“Alors, elles aboutissent à quelque chose ces négociations sur la future relation entre l’Union européenne et le Royaume-Uni ?” , s’impatiente Olivier le Bussy dans les colonnes du quotidien belge La Libre. “Mais pourquoi parle-t-on encore et toujours de ce satané Brexit ?” , titre pour sa part France Info.
Jeudi soir, après un nouvel appel téléphonique entre la présidente de la Commission européenne et le Premier ministre britannique, la déclaration commune sonnait “comme un bulletin météo” , ironise le journaliste du quotidien belge, en raison du caractère prévisible de son contenu. “Des progrès substantiels” ont été faits, mais “des différences importantes notamment sur la pêche” persistent et “les surmonter sera un grand défi” , indique le communiqué [La Libre].
Côté britannique, le ton est plus alarmiste : “il semble désormais probable qu’aucun accord ne soit trouvé, à moins que l’UE change substantiellement de position” , avertit Boris Johnson [Les Echos]. “Beaucoup l’avaient prédit, c’est désormais une certitude : la négociation du Brexit, dans sa toute dernière ligne droite, va se jouer sur la question de la pêche. Alors que des progrès ont été enregistrés sur les autres points de la négociation, la confrontation sur ce sujet très sensible politiquement est à présent la dernière à hypothéquer encore les chances d’un accord” , analysent Gabriel Grésillon et Alexandre Counis dans le quotidien économique. “A vous qui pensiez que le Brexit appartenait au passé. A vous qui espériez ne plus jamais entendre parler de ‘négociations de la dernière chance’ : joyeux Noël” , se désespère France Info.
Côté européen : “plus que jamais, le temps est compté”
La journée d’hier avait pourtant commencé “sur des signaux positifs” . Le négociateur en chef pour l’UE Michel Barnier estimait devant les présidents de groupes politiques du Parlement européen “qu’un accord était possible dès vendredi, tout en ajoutant que ce serait ‘difficile’ ” , rapporte Ouest-France. Pour les négociateurs, “plus que jamais, le temps est compté” alors que “le Parlement européen a fait savoir, jeudi, qu’il refuserait de ratifier un texte qui lui serait soumis après dimanche soir” , indiquent Les Echos.
“Pour entrer en vigueur le 1er janvier 2021, dès la fin de la période de transition post-Brexit, un accord devra avoir été approuvé par le Parlement britannique, les États membres et les députés européens. Or ceux-ci sont très courroucés de n’avoir que quelques jours pour examiner le texte de 700 pages avant de donner leur blanc-seing” , explique L’Opinion. L’assemblée se tient prête “à organiser une session plénière extraordinaire vers la fin du mois de décembre, au cas où un accord serait conclu d’ici dimanche 20 décembre à minuit” , précise le quotidien.
“Ce n’est pas notre date limite, nous sommes prêts à continuer” , estime néanmoins un fonctionnaire britannique qui octroie peu de crédit à la date donnée par le Parlement européen en ironisant : “les ultimatums sont so 2019″ [Politico]. Pour L’Opinion, la démarche est même contre-productive. “Quand bien même les eurodéputés mettraient à exécution leur menace, un accord obtenu après leur date butoir pourrait faire l’objet d’une application temporaire dès le 1er janvier 2021, sous réserve de la seule approbation unanime des Vingt-Sept. Sommé de ratifier ensuite un accord déjà mis en œuvre, le Parlement se retrouverait encore plus marginalisé” , analyse le média. Surtout, la cheffe de l’exécutif européen a promis la veille aux députés européens “qu’elle n’utiliserait pas la procédure pour contourner les députés européens” , rappelle The Independent. Une déclaration bien retenue par les chefs de groupes parlementaires.
Côté britannique : “vous pouvez vraiment tronquer le processus parlementaire si nécessaire”
Côté britannique, la seule date butoir valable reste celle de la fin de la période de transition le 31 décembre. “Les discussions pourraient se poursuivre au-delà de Noël, malgré l’ultimatum du Parlement européen pour qu’un accord soit conclu d’ici dimanche prochain” , a déclaré jeudi le ministre britannique du Cabinet Office, Michael Gove [Irish Times].
Mais si Londres est “toujours prête à continuer les négociations et à ratifier un accord, même tardivement” , indique une source britannique à l’AFP, “un accord doit entrer en vigueur d’ici au 1er janvier et en aucun cas le Royaume-Uni ne continuera les discussions si c’est impossible” [Ouest-France]. Une position partagée par Michael Gove qui devant la commission sur le Brexit de la Chambre des communes a indiqué qu’il y aurait encore “des contacts entre le Royaume-Uni et les nations et les hommes politiques européens, comme on peut s’y attendre. Mais ce que nous ne ferons pas, c’est tenter de négocier un nouvel accord” [Politico].
Néanmoins, en cas de déblocage, “le leader de la Chambre des communes, Jacob Rees-Mogg, a récemment déclaré qu’un accord commercial pourrait être adopté très rapidement par les deux Chambres du Parlement” , fait savoir Sky News. “Vous pouvez vraiment, vraiment tronquer le processus parlementaire si nécessaire et s’il y a une volonté de le faire” , a-t-il assuré. D’après ses calculs, les députés britanniques seraient prêts “à approuver l’accord en 24 heures chrono, plus 24 autres pour les Lords. Quitte à les rappeler de leurs congés lundi [21 décembre] à 9 heures, si un accord était trouvé dans le week-end” , écrivent Les Echos. Alors que les parlementaires sont de retour dans leurs circonscriptions, de nombreux députés se préparent à cette éventualité et pensent effectivement “qu’ils reviendront au début de la semaine prochaine pour examiner et signer l’accord commercial qui a fait l’objet de négociations pendant tant de mois” , précise la journaliste politique Laura Kuenssberg sur la BBC.
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