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Roger Jupp : “Les citoyens irlandais ont du mal à comprendre la nécessité d’organiser un 3e référendum sur l’Europe”

Politologue irlandais, Roger Jupp travaille au sein du Lansdowne Market Research. Fin connaisseur de la situation politique irlandaise et du rapport des Irlandais à l’Europe, il analyse la situation en Irlande à quelques jours du référendum sur le traité de Lisbonne.

A quelques jours du référendum, quelle est l’ambiance en Irlande ?

Irlande : semaine décisive pour le traité de Lisbonne

Seul pays de l’Union européenne constitutionnellement obligé de soumettre le traité de Lisbonne à un référendum, l’Irlande organisera une consultation populaire le 12 juin prochain.

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Selon le dernier sondage publié le 8 juin par le Sunday Business Post, même si le “oui” est à nouveau en tête (42 %°, l’écart avec le “non” est très faible (39 %), avec un grand pourcentage d’indécis (19 %). L’ambiance est très tendue. Les dirigeants des trois plus grands partis politiques se réunissent aujourd’hui pour lancer un dernier appel à voter “oui” au référendum. Parallèlement, plusieurs syndicats vont également organiser une conférence et appeler à voter “non” .

Jusqu’au dernier moment les partisans du “non” et du “oui” essaieront de convaincre les indécis car tout reste à jouer.


Les opposants au traité de Lisbonne rejettent une Europe intrusive et menaçant la souveraineté nationale. Quels sont les points concrets qui font réellement débat au sein de l’opinion publique ?

Plusieurs raisons peuvent expliquer le pourcentage important de “non” .

Tout d’abord, c’est notre 3e référendum au sujet de l’Europe. Il y a eu auparavant “Nice 1” et “Nice 2” et maintenant le traité de Lisbonne. Les citoyens irlandais ont donc du mal à comprendre la nécessité d’organiser un référendum sur le même sujet. Même s’il y a des différences entre le traité de Lisbonne et le traité de Nice, ce n’est pas évident parce que les dirigeants politiques ne parlent pas beaucoup de ces différences.

Ecouter un extrait (1’27) :


La deuxième raison du “non” concerne le maintien du pouvoir et l’identité de l’Irlande. Ceci est lié au concept de la majorité qualifiée. Les Irlandais craignent que les grands pays de l’UE, avec le traité de Lisbonne, changent tout. Ils craignent notamment que l’Allemagne soutienne une réforme des taxes sur les entreprises. Les Allemands ont souvent déclaré que ces taxes devaient être augmentées. Cette idée très spécifique d’harmonisation des taxes est donc une crainte réelle car il y a beaucoup d’entreprises américaines qui sont basées en Irlande et leur délocalisation serait catastrophique pour l’Irlande.

Une autre crainte concerne la neutralité de l’Irlande car nous ne sommes pas engagés dans l’armée européenne et le traité de Lisbonne pourrait modifier cette neutralité.

Avec le traité de Lisbonne, il y a également la perte d’un membre permanent de la Commission européenne. Pour nous, ce serait la première fois que nous n’aurions plus de commissaire européen et donc une perte d’influence au plus niveau.

Il y a également des craintes des agriculteurs sur les négociations menées par Peter Mandelson avec l’Organisation mondiale du commerce. Néanmoins, dimanche dernier, la plus grande organisation d’agriculteurs en Irlande a appelé à voter “oui” au traité.

Ecouter un extrait (3’36) :



Le ministre irlandais des Affaires européennes, Dick Roche, a affirmé qu’il n’y aurait pas de deuxième référendum en cas de rejet de Lisbonne. Que se passera-t-il si les Irlandais rejettent le traité ?

Etat des ratifications

A ce jour, 15 Etats membres ont ratifié le traité de Lisbonne, le dernier étant le Luxembourg, le 29 mai 2008. 9 des 12 nouveaux adhérents à l’UE - entrés en 2005 et en 2007 - ont ainsi adopté le nouveau traité.
Parmi les 15 “anciens” pays membres, le Luxembourg, l’Allemagne, le Danemark, le Portugal, l’Autriche, la France ont procédé à cette ratification.

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Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a expliqué qu’il n’y aurait pas de plan B en cas de “non” au référendum.

Selon un parti politique irlandais il faudra renégocier le traité. Cet argument ne tient pas la route car renégocier à 1 contre 26, c’est impossible.

Mais par ailleurs, il faut rappeler qu’au début de la première campagne sur le traité de Nice, on nous avait dit que c’était notre dernière chance et pourtant moins d’un an après, un autre référendum a eu lieu sur le traité.

On peut donc supposer qu’un autre référendum pourrait tout de même avoir lieu même si le “non” passe. C’est une sorte de “chantage” politique.

Propos recueillis le 09 juin 2008

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