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Sans surprise, Joachim Gauck devient le nouveau président allemand

“Quel beau dimanche!”, s’est exclamé Joachim Gauck, élu 11e président de l’Allemagne ce 18 mars. Largement plébiscité, cet ancien pasteur âgé de 72 ans a obtenu 991 voix parmi les 1240 membres de l’Assemblée fédérale (comprenant les 620 membres du Bundestag, et un nombre équivalent de représentants des 16 Länder allemands). Son unique adversaire Beate Klarsfeld, soutenue par la gauche radicale Die Linke n’a obtenu que 126 voix.

La lourde tâche de redorer le blason du poste de président

Jouissant d’une grande popularité en Allemagne (80 % des Allemands lui font confiance selon un sondage Infratest), Joachim Gauck a toujours ardemment défendu les valeurs que sont la liberté et les droits de l’homme, déclarant lors de son discours d’intronisation que “vous avez élu un président qui ne peut pas penser sans l’idée de liberté” . Très ému, il a également rappelé que cette élection coïncidait, 22 ans après jour pour jour, aux premières et dernières élections libres de RDA, quelques mois avant la réunification allemande du 3 octobre 1990.

Bien que le titre de président en Allemagne soit essentiellement honorifique, il n’en demeure pas moins influent. Représentant l’Allemagne sur le plan national et à l’étranger, Joachim Gauck devra également redorer le blason de ce titre, après la démission de son prédécesseur. Soupçonné de plusieurs affaires de corruption, Christian Wulff, a été contraint d’abandonner ce poste et a démissionné le 17 février 2012.

Un “professeur en démocratie” selon Angela Merkel

Pasteur en Allemagne de l’Est, puis commissaire fédéral pour les archives de la Stasi (police politique d’Allemagne de l’Est) de 1990 à 2000, Joachim Gauck, n’appartient à aucun parti politique. Surnommé le “berger de la liberté” , il est perçu comme une personne très indépendante. Pour l’hebdomadaire Der Spiegel, “contrairement à son prédécesseur [Christian Wulff], Gauck n’a pas l’intention de se soumettre aux conventions du monde politique” , avant d’ajouter qu’ “inévitablement, il va se retrouver en désaccord avec la chancelière” .

Cette dernière, qui a déclaré se réjouir du résultat, se veut plus conciliante et pense qu“ ‘il y aura une bonne collaboration” . Le nouveau président ’ “pourrait bien désapprouver certaines choses, et moi de même, mais nous sommes des adultes” , reconnaît Angela Merkel. Joachim Gauck de son côté a déclaré “[j’ai] offert ma confiance [à la Chancelière], ma sincérité et ma loyauté. Nous nous sommes regardés dans les yeux et je n’y ai pas vu de méfiance” . C’est la première fois que l’Allemagne est dirigée par deux anciennes personnalités de l’ex-RDA.

Homme simple, pragmatique et de conviction, Joachim Gauck n’entend donc pas se laisser dicter sa conduite. Selon l’enquête Infratest publiée samedi, les deux tiers de la population allemande pensent qu’il ne sera pas facile à manier pour les partis politiques. Der Spiegel prédit même que le nouveau président “cherchera des querelles à tout le monde : à la CDU (chrétiens démocrates) lorsqu’elle oublie les citoyens de ce pays. Au FDP (libéraux), lorsqu’il place le marché avant les hommes. Au SPD lorsqu’il tape trop fort sur les banques. Aux Verts lorsqu’ils pêcheront par excès d’évangélisme” .

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