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[Revue de presse] Brexit : Boris Johnson propose un accord de la dernière chance

Le Premier ministre britannique a annoncé mardi 1er octobre avoir transmis à Bruxelles une nouvelle proposition d’accord de sortie. Censée proposer une alternative au “backstop” nord-irlandais, elle doit permettre au pays de quitter l’Union dans 30 jours en évitant un “no deal”. Mais plusieurs Etats membres ne sont pas convaincus.

La “Peace line” séparait pendant le conflit nord-irlandais (1968-1998) les quartiers protestants loyalistes des quartiers catholiques nationalistes, au cœur de Belfast. Crédits : Nico Kaiser / Flickr CC BY 2.0

Compromis juste et raisonnable” pour Downing Street [La Croix avec l’AFP], “mauvais départ” pour la République d’Irlande [Courrier International] : à peine dévoilée, la nouvelle offre d’accord de Boris Johnson à l’Union européenne est mal engagée.

C’est dans le quotidien britannique The Telegraph qu’ont été présentées les grandes lignes de l’accord proposé par le gouvernement du Royaume-Uni, le journal ayant eu accès à la proposition écrite de Boris Johnson. Alors que l’Union européenne réclamait depuis longtemps des solutions alternatives crédibles au backstop, la solution négociée - et rejetée par Londres - censée empêcher un retour d’une frontière sur l’île d’Irlande, Boris Johnson a transmis mardi 1er octobre aux dirigeants européens un nouveau plan de sortie [Les Echos]. “Le chef de gouvernement doit détailler ses propositions formelles mercredi [2 octobre] dans son discours de clôture du congrès du Parti conservateur à Manchester” , précise Libération avec l’AFP.

La proposition britannique vise à établir un système transitoire, baptisé “deux frontières pour quatre ans” [Les Echos]. Si elle prévoit de “dissocier l’Irlande du Nord” du reste du royaume en la maintenant en partie dans le marché commun jusqu’en 2025, la province “quittera l’union douanière avec le reste du Royaume-Uni” , explique RFI. Une décision qui forcerait le retour de contrôles douaniers à la frontière.

Un retour des contrôles en Irlande

Cette alternative au backstop actuel, qui prévoit quant à lui “de maintenir le Royaume-Uni tout entier dans une union douanière avec l’UE, ainsi qu’un alignement règlementaire sur l’UE plus poussé pour l’Irlande du Nord” [La Croix], suscite des inquiétudes en Irlande.

Avant sa publication dans la presse, elle avait déjà fait l’objet de spéculations, sur l’instauration de “postes frontaliers à quelques kilomètres de part et d’autre de la frontière (…) dématérialisée” , selon RFI. Le gouvernement britannique avait rapidement démenti cette rumeur dans la journée de mardi. Selon The Telegraph, Boris Johnson pense “que ces contrôles peuvent être absolument mineurs, non-intrusifs, et n’impliqueront pas de nouvelles infrastructures” .

Dès 2021, “une frontière réglementaire entre le Royaume-Uni et l’Irlande du Nord en mer d’Irlande pour quatre ans” serait par ailleurs mise en place, rapporte The Telegraph.

Les Irlandais sceptiques

La proposition préoccupe les Irlandais : “la radio publique irlandaise RTÉ [la] qualifie ‘d’extrêmement controversée’ ” , souligne Courrier International.

Au sein même du gouvernement irlandais, le Premier ministre Leo Varadkar “a prévenu qu”aucun gouvernement britannique ne devrait chercher à imposer des centres douaniers’ entre les deux Irlandes ‘contre la volonté’ de leurs peuples” [Le Monde avec l’AFP]. Un message relayé par son ministre des Affaires étrangères, Simon Coveney : “Si les articles que nous lisons (mardi) soir disent vrai, il ne semble pas y avoir les bases pour un accord, c’est une certitude” .

L’opposition n’est pas en reste : le Sinn Fein, parti républicain des deux Irlandes, voit en cette proposition “un sabotage du processus de paix” , explique Capital. Tandis que “pour le chef du Parti travailliste irlandais [Brendan Howlin], ‘peu importe où vous placez ces postes de contrôle, ça revient à rebâtir une frontière en dur’ ” , rapporte RFI.

Ailleurs en Europe, le plan de Boris Johnson ne convainc pas non plus : “le président de la commission des Affaires étrangères au Parlement allemand, Norbert Röttgen, a estimé sur Twitter que les projets de Boris Johnson n’étaient ‘pas sérieux et violaient la loi’ ” , poursuit Capital. Pour le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian, “les propositions qui ont été faites jusqu’à présent ne permettent pas de rentrer dans le cadre de l’accord dit du Vendredi saint sur la question irlandaise et de l’intégrité du marché intérieur” . Et font d’une sortie sans accord le scénario “le plus plausible” , cite L’Express avec l’AFP.

A prendre ou à laisser

Et pour cause : “à 29 jours de la date prévue pour le départ du Royaume-Uni de l’UE, le temps presse pour trouver un accord de divorce” , rappelle La Croix.

Ce court délai fait de l’offre un “plan de la dernière chance” , expliquent Les Echos. Elle semble constituer la dernière opportunité pour les Européens d’éviter un no deal. “Si Bruxelles ne noue pas le dialogue sur cette offre, alors ce gouvernement cessera de négocier jusqu’à ce que nous ayons quitté l’UE” , avertit le cabinet du Premier ministre britannique dans un communiqué.

Boris Johnson se dit pourtant confiant. “Je ne vais pas prétendre que ce sera facile (…) mais nous avons fait d’énormes progrès et j’espère que nous y arriverons dans les prochains jours” , déclarait-il mardi soir [La Croix]. Cet accord, “élaboré après soixante-dix heures de discussions avec d’autres États membres de l’UE” [The Guardian], bénéficierait en interne du soutien des unionistes nord-irlandais du DUP. Ces derniers, habituellement opposés à toute différenciation de l’Irlande du Nord du reste du Royaume-Uni, ont obtenu la garantie qu’à l’issue des quatre ans, en 2025, la décision sur le sort de l’Ulster leur reviendrait : “l’Assemblée nord-irlandaise sera libre de choisir de rester alignée sur l’UE ou bien de revenir à la réglementation britannique” [RFI].

C’est aux Vingt-Sept qu’il reste à faire accepter cette proposition. “Londres le sait” et s’attend encore “à de vives réactions européennes” , commente le quotidien belge Le Soir. “Un haut-fonctionnaire de l’Union a déjà décrit les idées telles que présentées par The Telegraph comme légalement impraticables” , ajoute la RTÉ.

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