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Redonner du souffle à l'Europe

Essoufflement de la méthode communautaire, perte de vitesse de l’idéal fédéraliste, éloignement des peuples… Adrien Abécassis, jeune fonctionnaire, auteur avec Hubert Védrine du livre “Continuer l’histoire” , établit pour la Fondation Jean Jaurès un diagnostic sévère de l’état de la construction européenne : “Tout se passe comme si l’Union européenne vivait sa crise de la cinquantaine, ayant perdu le sens de son existence et doutant de ses projets, voire de sa raison d’être” .

Pour donner à l’Europe un second souffle, l’accord institutionnel entrevu lors du récent Conseil européen ne suffira pas. Partant du principe que “ce ne sont pas des institutions qui font sens mais des politiques communes” et que “la raison d’être fondamentale de l’Union est de faire mieux ensemble ce qu’on ne sait pas bien faire à l’échelle nationale” , l’auteur se prononce clairement pour une “Europe des projets” .

Il écarte d’emblée deux “fausses bonnes idées” : l’Europe sociale, projet “irréaliste” car il n’existe pas de modèle social européen unique, et l’Europe politique, tout aussi illusoire en l’absence d’un peuple européen structuré autour d’enjeux communs. Il est urgent d’en revenir à une “Europe réaliste, débarrassée de ses chimères et ancrée dans la réalité” . En ce sens, le “champ d’action en émergence rapide qui se trouve à la frontière de l’énergie, de l’environnement, de l’industrie et de la recherche (…) pourrait bien devenir le prochain moteur durable de l’action communautaire” .

Pour défendre son modèle et ses intérêts, l’Europe doit également se donner les moyens d’être une vraie puissance, y compris sur le plan militaire (l’auteur exprime ses doutes sur les vertus du “soft power”). Autre nécessité : délimiter les frontières de l’Union, sous peine de voir celle-ci “devenir une sorte de sous-ONU appelée à se dilater et envers laquelle plus personne ne pourra s’identifier personnellement, politiquement ou culturellement” .

Pour Adrien Abécassis, la priorité n’est donc pas la relance institutionnelle, mais la clarification de son identité et la définition de nouvelles priorités. Dans cette perspective, la France, qui présidera l’Union au second semestre 2008, dispose d’un “réel pouvoir de négociation pour appuyer ses projets” et orienter utilement la construction européenne pour que celle-ci garde sa pertinence dans les cinquante prochaines années.

Lire l’analyse | Présentation vidéo par l’auteur

Adrien Abécassis, “L’Europe : 50 ans passés, quel avenir ?” , Fondation Jean Jaurès, juillet 2007

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