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[Revue de presse] Brexit : Londres perd sa place de leader européen sur les marchés financiers

L’économie britannique, qui faisait déjà les frais des retombées du Brexit et du Covid-19, a reçu un nouveau signal négatif avec la perte pour Londres de sa couronne de première place boursière européenne. Mais en dehors des sphères financières de la City, les Britanniques semblent plus inquiets de la situation en Irlande du Nord que du sort des tradeurs.

Victime des conséquences du Brexit, la City de Londres n'est désormais plus la première place financière d'Europe
Victime des conséquences du Brexit, la City de Londres n’est désormais plus la première place financière d’Europe - Crédits : johnkellerman / iStock

Le journal de la City, le Financial Times, qui en fait sa Une, a du mal à s’en remettre [et] on le comprend” , indique Nicolas Barré sur Europe 1. “Londres n’est plus la première place boursière européenne. La City, cœur historique de la finance européenne, s’est fait détrôner par Amsterdam” . “En moyenne, 9,2 milliards d’euros d’actions ont été échangés par jour [au mois de janvier] sur la Bourse d’Amsterdam et sur les plateformes de négociation des différents opérateurs alternatifs néerlandais” , précisent Les Echos. Dans le même temps, à Londres, les échanges “sont passés de 14,6 milliards d’euros à 8,6 milliards” entre le dernier mois de l’année 2020 et le premier de l’année 2021, poursuit le journal.

La chute était anticipée, mais laisse un goût amer aux tradeurs. “Depuis que le Royaume-Uni a voté pour quitter l’UE en 2016, la City de Londres savait qu’elle devrait se battre pour conserver la couronne de premier centre financier européen. […] Aujourd’hui, moins de six semaines après le départ effectif de la Grande-Bretagne, la ville néerlandaise lui a volé cette couronne” , écrit, nostalgique, le bureau éditorial du Financial Times. Si l’écart entre les deux places boursières “n’est pas si grand” , ce changement sur le podium est “hautement symbolique” . “Amsterdam a brisé tout espoir que la perte des activités clés des services financiers de Londres puisse être progressive” , poursuit le quotidien britannique. De son côté, Europe 1 enfonce le clou : “La dégringolade est sévère, rapide, spectaculaire” . “En janvier, près de la moitié des volumes de transactions sur les actions européennes ont été transférés de Londres vers des Bourses d’Europe continentale, comme Amsterdam, où les volumes ont été multipliés par quatre, mais aussi Paris et Francfort” , détaille l’éditorialiste économique de la radio.

Pourquoi un tel décrochage ? “En matière financière, le Brexit s’est traduit par un ‘no deal’. […] Cela veut dire que l’Europe n’a accordé aucune équivalence aux services financiers opérant à Londres pour qu’ils puissent exercer leurs activités sur le continent” , explique Nicolas Barré. “Le succès d’Amsterdam rappelle brutalement l’échec du gouvernement de Johnson à faire en sorte que les services financiers, un joyau de l’économie britannique, fassent partie intégrante des négociations de Brexit et de l’accord qui s’en est suivi” , déplore le Financial Times. “La finance a beau peser deux fois plus que la pêche dans l’économie britannique, Londres a renvoyé le sujet à plus tard : Boris Johnson a préféré se battre pour les pêcheurs plutôt que pour les tradeurs...” , confirme le directeur délégué de la rédaction des Echos à l’antenne d’Europe 1.

Cette annonce s’inscrit dans un contexte économique difficile pour Londres. Si “le Brexit va pénaliser la croissance économique de l’Union européenne d’environ 0,5 point de PIB d’ici fin 2022, […] il se traduira par un impact plus de quatre fois supérieur pour le Royaume-Uni” , a estimé la Commission européenne jeudi 11 février [La Tribune]. Selon ses calculs, le départ des Britanniques “devrait générer une perte de production d’environ 0,5 point de PIB d’ici la fin de 2022, et d’environ 2,25 points pour le Royaume-Uni” , détaille le quotidien économique.

Tensions autour du protocole nord-irlandais

Mais en dehors de la City et des cercles économiques, “peu de Britanniques ont prêté attention à l’information” , relève le JDD. “Outre le Covid-19, tous leurs regards sont tournés vers l’Irlande du Nord, où les images de rayons vides de supermarchés préoccupent les autorités” . En cause : “les contrôles douaniers post-Brexit sur les produits agroalimentaires [qui] ont bloqué les importations de denrées depuis l’Union européenne pour l’Irlande du Nord” , explique le journaliste Gaël Vaillant. Ces contrôles sont effectués en vertu du protocole sur l’Irlande du Nord, issu de l’accord de retrait conclu en octobre 2019, et “conçu pour maintenir une frontière ouverte sur l’île d’Irlande après le Brexit” , rappelle la BBC. Celui-ci précise que “les deux parties ont convenu que l’Irlande du Nord resterait dans le marché unique des biens, contrairement au reste du Royaume-Uni” . Pour veiller au respect de cette disposition, “des contrôles ont dû être introduits pour certaines marchandises voyageant entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord” , explique la chaine de télévision britannique.

Pour certains acteurs économiques, ces difficultés résultent “d’un manque d’anticipation et d’une mise en place tardive du protocole” , explique la correspondante du Monde à Londres. “Nous n’avons reçu les spécifications pour les déclarations en douane des colis que le 31 décembre 2020, les entreprises n’ont pas eu le temps de se préparer” , expliquait lors d’une audition parlementaire, Sarah Hards, de la société de transport nord-irlandaise AM Nexday [Le Monde]. Et pour Les Echos, “la situation risque de s’aggraver encore à la fin de la période de grâce le 1er avril, quand la totalité des contrôles entreront en vigueur” .

Les évènements ont conduit en début de semaine le gouvernement britannique à demander à Bruxelles la possibilité de prolonger cette période jusqu’en 2023. Une demande rejetée par Maroš Šefčovič, le commissaire européen chargé du suivi de l’accord commercial avec le Royaume-Uni, qui estime que “le protocole irlandais […] permet les flexibilités nécessaires” [Les Echos]. La tension est montée, par courriers interposés, entre le numéro deux du gouvernement britannique Michael Gove et le commissaire slovaque. Avant d’atteindre son paroxysme jeudi, lorsque ces derniers se sont rencontrés à Londres. Après une discussion “franche mais constructive” selon leur déclaration commune, les deux hommes ont fini par accepter de “réunir le comité conjoint, qui supervise la mise en œuvre de l’accord de retrait, au plus tard le 24 février afin de fournir ‘l’orientation politique nécessaire’ ” , relate The Guardian.

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