Touteleurope.eu est le site pédagogique de référence sur les questions européennes : Qui sommes-nous ?

[Revue de presse] Brexit : Theresa May demande un nouveau report et tend la main au Labour

A neuf jours du Brexit, le Royaume-Uni se dirige-t-il vers un départ “soft” de l’UE, plutôt qu’un no deal ? Theresa May a annoncé le 2 avril son intention de demander aux Vingt-Sept un nouveau report du Brexit - le plus court possible. La cheffe des conservateurs a également tendu la main au leader du Labour, Jeremy Corbyn, dans l’espoir de trouver rapidement une alternative à l’impasse actuelle. Un pari habile… mais risqué.

La Première ministre Theresa May et le leader du Labour, Jeremy Corbyn - Crédits : UK-parliament / Flickr CC BY-NC 2.0
La Première ministre Theresa May et le leader du Labour, Jeremy Corbyn - Crédits : UK-parliament / Flickr CC BY-NC 2.0

Theresa May sollicite un “court report” supplémentaire

Après le 29 mars, le 12 avril pourrait être remplacé par le 22 mai comme date du Brexit” , écrit Libération. En effet, ces derniers jours, après un troisième rejet de l’accord de retrait passé avec l’Union européenne, l’incapacité des députés britanniques à trouver un consensus sur une alternative a aggravé l’impasse dans laquelle se trouve le Royaume-Uni. La Première ministre Theresa May “veut réclamer un nouveau report du Brexit à l’Union européenne” , annonce donc Franceinfo (avec AFP).

Nous avons besoin d’un nouveau report de l’article 50 [la disposition du traité de Lisbonne qui prévoit la sortie d’un Etat membre de l’UE], qui soit le plus court possible et se termine une fois un accord trouvé” , a-t-elle dit lors d’une courte allocution à Downing Street mardi 2 avril, prononcée au terme d’une réunion exceptionnelle des ministres qui a duré “plus de sept heures” [Le Monde].

L’objectif ? Eviter à tout prix le no deal, dont les conséquences économiques pourraient être néfastes à la fois pour le Royaume-Uni et l’UE : “J’ai toujours dit que nous pourrions transformer en succès une sortie sans accord sur le long terme, mais la meilleure solution est de partir avec un accord” , a ajouté la leader britannique, citée par le Huffington Post.

Les dirigeants européens ont déjà accordé à Londres un report de la date de sortie, initialement prévue le 29 mars et désormais fixée au 12 avril. “Un nouveau délai devra être approuvé à l’unanimité des 27 autres pays membres de l’UE, qui se réunissent à Bruxelles pour un sommet consacré au Brexit le 10 avril” , précise La Croix. Or, sans stratégie crédible de la part des Britanniques, le feu vert des Européens n’est pas assuré. D’où la tentation de Theresa May d’unir ses forces avec celle de l’opposition travailliste, emmenée par Jeremy Corbyn, dans l’espoir de proposer aux Vingt-Sept un nouveau plan de sortie la semaine prochaine.

Jeremy Corbyn saisit la main tendue

Dans la perspective d’un nouveau vote sur le Brexit à la Chambre des communes, Theresa May a ainsi “appelé Jeremy Corbyn à venir s’assoir’ avec elle pour essayer de trouver un plan qui pourra franchir l’étape du parlement” , fait savoir Franceinfo (avec AFP). Un appel entendu par ce dernier, qui a salué cette tentative de “tendre la main” , relate Politico.

Au nom de “l’unité nationale”, la Première ministre va lui “proposer de trouver avec elle une solution commune qui pourrait être présentée au sommet de l’UE du mercredi 10 avril et éviter au Royaume-Uni d’avoir à organiser les élections européennes de la fin mai” , précise Le Monde. La rencontre aurait pour but ultime de “trouver un terrain d’entente sur les changements à apporter à la Déclaration politique sur les relations futures avec l’UE qu’ils pourront soumettre conjointement à la Chambre des communes” , ajoute Politico. “Nous pouvons et devons trouver les compromis qui permettront d’obtenir ce pour quoi le peuple britannique a voté” , a pousuivi la dirigeante, citée par le média en ligne.

Theresa May s’est donnée comme date limite pour un nouveau vote à la Chambre des communes le 22 mai. “Si les discussions avec M. Corbyn échouaient, elle a promis de soumettre au Parlement à la fois l’accord sur le Brexit qu’elle défend et les autres propositions des députés, et de respecter le choix de ces derniers” , note Le Monde.

Un pari à haut risque

Cependant, la volte-face de la Première ministre a provoqué de vives réactions dans son propre camp. Cette tentative de conciliation, qui consiste à privilégier l’intérêt national au détriment de l’intérêt des Tories, a fortement déplu en interne.

En faisant une telle demande à Jeremy Corbyn, Theresa May a “décidé de ne pas céder aux pressions des brexiters durs et a catégoriquement exclu une sortie de l’Union européenne sans accord” , analyse ainsi Libération. Cet “appel au dialogue paraît refléter un assouplissement des positions de Mme May dans le sens d’une plus grande proximité avec l’UE, autrement dit d’un Brexit plus modéré” , confirme Le Monde.

Alors que la Première ministre “excluait jusqu’à présent le maintien du pays dans l’union douanière, a fortiori le respect des normes sociales et environnementales du marché unique” , “le Labour de M. Corbyn revendique à la fois l’un et l’autre” , observe le quotidien. Nous nous assurerons que ces propositions sont sur la table, a d’ailleurs prévenu le travailliste mardi soir.

Certains conservateurs, dont des personnalités qui espèrent un divorce brutal avec l’Union européenne, n’ont donc pas tardé à faire savoir leur mécontentement : “Les gens n’ont pas voté pour un gouvernement de coalition Corbyn-May, ils ont voté pour un gouvernement conservateur” , a ainsi déclaré le député Jacob Rees-Mogg, après une réunion du groupe pro-Brexit qu’il préside [Politico].

Les dirigeants européens lassés du Brexit

Même si aujourd’hui, nous ne savons pas ce que sera le résultat final, soyons patients” , a pour sa part réagi le président du Conseil européen Donald Tusk. Mais du côté européen, la nouvelle approche initiée par Theresa May fait aussi grincer quelques dents…

Exaspéré, le président français Emmanuel Macron semble vouloir en finir : “Notre priorité, ce doit être le bon fonctionnement de l’Union européenne et du marché unique. L’Union européenne ne peut être durablement l’otage de la résolution d’une crise politique au Royaume-Uni” , a-t-il souligné. Et de rappeler que faute de présenter un “plan alternatif crédible d’ici le 10 avril” , Londres “aura de facto choisi de lui-même de sortir sans accord” , relaye Le Parisien.

Inquiet par la situation, le Premier ministre irlandais, en visite à Paris mardi, a lui aussi jugé que “l’UE ne devait pas se laisserdévorerpar un Brexit quidévoredéjà le Royaume-Uni” . Il estime néanmoins que Mme May dispose “encore du temps pour faire des propositions crédibles” et que les dirigeants européens devraient s’y montrer ouverts [La Croix].

LES AUTRES SUJETS DU JOUR

Allemagne

Défense européenne

Economie

Fiscalité

Italie

Mobilité

Quitter la version mobile