“Bruxelles se retrousse les manches pour relancer l’économie des Etats membres de l’Union européenne” , rapporte Capital. La présentation du plan de relance “massif” , qui devait avoir lieu le 6 mai dernier, a finalement été repoussée au 27 mai. Pas par manque d’idées, bien au contraire. La présidente de la Commission Ursula von der Leyen, qui “a convoqué jeudi une réunion de tous les commissaires européens” en présentiel, “croule sous les propositions des États membres” , révèle en effet Le Figaro. Alors que les pays du sud de l’Europe appellent à la solidarité, les pays du nord comme l’Allemagne s’étaient jusqu’alors montrés réticents à un plan de soutien trop généreux.
Mais la donne pourrait bien changer à Berlin. Réagissant à la controverse soulevée par la décision de Karlsruhe, qui remet en cause la politique de soutien monétaire de la BCE, la chancelière allemande Angela Merkel a présenté mercredi devant le Bundestag sa volonté d’ “agir de manière responsable et avec sagesse pour que l’euro puisse continuer d’exister” , appelant à “en faire plus afin d’accélérer l’intégration [européenne] dans le domaine de la politique économique” , cite L’Opinion.
Changement de cap ?
En défendant ainsi la politique de rachat de dettes de la BCE, “Angela Merkel s’est efforcée de désamorcer une crise qui pourrait menacer les efforts de relance économique de l’Union européenne” , commente L’Opinion, reconnaissant par là-même le caractère essentiel de la relance, monétaire ou budgétaire. Car même si l’appareil économique allemand a “beaucoup moins [souffert] que celui des autres membres de l’Union européenne” [Atlantico], “c’est ce plan de relance qui décidera de la façon dont l’Europe sort bien ou pas bien de cette gigantesque crise”, estime l’ancien commissaire européen Pascal Lamy, cité par Le Figaro.
Les milieux d’affaires allemands “ne condamnent pas la politique d’aide en Europe, au contraire” , explique Atlantico : mardi 12 mai, une tribune des patronats français, allemand et italien “exhort[ait] gouvernements et institutions européennes à apporter une réponse d’une ampleur sans précédent” , rapporte La Croix. “Nous appelons les dirigeants européens à approuver rapidement une proposition audacieuse pour le prochain cadre pluriannuel du budget européen afin de créer un fonds européen de relance de taille adéquate (…) pouvant aller jusqu’à 5 % du PIB par an dans la plupart des pays” , cite le journal. Ainsi, afin de préserver l’euro sans en exclure les pays les plus touchés par la crise, “l’Allemagne doit accepter de renoncer à ce qu’elle est” et à sa tradition d’orthodoxie budgétaire, écrit l’essayiste Coralie Delaume dans les colonnes du Figaro.
Présidence tournante du Conseil de l’UE
La position allemande est d’autant plus scrutée parmi les Vingt-Sept que les points de désaccords autour du plan de relance sont encore nombreux. La Commission européenne souhaite “emprunter plusieurs milliards d’euros sur les marchés à des taux favorables, qu’elle confierait ensuite aux États” , rappelle La Croix. Mais “l’une des difficultés du plan est de définir le volume de ce qui sera emprunté au nom de l’UE” , indique Le JDD, ainsi que la forme de redistribution : “l’Europe du Nord plaide pour des prêts (les bénéficiaires les rembourseraient au budget de l’UE), tandis que les pays les plus touchés par le Covid-19, comme la France, l’Italie ou l’Espagne, réclament des subventions” , détaille La Croix.
Berlin pourrait ainsi faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre, ou faciliter un compromis entre les deux camps : si Angela Merkel n’irait pas jusqu’à accepter des corona bonds, elle pourrait en revanche soutenir “le maintien des mécanismes de soutien, le respect de l’indépendance de la BCE, avec la création de ressources propres qui manquent cruellement à la Commission” [Atlantico].
Ce repositionnement allemand intervient par ailleurs à un moment crucial : le 1er juillet prochain, l’Allemagne s’installera aux commandes du Conseil de l’Union européenne “à un moment où l’Union n’a jamais été aussi fragile et vulnérable” [Atlantico]. Angela Merkel “a tous les moyens économiques et financiers de contribuer au redressement. Elle en a aussi les moyens politiques” , grâce au regain de popularité que lui a assuré sa gestion de la crise sanitaire. “Pendant les six mois de sa présidence, elle peut même s’offrir le luxe d’ouvrir un chantier de réforme des structures politiques” , avance le média. Une possibilité qu’a même évoquée la principale intéressée : “il ne peut pas être dit que changer les traités serait tabou” , a déclaré Mme Merkel face au Bundestag mercredi [L’Opinion].
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