“C’est un document de 114 pages, d’autant plus attendu que Boris Johnson y fixe pour la première fois sa vision de la place que devra jouer le Royaume-Uni dans le monde, à l’ère de l’après Brexit” , entament Les Echos. Devant la Chambre des communes, le Premier ministre britannique a présenté mardi 16 mars les grandes lignes de sa “revue intégrée de sécurité, défense, développement et politique étrangère” , un document censé “donner corps à un slogan jusqu’à présent très nébuleux” [Le Monde]. Avec cette présentation, retardée de près d’un an en raison de la pandémie de Covid-19, “le gouvernement britannique offre enfin un visage à cette ‘Global Britain’ que les Brexiters du parti conservateur ont tant souvent vantée” , soulignent Les Echos.
Le document redéfinit la stratégie britannique à l’égard du reste du monde. A l’avenir, “le Royaume-Uni devrait se tourner vers les pays indopacifiques, décrits comme le nouveau ‘moteur de la croissance’ mondiale” , explique la BBC. Ce “basculement” est “aussi conçu comme un rempart contre la Chine” , estime par ailleurs Cécile Ducourtieux dans Le Monde. “Depuis 2020, le gouvernement britannique a enterré l”âge d’or’ avec Pékin promu dix ans plus tôt par l’ex-Premier ministre David Cameron” , rappelle la correspondante à Londres du quotidien. Pour autant, Boris Johnson n’appelle pas à un conflit ouvert avec les Chinois. “Nous devons trouver un équilibre et avoir une relation lucide”, a déclaré le leader conservateur [Le Point].
Cette situation n’est pas sans rappeler certains épisodes de la Guerre froide. “Le rapport conforte la Russie dans le rôle de principal ennemi, le qualifiant même de ‘menace active’ ” , notent Les Echos. De plus, Londres renforce son ambition dans le domaine militaire. Si le Premier ministre avait déjà annoncé au mois de novembre une hausse des dépenses en la matière, “16,5 milliards de livres […] sur quatre ans” [Les Echos], une ligne de dépense interpelle plus que d’autres. “Il est ainsi prévu que le Royaume-Uni porte de 180 à 260, soit une hausse d’environ 45 %, le plafond maximal de son stock d’ogives nucléaires, mettant fin à un désarmement progressif appliqué depuis la chute de l’Union soviétique, il y a trente ans” , s’inquiète L’Humanité.
Le dossier Brexit, loin d’être clos
Ce changement d’orientation stratégique est lié à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, définitivement actée le 1er janvier dernier. “L’argument central de M. Johnson est que la sortie de l’UE rendra le Royaume-Uni plus agile et plus flexible” , analyse la BBC. Mais le Brexit n’est pas encore derrière lui. “Moins de trois mois après le divorce officiel entre l’UE et le Royaume-Uni, le Brexit refait parler de lui” , écrit ainsi Le Journal du dimanche. “Lundi 15 mars, la Commission européenne a envoyé deux lettres à Londres” , relate La Croix.
“L’une de ‘mise en demeure’ pour avoir violé le protocole sur l’Irlande du Nord ; l’autre, une ‘lettre politique’, pour dénoncer la décision unilatérale britannique de reporter de six mois la ‘période de grâce’ sur les contrôles douaniers” , détaille le quotidien. Pour le gouvernement britannique, ces mesures “destinées à minimiser les perturbations, […] sont légales et font partie d’une mise en œuvre progressive et de bonne foi du protocole” [Le JDD].
Cette passe d’armes continue d’alimenter les tensions sur l’île d’Irlande. “Les unionistes, très attachés à la couronne britannique, dénoncent l’instauration de facto d’une frontière entre l’Ulster et le reste du royaume” , poursuit le média. De son côté, la vice-Première ministre nord-irlandaise Michelle O’Neill, membre du Sinn Féin, parti favorable à une réunification irlandaise, “a refusé de recevoir Boris Johnson lors de sa visite à Belfast vendredi dernier” [Le JDD]. Une situation scrutée au-delà des frontières de l’UE, jusqu’à la Maison-Blanche, où Joe Biden semble prendre le problème très au sérieux. “Boris Johnson subit la pression de Washington afin de mettre un terme à son bras de fer avec Bruxelles sur l’Irlande du Nord” , indique le Financial Times.
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