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[Podcast] Le Brexit, son histoire et ses questions

Au menu de ce nouvel épisode de notre série audio “Europe Story”, le Brexit et la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, alors que nous sommes à un mois de la fin de la période de transition post-Brexit. Et que le temps presse pour trouver un accord entre Londres et Bruxelles. Avec Marie Guitton (Toute l’Europe) et Antoine Lheureux (Bulle Média).

Dans la nuit du 31 janvier au 1er février 2020, le Royaume-Uni est devenu le premier pays à quitter l’Union européenne, auquel il appartenait depuis 47 ans.

Oui, il avait rejoint l’Europe en 1973… Une histoire compliquée dès le départ, puisqu’après avoir refusé de participer à la construction européenne à ses débuts, dans les années 50, le Royaume-Uni avait voulu rejoindre l’Union quelques années plus tard. Le général de Gaulle s’y était opposé, deux fois, parce qu’il estimait le Royaume-Uni trop proche des Etats-Unis. En 1973, tout semblait oublié. Mais 6 ans seulement après l’entrée du Royaume-Uni dans l’Union européenne, Margaret Thatcher, surnommée la dame de fer, provoquait une nouvelle crise, en réclamant un rabais de la contribution britannique au budget de l’Union européenne.

https://youtube.com/watch?v=rNLVeAQvzn8%3Fstart%3D55

On vient d’entendre Margaret Thatcher, qui avait fini par obtenir son fameux rabais. Mais, ce n’est pas fini. Le Royaume-Uni a ensuite continué à faire entendre sa différence en Europe.

Oui, le pays s’est régulièrement désolidarisé des initiatives pour approfondir la construction européenne, en restant en dehors de l’espace Schengen ou en refusant l’euro par exemple. L’histoire s’est sérieusement grippée en 2016 : lors d’un référendum, 52 % des Britanniques ont voté YES à une sortie de leur pays de l’Union européenne.

Il a fallu alors commencer à écrire la suite de l’histoire… et négocier le divorce, avant d’envisager la relation future entre l’Union européenne et le Royaume-Uni.

Oui, sur la rupture, ça a été compliqué, un premier accord trouvé en 2018 entre Londres et Bruxelles a été retoqué 3 fois par les députés britanniques, déchirés entre les pro et les anti Brexit. Il a ensuite fallu convaincre les Européens de rouvrir les négociations, des élections anticipées ont été organisées outre-manche et la date du Brexit a été repoussée trois fois…

Finalement, un accord de retrait a été trouvé - les Britanniques sont sortis. Aujourd’hui, c’est la fin de l’histoire ?

Ce n’est pas aussi simple. Depuis le 1er février 2020, les Britanniques ne siègent plus dans les institutions de l’Union européenne : ils ne prennent plus part aux décisions qui concernent l’Union. Pour autant, ce n’est pas fini. Une période de transition a été mise en place, au moins jusqu’au 31 décembre 2020. Et en pratique, pendant cette période, rien ne change… ou presque.

C’est surprenant ça. Comment ça se fait ?

Les Européens et les Britanniques ont voulu se laisser quelques mois supplémentaires pour négocier leur nouvelle relation, celle qui les unira à l’avenir. Ils ont donc mis en place cette période de transition au cours de laquelle les citoyens européens, les citoyens britanniques, mais aussi les marchandises, peuvent continuer à circuler librement de part et d’autre de la Manche. Idem pour les aides agricoles ou les bourses Erasmus : les agriculteurs et les étudiants installés au Royaume-Uni continuent de les percevoir - au moins jusqu’à la fin de l’année 2020.

Donc pendant la période de transition, on va négocier la suite de l’histoire. Mais des aspects de la relation future ont déjà été validés, non ?

Oui, et notamment deux points importants, sur lesquels on ne peut plus revenir à présent :

  • Les ressortissants britanniques qui vivaient dans l’Union européenne au moment du Brexit, ainsi que les Européens installés au Royaume-Uni, conserveront leurs droits à l’avenir : le droit de travailler, le droit à la sécurité sociale ou à la retraite par exemple.
  • Sur l’île d’Irlande, la liberté de circuler sera maintenue pour les voyageurs, mais aussi pour les marchandises… au moins jusqu’à 2027. On a garanti que des postes-frontières ne réapparaîtront pas de sitôt entre la République d’Irlande, qui est un pays de l’Union européenne, et l’Irlande du Nord, qui est une région britannique… pour éviter que des violences identitaires ressurgissent, comme pendant la guerre civile des années 70, 80 et 90.

Comment ça va se passer pour le reste ? Le programme Erasmus ? La pêche ou la défense ? Le commerce entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne ?

Eh bien tout dépendra des accords signés en 2020 ! En fait Antoine, après s’être entendus sur les lignes rouges que je viens d’évoquer, on est passé à la phase 2 des négociations.

Après la période de transition, les relations entre Britanniques et Européens pourraient restées très étroites, avec un grand accord de libre-échange en matière commerciale. Mais pour ça, il faudrait que le Royaume-Uni accepte de continuer à appliquer une partie des normes et des standards européens… ce qui pourrait restreindre sa liberté de conclure des accords commerciaux très poussés avec d’autres pays, comme les Etats-Unis.

Sinon, il pourrait y avoir des accords sectoriels entre les Britanniques et les Européens, au cas par cas, pour poursuivre la coopération dans certains domaines uniquement, comme la pêche, la recherche ou la coopération policière.

Bon, affaire à suivre… mais il y a une option 3. Si finalement on ne s’entendait pas du tout ? c’est possible, ça ?

Possible oui, mais personne n’y a vraiment intérêt. A part en Irlande, le commerce serait extrêmement ralenti. La coopération serait rompue dans tous les domaines, du jour au lendemain… Or c’est justement pour éviter cette rupture nette que le Brexit a été repoussé trois fois ces dernières années. Et c’est aussi pour ça que, théoriquement, si les nouvelles négociations patinaient, la période de transition pourrait être prolongée jusqu’à la fin de l’année 2022…

Bon, mais globalement, le Royaume-Uni et l’Union européenne ont-ils des chances de sortir plus forts de ce Brexit ?

C’est impossible à dire. Mais écoutez ce qu’en disait Michel Barnier, le négociateur de l’Union européenne, au moment du Brexit :

https://youtube.com/watch?v=jHOCopLhRY4%3Fstart%3D1031

Voilà… et c’est vrai qu’à ce stade Antoine, on ne sait pas encore ce que l’avenir nous réservera, alors qu’on sait déjà ce qu’on a perdu. L’Union européenne a perdu un pays important, aussi bien sur les plans économiques que diplomatiques ou militaires… Le Royaume-Uni, lui, n’est plus convié à la table des 27 dirigeants européens. Il a entaillé son accès de plein droit à l’immense marché européen : 450 millions de consommateurs. Et en interne, le gouvernement de Londres a ravivé les velléités indépendantistes d’une partie des Ecossais et des Irlandais, qui voulaient rester dans l’Union européenne…

Retrouvez ce podcast sur 20 Minutes et toutes nos plateformes d’écoute.

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