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Président du Conseil européen : une décision à 27 ?

Les tractations sur les postes de haut niveau créés par le traité de Lisbonne continuent dans les coulisses des rencontres européennes. La Présidence suédoise a annoncé qu’un Conseil européen exceptionnel se tiendra le 19 novembre. Entre temps les négociations seront intenses entre chancelleries. Pendant la commémoration des 20 ans de la chute du Mur à Berlin cette semaine, le futur Président et le Haut Représentant étaient dans tous les esprits. Après la phase de spéculation sur les noms des candidats, le débat se focalise désormais sur la procédure de sélection.

Une fiche de poste assez vague

Avec moins de deux semaines avant l’entrée en vigueur du traité au 1er décembre, le temps presse pour les nominations. Le traité de Lisbonne prévoit deux grandes missions pour le Président. Le premier est celle de “chairman” c’est-à-dire de “présider et animer les travaux du Conseil européen” , “assurer la préparation et la continuité des travaux” et “œuvrer pour faciliter la cohésion et le consensus au sein du Conseil européen” . La deuxième grande mission consiste à représenter l’Union à l’extérieur. Le Président du Conseil européen sera élu pour deux ans et demi renouvelables une fois et il n’aura aucun mandat national. Dans un entretien publié dans Le Monde aujourd’hui, Bernard Kouchner, estime que “l’expression des vingt-sept Etats, ce sera le président du Conseil’.

Quel profil recherche-t-on ?

Si les grandes lignes du poste sont esquissées par les traités, ils ne disent rien en revanche sur le profil du personnage qui devrait l’occuper. Les avis divergent au sein du Conseil sur cette question.

Nicolas Sarkozy, en soutenant Tony Blair, défendait le profil d’un personnage fort, connu à l’extérieur, et qui pourrait tenir le rang de l’Europe face à la Chine et aux Etats-Unis. David Miliband, le ministre des Affaires étrangères britannique, a également défendu la candidature de M. Blair. Selon lui M. Blair serait une personnalité forte et connue qui pourrait incarner les valeurs européennes à l’extérieur.

Cependant, cette première conception du profil du poste a été remplacée au fil des mois par les préférences pour des personnalités moins tonitruantes. Le soutien de Tony Blair a la guerre en Irak a laissé des traces au niveau politique et parmi l’opinion publique en Europe. Des profils de “facilitateurs” et de négociateurs de compromis chevronnés semblent retenir actuellement le soutien des dirigeants des 27 Etats.

Le volet de gestion interne des affaires du Conseil a pris le dessus sur les considérations de représentation extérieure et le signal aux peuples européens qu’une personnalité forte et connue aurait donné.

Soucieux de faire avancer l’Union, les pays Benelux ont fait circuler un document de travail qui propose que le futur Président devrait venir d’un pays qui participe aux grands projets européens tels l’Euro ou Schengen et que cette personne aurait un parcours et un engagement européens notables. Le portrait des Benelux semblait exclure la candidature de Tony Blair. Il y a là un air de revanche. Les Benelux ont vu leurs candidats à la Présidence de la Commission européenne, Jean-Luc Deheane en 1995 et Guy Verhofstadt en 2004, écartés par le Royaume Uni car trop fédéralistes à leurs yeux.

Qui sont les prétendants cachés et déclarés ?

Malgré ce profil changeant et surtout exigeant, les candidats ne manquent pas. Presque chaque pays à son favori dans cette course aux postes de haut niveau. C’est une question de prestige et d’influence pour des Etats de placer un de leurs ressortissants dans une position clé. De Tony Blair, à Vaira Vike-Freiberga en passant par les candidats des Benelux, de nombreux noms circulent encore.

Les candidatures de facilitateurs ont le vent en poupe. Il semblerait que le Premier ministre belge Herman Van Rompuy puisse requérir le soutien de la France et l’Allemagne. M. Van Rompuy est peu connu sur la scène européenne mais il a réussi à restaurer la politique en Belgique en réconciliant les Flamands et Wallons.

A la différence de Jean Claude Juncker qui a présenté sa candidature ouvertement dans les colonnes du Monde, M. Van Rompuy est très discret sur son envie ou non d’occuper ce poste. La plupart des candidats n’ont pas déclaré ouvertement leur intérêt. La Présidence suédoise explique cette réticence des candidats par la volonté des prétendants de ne pas donner l’image qu’ils délaissent leur pays. La plupart des noms qui circulent dans la presse sont des chefs d’Etat ou des Premiers ministres en fonction. Il est difficile d’occuper un poste de haut niveau et, en même temps, de donner l’impression de vouloir partir pour d’autres horizons.

A ce stade, on discerne quatre candidats déclarés : Jean Claude Juncker, John Bruton, Vaira Vike-Freiberga et depuis hier le Président estonien, Toomas Ilves.

Transparence des procédures et entretiens à 27

Les pays de l’Est veulent faire entendre leur voix dans cette nomination. Mme Vike-Freiberga a déclaré que la procédure de sélection ressemblait à celles qu’elle avait connues sous le régime communiste.

Face à l’annonce d’un éventuel candidat franco-allemand et afin d’éviter un fait accompli lors de la réunion le 19 novembre, la Pologne a demandé qu’avant tout vote sur le poste il y ait un débat et un processus d’audition des candidats devant le Conseil européen. Il serait un minimum que le Conseil débatte du profil du candidat et de la vision des prétendants avant de faire son choix. Le traité de Lisbonne, conçu dans l’esprit d’approfondir la démocratie européenne, ne devrait pas renforcer ce sentiment public que les décisions se prennent sans eux.

En savoir plus

Présidence du Conseil européen : the “usual suspects”

Dossier sur le traité de Lisbonne

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