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Traité de Lisbonne : qui sont les nonistes en Irlande ?

Lors de la première campagne référendaire en 2008, Libertas a fait irruption sur la scène politique irlandaise. Inconnu du monde politique, mais doté d’un budget conséquent et d’un style de communication axé sur la provocation, Libertas a bouleversé la campagne sur le traité de Lisbonne. Mais à présent, le camp du Non ne peut plus compter sur la présence habile du “mystérieux M. Ganley”.

Les nonistes irlandais : des groupes minoritaires mais très puissants

Traité de Lisbonne

Les Irlandais voteront pour ou contre le traité de Lisbonne le 2 octobre prochain. A l’heure actuelle, quatre Etats membres n’ont pas encore complétement ratifié le traité de Lisbonne.

Voir l’état des ratifications
Depuis le départ de M. Ganley de la scène politique après sa défaite aux élections européennes, le débat européen en Irlande a retrouvé les acteurs d’autrefois. Les forces traditionnelles d’opposition à l’Union européenne ont de nouveau pris part dans les débats européens.

Les principaux opposants sont des groupes souverainistes, le National Platform, Sinn Fein (parti nationaliste d’extrême gauche), Patricia McKenna, ancienne députée européenne des Verts, Joe Higgins, président du Parti socialiste et député européen, puis Cóir, un rassemblement de la droite catholique hostile au droit à l’avortement.

Il n’existe pas de front anti-européen uni car ces groupes sont trop disparates et idéologiquement opposés pour monter une campagne commune. Néanmoins, ils réussissent à avoir un impact qui dépasse largement l’ampleur de leurs effectifs.

Plusieurs commentateurs politiques estiment que la campagne s’apparente à une “guérilla” entre des opposants qui lancent des attaques sur tous les fronts en attisant des craintes infondées sur l’avortement, le salaire minimum (qui ne relève pourtant pas de l’Europe) ou les services publics.

Le Sinn Fein, opposé à chaque traité européen depuis 1973, prône aujourd’hui la stratégie de la renégociation car ses dirigeants sont convaincus qu’ “une autre solution est possible” .

Après d’âpres négociations, l’Irlande a obtenu des garanties sur des points précis notamment la rétention d’un commissaire européen ou encore sur la neutralité, le droit de la famille et l’impôt sur les entreprises.

Mais ces garanties leur paraissent toujours insuffisantes et ils en sous-estiment la valeur juridique. Malgré le grand effort de communication entrepris cet été, le gouvernement a du mal à faire passer le message que ces engagements sont solides. Un site Internet dédié au traité de Lisbonne a été mis en place et une brochure résumant ces accords a été envoyée à chaque foyer.

Plus difficiles à classifier sont les autres opposants au traité qui viennent de courants politiques assez minoritaires. Ancienne députée européenne pour les Verts, Patricia McKenna a perdu son siège, n’ayant pas réussi à se faire élire aux élections européennes ni en 2004, ni en 2009. Elle reste cependant un adversaire redoutable dans les débats télévisés.

Elle a également acquis une très grande notoriété grâce à une action en justice qu’elle a remporté contre l’Etat en 1995 qui concernait le droit de l’Etat à soutenir financièrement un camp du débat dans un référendum.

L’autre grand avocat du non en Irlande est le socialiste Joe Higgins qui vient d’être élu député européen et qui est le seul élu de son parti avec un mandat européen ou national. Son credo est le droit des travailleurs. Selon lui le traité de Lisbonne n’apporte pas de progrès social aux Européens mais renforce la concurrence entre les travailleurs de l’Union.

Enfin, Coir, un groupuscule de droite catholique, que l’on dit lié au front anti-avortement, réuni autour de la devise ‘la vie, la foi, la liberté’, perturbe le débat avec une campagne d’affichage très agressive.

Comment expliquer l’impact de ces groupes sur la campagne ?

Le pouvoir de ces groupes réside dans leur capacité à semer le doute et l’incertitude quant au contenu d’un document aussi complexe que le traité de Lisbonne.

Lors du vote sur le traité de Nice en 2001, le slogan “if you don’t know, vote no” (si vous ne comprenez pas votez non) a eu un très grand impact sur le public qui était confus et assez peu informé des enjeux européens.

L’histoire montre que le débat politique autour d’un référendum est très différent des débats électoraux. Le choix formulé de façon binaire laisse peu de place à la nuance.

Les citoyens sont confrontés à un choix final qui provoque des réactions fortes surtout quand il s’agit des sujets de société ou de souveraineté tels que l’Europe. Des acteurs qui ne recueillent pas le soutien des électeurs arrivent néanmoins à déstabiliser et à vaincre les grands partis politiques.

Les cas de M. Ganley ou de Mme McKenna sont une illustration parfaite de cette tendance. Ténors de la campagne du non en 2008, ils n’ont pas réussi à remporter un siège au Parlement européen.

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