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Valérie Gomez-Bassac : pour des consultations “transpartisanes et transnationales”

Députée française LREM, Valérie Gomez-Bassac est l’auteure d’un rapport d’information sur “les conventions démocratiques de refondation de l’Europe”. Elle est également membre du conseil d’orientation des Consultations citoyennes sur l’Europe. Pour elle, ces consultations doivent être l’occasion de mobiliser l’ensemble des citoyens en France et dans toute l’Union européenne.

Valérie Gomez Bassac - Crédits : Loris Gaudin, CC BY-SA 4.0
Valérie Gomez Bassac - Crédits : Loris Gaudin, CC BY-SA 4.0

Pourquoi organiser des Consultations citoyennes sur l’Europe en France ?

Ces consultations étaient dans le programme électoral d’Emmanuel Macron. Mais elles ne sont pas seulement françaises : elles sont portées par tous les Etats membres. Nous avons très récemment eu l’accord de la Hongrie qui était le dernier pays, en dehors du Royaume-Uni, à ne pas l’avoir encore donné.

Au niveau national, l’intérêt est de replacer le citoyen au cœur de l’Europe, d’être à son écoute. Pouvoir lui demander ce qu’il attend de l’Europe, ce qu’il lui reproche, ce qu’elle lui apporte au quotidien… et essayer d’avoir cette même approche dans l’ensemble des Etats membres. Il faut que la démarche soit transnationale et transpartisane.

L’intérêt des Consultations citoyennes est également d’essayer de parler d’Europe autrement. Nous en entendons souvent parler en termes de crises, de Brexit… avec les Consultations, l’objectif est d’en donner une vision positive et optimiste, et de montrer l’intérêt pour chacun de se réimpliquer dans le projet, de se réapproprier l’Europe.

Vous avez auditionné pour votre rapport de nombreuses personnes de la société civile : quelles sont leurs attentes ?

Nous avons fait environ 300 auditions : des think tanks, des syndicats de professionnels et d’étudiants, des élus, des représentants des collectivités, des associations, des fondations. Celles-ci ont été en majorité menées en France mais aussi dans différents Etats membres : à Berlin, à Dublin, à Rome, à Tallinn… chaque fois avec des catégories de personnes bien différentes.

Ces différentes auditions montrent que même s’il y a des critiques à l’égard de l’Union européenne, personne n’a envie d’en sortir. Tout le monde porte un regard un peu négatif sur les institutions européennes, qui sont mal comprises, mal présentées et mal connues. Nous avons également constaté une forte attente vis-à-vis de l’Union. Les citoyens souhaitent faire partie de ce renouveau européen et s’impliquer dans cette démarche. Y compris dans certains pays où les gouvernements peuvent émettre des doutes, comme en Hongrie.

Qu’attendez-vous de ces consultations ?

Nous n’avons chiffré ni la participation ni nos attentes. A la suite de mon rapport, la ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau a créé deux comités : un conseil d’orientation et un comité de surveillance, qui feront certainement des projections. Mais le taux de participation aux élections européennes sera une bonne évaluation de l’intérêt des citoyens.

Nous souhaitons que chacun puisse s’approprier ces consultations citoyennes. Qu’une association, un particulier, un chef d’entreprise, un syndicat professionnel… puisse en organiser sur son territoire, dans son entreprise ou dans une université. Nous allons faciliter cette organisation grâce à la mise à disposition d’une charte et de différents outils [disponibles sur le site quelleestvotreeurope.eu, ndlr].

Concrètement, comment se dérouleront les débats ?

Je vais justement organiser une consultation citoyenne le 20 avril sur la politique et l’emploi, dans un pôle emploi de Brignoles, dans le Var. Plusieurs formats sont possibles, mais il est important que ce soit un échange, avec un débat et non une conférence.

Concrètement, pour la consultation que j’organise il y aura des tables rondes avec des usagers, des professionnels de l’emploi, des associations. Je réunis donc toutes les personnes qui sont concernées par l’emploi sous toutes ses formes. J’établis également un questionnaire en ligne, avec des questions générales sur les attentes de chacun sur l’Europe, et des questions plus spécifiques sur l’emploi. Cela sera d’autant plus intéressant que Brignoles utilise un certain nombre de fonds européens.

Je dois ensuite faire une restitution, consultable dans un premier temps sur le site de Toute l’Europe. Des consultations numériques, organisées par la Commission européenne, devraient également être mises en ligne le 9 mai.

Redoutez-vous un accaparement du débat par les “europhiles” et les “eurosceptiques” ?

C’est effectivement une réelle crainte, que nous avons évoquée dans le rapport. S’il s’agit de reproduire ce qui existe déjà, mieux vaut ne rien faire. Si nous voulons toucher un autre public que les sceptiques ou les convaincus, cette population silencieuse, alors il faut aller dans leur quotidien. Si nous allons vers les citoyens, ils répondront. Mais c’est à nous de faire cette démarche.

Les individus doivent s’approprier ces consultations : si celles-ci concernent des domaines d’activité précis, les personnes se sentiront concernées. Allons donc dans leur quotidien, parlons de leurs passions, de leur activité professionnelle, de leur vie personnelle… elles verront alors ce que l’Europe leur apporte, elles diront ce qu’elles attendent de l’Europe, et elles nous feront éventuellement des remontées.

Comment faire pour s’assurer que les débats se dérouleront bien sur l’ensemble du territoire français ?

Je suis moi-même sur une zone rurale, dans le centre-Var, je suis donc bien placée pour en parler. J’insiste : il faut réussir à créer de la proximité. Je pense que c’est le seul moyen pour sortir de certains cercles dans lesquels nous avons l’habitude de parler d’Europe. Je crois que les dernières élections en France ont montré que le citoyen a encore envie de s’impliquer, de faire des choses, si on lui tend la main.

Comment se dérouleront les restitutions ?

Elles devront avoir lieu avant la fin de l’année, car il ne faut pas qu’il y ait de télescopage avec les élections européennes. L’intérêt des Consultations est qu’elles fassent parler de l’Europe mais qu’après, toutes les autres initiatives, qui existent déjà, soient pérennes.

Nous ne connaissons pas encore l’organe de restitution au niveau européen. On a un peu parlé du CESE, du Parlement européen… cela devrait rapidement se décider. Pour moi, il est important que la restitution se fasse au sein d’une institution européenne pour qu’il y ait une certaine hauteur, une certaine neutralité, et qu’on n’ait pas l’impression d’une initiative uniquement française.

L’essentiel est que les consultations soient transpartisanes, transnationales, et surtout qu’il y ait un engagement de tous les Etats pour la restitution. S’il n’y a pas de restitution, les consultations ne serviront à rien. La restitution fera donc partie du secret de la réussite.

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