“Sans surprise” [Les Echos]. Jeudi 9 janvier, l’approbation de l’accord de sortie de l’Union européenne par les députés britanniques n’a pas ému la presse. Après la victoire des conservateurs aux élections anticipées de décembre, cette étape n’était plus qu’une formalité : le projet de loi a été ratifié par la Chambre des communes “à une large majorité de 330 voix contre 231, soit 99 voix d’écart” .
“Le texte sera désormais transmis à la Chambre des Lords lundi” , le 13 janvier, indique The Independent. Avant d’être “promulgué par la reine, ce qui devrait relever de la formalité” , poursuit France 24 avec l’AFP et Reuters. “Restera alors au Parlement européen à ratifier le traité” , le 29 janvier prochain.
L’opposition impuissante
Si la Chambre des Lords, où les conservateurs n’ont pas la majorité, peut se montrer plus réticente à approuver le projet de loi en l’état, “les députés ont le dernier mot en cas de désaccord entre les deux chambres” , expliquent Les Echos. Un porte-parole de Downing Street a ainsi “incité [les Lords] à ne pas entraver le processus” , rapporte The Guardian. Car la victoire de Boris Johnson a été très nette jeudi à la Chambre des communes.
Cette semaine, “aucun amendement n’a été retenu par les députés, ni mardi ni mercredi” , notent Les Echos. Parmi les amendements proposés par l’opposition, certains “devaient contraindre le gouvernement à rester en accord avec l’Union européenne sur des sujets clés comme le droit des travailleurs” , liste La Croix. Mais ces tentatives sont restées vaines.
Un amendement qui cherchait à inscrire dans l’accord de retrait la participation du pays au programme Erasmus+ a également été rejeté, suscitant de vives réactions de l’opposition. “Nous restons ouvert à la participation [au programme], qui fera partie des négociations futures avec l’UE” , a toutefois rassuré le ministre de l’Enseignement supérieur Chris Skidmore [The Guardian].
La proposition d’inscrire le regroupement familial dans le projet de loi a aussi été écartée, le député conservateur David Simmons jugeant “très juste” de renvoyer cette question aux débats sur la “future loi immigration” , ajoute le quotidien.
Plus audacieux encore, les députés du SNP (nationalistes écossais), avaient proposé mardi 7 janvier un amendement cherchant à empêcher le Brexit, “parce que le Parlement écossais n’y a pas donné son consentement” . Sans succès.
Un répit temporaire
Malgré ses multiples échecs, l’opposition n’a pas rompu les rangs : lors du vote final, “aucun député non-conservateur n’a voté en faveur de la loi” , indique The Independent.
Fort de sa nouvelle victoire, Boris Johnson peut tout de même compter sur un “Brexit ordonné pour la fin janvier” [Les Echos]. Mais ce qui pourrait apparaître comme “l’épilogue d’une saga” marque surtout le début d’une nouvelle étape, “plus piégeuse pour le Premier ministre” , anticipe le quotidien.
Car cet accord de sortie ne règle le divorce entre le Royaume-Uni et l’UE que “dans les grandes lignes” , et “vise à garantir un passage en douceur vers une nouvelle relation future qui reste à définir” , explique France 24. Les deux parties disposent pour cela d’une période de transition courant jusqu’au 31 décembre 2020. Et cette fois, pas d’extension envisageable pour Boris Johnson, qui a fait de cette échéance “l’un de ses principaux arguments pour convaincre sa majorité de voter le texte” [France 24].
Or lors de son déplacement à Londres le 9 janvier, “la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a estimé ce délai de 11 mois impossible à tenir” . Selon elle, il faudra “faire des choix, en privilégiant des négociations ciblées” , rapportent Les Echos. “Nous ne pouvons tout simplement pas nous mettre d’accord sur chaque point de ce nouveau partenariat en moins d’un an” , a également déclaré le négociateur en chef de l’UE pour le Brexit, Michel Barnier [Ouest-France avec Reuters]. Tout en se voulant rassurant : “Nous sommes prêts à faire de notre mieux et le maximum en onze mois pour parvenir à un accord sur les grands principes” .
Flou britannique
La teneur de ce futur accord demeure toutefois incertaine. Côté britannique, l’idée “au début du Brexit était de ‘reprendre le contrôle’, avec une certaine dose de protectionnisme. Aujourd’hui, les Brexiters parlent plus volontiers de dérégulation, de libre-échange total” , relève France Culture. Le pays veut en effet “continuer à échanger librement des marchandises avec l’Union européenne et avec l’ensemble du monde” , indique Catherine Matthieu, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), interrogée par la radio.
Alors que Londres se prépare aux négociations, le pays fait par ailleurs face à de nouvelles difficultés internes. Si la majorité conservatrice à Westminster ne rencontre que peu d’obstacles, “Nicola Sturgeon, la première ministre d’Ecosse, a mis à exécution sa principale promesse de campagne” en déposant au Parlement écossais un projet de loi réclamant “l’autorisation d’organiser un nouveau référendum sur l’indépendance d’ici fin 2020″ , explique Le Monde. Alors que Londres maintient son refus, “une grande manifestation pro-indépendance est annoncée samedi 11 janvier à Glasgow” .
En Irlande du Nord enfin, l’assemblée locale, “censée avoir son mot à dire dans les dispositions douanières (…) après le Brexit” , doit étudier ce vendredi “un projet d’accord visant à rétablir le gouvernement local” , inexistant depuis trois ans en raison de blocages importants entre les nationalistes et les unionistes censés gouverner en coalition [Le Monde]. Mais “si l’exécutif n’était pas restauré au 13 janvier, le gouvernement de Londres devrait convoquer des élections régionales” .
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