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[Revue de presse] Royaume-Uni : l’économie britannique paie les conséquences du Brexit et du Covid-19

Si le Premier ministre Boris Johnson présente l’avancée rapide de la campagne de vaccination britannique comme une conséquence positive du Brexit, le pays commence néanmoins à pâtir des impacts économiques et commerciaux de sa sortie de l’UE.

Le 3 février dernier, Boris Johnson a tenu sa première conférence de presse depuis la sortie définitive du Royaume-Uni de l’Union européenne
Le 3 février dernier, Boris Johnson a tenu sa première conférence de presse depuis la sortie définitive du Royaume-Uni de l’Union européenne - Crédits : Pippa Fowles / Flickr Number 10 CC BY-NC-ND 2.0

Près de 15 % de la population britannique a déjà reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid-19. Les artisans du Brexit jubilent, au moment où l’Union européenne s’enlise” , entame L’Express. Alors que le Royaume-Uni a franchi le cap des 100 000 morts le 26 janvier dernier, la campagne de vaccination bat son plein outre-Manche. “Avec 500 000 piqûres quotidiennes en moyenne, l’objectif de 15 millions de personnes à la mi-février semble à portée de seringue” , poursuit le magazine hebdomadaire. “A l’heure où le nombre de cas de contaminations et de décès quotidiens commence à décroître, tout un peuple s’accroche au succès de la campagne de vaccination, un projet lancé dans l’opprobre général au printemps dernier” [L’Express].

Un constat qui tranche avec la situation sur le continent. “Au Portugal, devenu l’épicentre mondial de la pandémie, le ‘monsieur vaccin’ du pays a prévenu mercredi 3 février que le pays ‘ne pouvait faire grand chose de plus’, car l’UE n’avait pas assez de doses pour accélérer la cadence de vaccination” , note France 24. “Face à ces situations qui se multiplient, les Européens ne cachent plus leur exaspération face à Bruxelles […]. La Hongrie, la Pologne et même l’Allemagne montent au créneau” [Le Monde]. Cette dernière ne manque d’ailleurs pas d’exprimer son mécontentement, notamment par la voix de son ministre des Finances, Olaf Scholz. “La cible de sa colère : la Commission européenne et sa patronne Ursula von der Leyen” , écrivait le 3 février dernier le quotidien allemand BILD. Un autre journal publié outre-Rhin, le média pro-européen Die Zeit, estimait quant à lui fin janvier que cette situation constituait la “meilleure publicité pro-Brexit […] illustrant [l’idée] que quitter l’UE signifiait quitter une institution sclérosée” . Une idée que Boris Johnson et le gouvernement britannique se sont empressés de reprendre.

Les effets cumulés du Brexit et du Covid-19 sur l’économie britannique

Le succès de la campagne vaccinale britannique pourrait de nouveau rendre Londres attractive. En effet, “les effets cumulés du Brexit et du Covid-19 ont fait partir les habitants de la capitale britannique” , indique Ouest-France. Selon une étude du Centre d’excellence des statistiques économiques (ESCOE), “700 000 des 9 millions d’habitants de la métropole” sont partis “entre l’été 2019 et l’été 2020″ , soit “près de 8 % de la population” [La Dépêche]. Pour Jonathan Portes, co-auteur de l’étude, “le Covid semble la première cause de cette hémorragie” . Cependant, “à la crise sanitaire s’ajoute le Brexit. Impossible de savoir combien sont partis pour cette seule raison […] mais ‘l’impact de la sortie de l’UE sur l’immigration se vérifie depuis quatre ans’. Et il est probable que le cumul Covid plus Brexit ait accéléré certains départs” [Ouest-France].

Autre conséquence, l’effondrement des exportations des ports britanniques vers l’UE. Celles-ci “ont chuté de 68 % en janvier par rapport à la même période l’année précédente, a affirmé l’Association des transporteurs routiers (RHA), qui y voit [là aussi] l’effet conjoint du Brexit et de la pandémie de coronavirus” , écrit Le Figaro. Un constat également observé dans l’ensemble des relations commerciales entretenues par Londres avec les capitales européennes. “Le refus du transporteur allemand DB Schenker de livrer des marchandises outre-Manche […] paraît symptomatique de la désintégration des relations économiques entre le Royaume-Uni et l’Allemagne, qui s’accélère depuis cinq ans” , constatent les deux économistes Dorothea Bohnekamp et Holger Müller dans une tribune publiée par le journal Le Monde. Pour eux, cette tendance n’est pas nouvelle puisque les “exportations allemandes à destination de la Grande-Bretagne” ont déjà reculé de 11 % entre 2015 et 2019.

Ces changements génèrent également des tensions entre Londres et Bruxelles sur le plan financier. Challenges dresse les portraits de Catherine et Mairead McGuinness. La première, “cheffe politique de la City of London Corporation, institution qui chapeaute le célèbre quartier d’affaires” , et la seconde, “commissaire européenne (irlandaise) aux Services financiers, se retrouvent dans des camps opposés” , écrit le magazine. En effet, “Britanniques et Européens négocient en ce moment le cadre (les ‘équivalences’ réglementaires) qui régira les relations post-Brexit dans le domaine des services financiers […] mais pour le moment, les discussions s’enlisent et le ton monte” .

Les oubliés du Brexit

Outre les tensions politiques entre les deux rives de la Manche, ce ralentissement des échanges entre le Royaume-Uni et le continent aggrave la situation de milliers de travailleurs britanniques et tend le dialogue social. “Au mois de janvier, les exportations de viande vers l’UE étaient au quart de leur niveau de l’an dernier selon les producteurs, et les pêcheurs écossais estiment avoir perdu plus d’un million d’euros par jour en 2021″ , indique RFI. Conscient du problème, le gouvernement britannique a créé “une nouvelle task force pour résoudre ‘les problèmes d’exportation’ des pêcheurs écossais après le Brexit” . Celle-ci “se réunira pour la première fois cette semaine” , précise la BBC.

Les pêcheurs ne sont pas les seuls à tirer la sonnette d’alarme. “Le Brexit met la mode britannique en péril. C’est ce qu’affirment plus de 450 figures du secteur dans une lettre ouverte au gouvernement” , indique France Culture. Le monde de la culture pointe également du doigt l’accord commercial signé entre le Royaume-Uni et l’UE en décembre dernier. “Il est temps pour le gouvernement britannique de reconnaitre qu’il n’a pas fait assez pour les industries créatives durant les négociations sur le Brexit” , a dénoncé Colin Greewood, bassiste du groupe britannique Radiohead, dans The Guardian. De l’autre côté de la Manche, on s’émeut également des conséquences du départ des Britanniques. “Le Brexit est un chagrin d’amour” , a notamment déclaré le chanteur Julien Clerc dans le quotidien dijonnais Le Bien Public.

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