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[Revue de presse] Vers un report du Brexit contre l’avis de Theresa May ?

Après que Theresa May a proposé un simulacre de “plan B” pour la sortie du Royaume-Uni de l’UE, une majorité pourrait se dessiner à la Chambre des communes en faveur d’un report du Brexit. De leur côté, craignant de plus en plus le no deal, les Irlandais ont semblé remettre en cause la position inflexible de Bruxelles sur le rétablissement d’une frontière dure en cas de divorce brutal. Des tensions au sein des Vingt-Sept qui pourraient profiter à Londres.

La Chambre des communes pourrait voter en faveur d'un prolongement des négociations - Crédits : Drazen_ / iStock
La Chambre des communes pourrait voter en faveur d’un prolongement des négociations - Crédits : Drazen_ / iStock

La Première ministre britannique a déposé, lundi 21 janvier, son “plan B” pour le Brexit après le rejet massif par Westminster de l’accord de sortie négocié avec Bruxelles. Mais l’alternative proposée par cette dernière ressemble trait pour trait à son “plan A” , écartant de fait toute possibilité de prolonger les négociations au-delà du 29 mars.

Seul engagement pris par May pour améliorer le projet d’accord rejeté : rouvrir des négociations avec Bruxelles sur le backstop irlandais” , rappelle Médiapart. Les concessions qu’elle arracherait devant convaincre les députés réticents de son propre camp et les unionistes nord-irlandais appelés à se prononcer prochainement sur ce “plan B” .

Le gouvernement britannique joue donc contre la montre, misant sur le fait qu’une majorité de la Chambre des communes semble vouloir éviter une brutale sortie sans accord. Mais l’opposition pourrait aussi réussir à la rassembler sur une solution alternative.

Un second référendum ?

L’opposition travailliste a ainsi déposé “un amendement qui contraindrait le gouvernement de Theresa May à laisser aux élus le temps d’examiner plusieurs options sur le Brexit, y compris celle d’un second référendum sur la sortie de l’UE” , rapporte L’Écho (Belgique). Longtemps réticent, son leader Jeremy Corbyn a finalement accepté de laisser la porte ouverte à toutes ces possibilités. Très divisé sur le Brexit, le parti a cependant souligné “que cette proposition ne signifiait pas qu’il soutenait l’hypothèse d’un second référendum” , poursuit le quotidien.

De son côté, le Financial Times, “qui répugne en général aux formes plébiscitaires de la démocratie” , estime dans un long éditorial qu’un second référendum doit être organisé par le gouvernement britannique, rapportent Les Échos. Si le scrutin “peut aussi échouer à clarifier la situation” voire “renforcer le camp des Brexiters” , selon le quotidien britannique, “le peuple doit reprendre la parole” face aux atermoiements de la classe politique britannique.

Un report du Brexit : pour quoi faire ?

Un second amendement déposé par la travailliste Yvette Cooper prévoit qu’en cas de rejet du plan B par les parlementaires à l’issue de discussions pouvant durer jusqu’au 26 février, “une motion serait soumise aux députés pour exiger de Theresa May qu’elle demande aux Européens l’extension des négociations, jusqu’à la fin 2019″ , rapporte de son côté Médiapart. Soutenu par les travaillistes, les libéraux et les indépendantistes écossais, le texte “semble bien parti pour rassembler une majorité” lors de sa mise aux voix prévue le 29 janvier, constate le média en ligne.

Les Européens ne sont pourtant pas très enclins à renégocier l’accord actuellement sur la table, et ce même si les négociations sur le Brexit sont prolongées. Ces derniers ont en effet maintes fois répété qu’ils étaient déjà allés au bout des concessions possibles. “Il ne peut pas y avoir de report pour dire qu’on va rediscuter de ce qui a déjà été discuté et de ce qui a déjà été conclu - c’est-à-dire l’accord de retrait” , a ainsi déclaré la ministre française des Affaires européennes Nathalie Loiseau à l’issue du conseil des ministres du mercredi 23 janvier, citée par Reuters.

Ses propos interviennent au lendemain de la publication d’une interview du négociateur de l’UE pour le Brexit, Michel Barnier, accordée au Monde : “c’est le seul traité de divorce possible” , a-t-il ainsi prévenu.

Michel Barnier catégorique sur le retour d’une frontière dure en cas de no deal

Michel Barnier a également confirmé que des contrôles seraient restaurés à la frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord en cas de no deal, puisque celle-ci deviendrait alors une frontière extérieure de l’UE.

La veille, le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas, avait également confirmé qu’un no deal impliquerait le rétablissement automatique d’une frontière dure entre les deux Irlande, ajoute La Tribune de Genève. Ce que le fameux backstop prévu dans l’actuel accord permettrait d’éviter en maintenant le Royaume-Uni dans une union douanière avec l’UE faute de solution alternative trouvée avant fin 2020.

Mais contre toute attente, Dublin a fermement rétorqué qu’il serait hors de question de rétablir des contrôles : “le gouvernement irlandais ne soutiendra pas le retour d’infrastructures douanières sur cette île” , a ainsi déclaré le Premier ministre irlandais Simon Coveney, cité par Le Monde, rappelant les conséquences catastrophiques d’un no deal sur l’économie irlandaise.

Une position qui remet en question l’unité dont a su faire preuve l’UE jusque-là, pour imposer sa fermeté vis-à-vis du Royaume-Uni. Du “pain bénit” pour Londres, qui peut ainsi rendre l’intransigeance européenne responsable de l’éventuel retour d’une frontière dure, analyse Le Monde. Et qui lui a permis de sauter sur l’occasion, mercredi 23 janvier, en proposant à Dublin des négociations bilatérales sur la question frontalière, rapporte The Irish Times.

Tensions en Irlande, 21 ans après la fin de la guerre civile

L’Irlande du Nord a voté à 56% contre le Brexit ; et l’appartenance des deux parties de l’île à l’UE a consacré l’abolition de la frontière entre les deux Irlande. En effet, “le maintien d’une frontière invisible est […] une question ultra-sensible en République d’Irlande où les postes-frontières militarisés d’avant 1998 rappellent de très mauvais souvenirs” , explique Le Monde.

Les déclarations de Bruxelles interviennent par ailleurs quelques jours après l’explosion d’un véhicule piégé, samedi 19 janvier, à Londonderry. Un acte qui a “ravivé les douloureux souvenirs d’un conflit de trente ans entre unionistes et républicains” , relate Libération, alors que la police “a attribué l’explosion à des membres de la ‘nouvelle IRA’ ” . Et ce vingt et un ans après la signature de l’accord de paix du Vendredi saint (signé en 1998) entre le Royaume-Uni et l’Irlande qui reconnaît l’égalité des droits des catholiques et des protestants en Irlande du Nord, met fin la revendication territoriale de la République d’Irlande sur l’Ulster et par conséquent à la guerre civile entre unionistes et nationalistes.

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