à l’université de Lausanne, le processus est déjà en marche. Les discours officiels sur l’avenir de l’Europe “peuvent varier, mais ont en commun de dissimuler ce terrible secret : l’Europe occupe désormais une place périphérique dans la production mondiale” .

Principal facteur de cette mutation, irréversible selon l’auteur : le déclin de la “valeur travail” et l’avènement de la civilisation des loisirs. Au cours des dernières décennies, les Européens ont progressivement abandonné les activités productives aux populations du Sud, pour mieux jouir de leur temps libre et se consacrer à leur épanouissement personnel. Et, demain, les nouveaux riches du monde entier viendront en masse profiter de ses richesses culturelles et goûter à sa douceur de vivre. Mais ce tableau idyllique a aussi sa part d’ombre : les “émeutes” de banlieue, les délocalisations, les manifestations contre le CPE et toute forme de flexibilisation du travail qui ne serait pas souhaitée mais subie, sont autant de signes que cette mutation anthropologique est loin d’être indolore.

Avenir radieux de villégiature

Dans une série de billets où l’ironie le dispute au fatalisme, Michail Maiatsky traque les symptômes du “splendide et mélancolique crépuscule de l’Europe” . Mais, au contraire d’un Philippe Muray, à qui l’avènement de la civilisation des loisirs n’inspire que mépris et fulminations apocalyptiques, l’auteur adopte face au phénomène qu’il décrit une attitude toute stoïcienne. Il invite les dirigeants européens à accompagner au mieux cette mutation qui pourrait s’avérer profitable : “le fait d’accepter l’imminence de son avenir radieux de villégiature n’accordera pas pour autant à l’Europe le droit de se reposer sur ses lauriers ou sur le sable de ses plages. Bien, au contraire, elle devra affronter une rude compétition dans ce secteur d’activité qu’elle refuse, dans son arrogance historique, de reconnaître comme son seul avenir” .

La couverture de l’ouvrage, une variation sur l’enlèvement d’Europe inspirée des fresques taurines de Cnossos, invite le lecteur à prendre la mesure des nouveaux défis qu’assigne Michail Maiatsky au vieux rêve européen : sur le dessin, le fier guerrier crétois domptant la bête a cédé la place à une baigneuse se jetant dans la mer, figurée par les flancs azuréens d’un taureau. Bonnes vacances !

Michail Maiatsky, Europe-les-Bains, Michalon, 2007

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