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Pierre Mirel - “Nous ne recommandons pas l’ouverture des négociations d’adhésion avec l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM)”

Pierre Mirel est directeur de la DG Elargissement de la Commission européenne. Dans un entretien accordé à Touteleurope.fr, il présente le document de stratégie annuel sur la politique d’élargissement de l’Union européenne adopté par la Commission européenne le 6 novembre 2007.

Voir la vidéo :

(Durée : 4 minutes 21″)

Extraits de l’entretien

En quoi consiste le rapport annuel sur l’élargissement ?

La Commission européenne a adopté un paquet élargissement. Il s’agit d’un rapport sur les progrès réalisés au cours des 12 derniers mois par tous les pays concernés par la politique d’élargissement, d’une liste des priorités sur les réformes à accomplir par ces pays dans leur marche vers l’Union européenne et d’un document de synthèse qui dresse un chemin pour l’année qui vient.

Quels sont les pays concernés ?

Ce sont les pays candidats parmi lesquels les deux pays en négociations d’adhésion, la Croatie et la Turquie et également l’Ancienne République Yougoslave de Macédoine qui est un pays candidat mais qui n’est pas en négociations d’adhésion. Dans le rapport adopté ce matin, nous ne recommandons pas l’ouverture des négociations d’adhésion avec ce pays parce nous considérons qu’il y a encore des réformes importantes à accomplir avant de pouvoir ouvrir les négociations d’adhésion.

Les autres pays concernés sont l’Albanie, le Monténégro la Serbie, le Kosovo sous administration de l’ONU et la Bosnie-Herzégovine.

Sur les 12 derniers mois il y a eu des progrès réalisés mais ils sont très inégaux selon les pays. Les grands défis dans les mois qui viennent seront d’une part le Kosovo et d’autre part la Bosnie-Herzégovine à la lumière des événements récents puisque le Premier ministre a donné sa démission il y a quelques jours.

Où en sont les négociations avec la Turquie ?

En Turquie, les négociations vont lentement, essentiellement pour deux raisons. D’une part cela tient à la Turquie elle-même, qui a eu une année électorale. Les années électorales sont rarement propices à des grands mouvements de réformes. D’autre part, parce qu’un certain nombre de chapitres de négociations sont gelés du fait que la Turquie n’a pas encore mis en oeuvre le protocole à l’accord d’Ankara, c’est à dire la possibilité pour les navires chypriotes d’aller dans les ports turcs. Ceci a entraîné l’année dernière, sur proposition de la Commission européenne, la décision du Conseil de geler 8 chapitres qui sont liés à cette union douanière avec la Turquie.

Voir la vidéo :

(Durée : 4 minutes 27″)

Dans quels domaines l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM) doit-elle encore progresser ?

Il y a deux domaines dans lesquels l’ARYM doit progresser. D’abord il faut que le climat politique change. Au cours des mois passés, le parlement a eu des difficultés pour travailler et pour mettre en oeuvre l’accord d’Ohrid qui avait mis fin à la guerre civile dans ce pays. Il faut faciliter le dialogue interethnique.

Nous attendons également une réforme du système judiciaire et la décentralisation, c’est à dire une plus grande autonomie laissée aux municipalités et aux gouvernements locaux.

Où en est la coopération entre le Tribunal pénal international (TPI) et la Serbie ?

A la suite du rétablissement de la coopération entre la Serbie et le TPI depuis juin, la Commission européenne va parapher le 7 novembre 2007 l’Accord d’association et de stabilisation entre l’UE et la Serbie. Mais parapher ne signifie pas signer. Pour passer à la signature de cet accord, il y a une condition qui est la pleine coopération avec ce tribunal permettant d’arrêter les fugitifs.

En quoi consisteront les futurs accords sur les visas avec les candidats potentiels des Balkans ?

Au temps de l’ancienne Yougoslavie, les citoyens yougoslaves n’avaient pas besoin d’un visa pour se rendre en France ou dans un autre Etat européen. C’est à la suite de l’éclatement de la Yougoslavie que des visas ont été imposés, ce qui choque profondément les citoyens des Balkans.

L’Union européenne a négocié un accord pour faciliter l’obtention des visas. Le but est de permettre à des groupes ciblés de citoyens (jeunes, chercheurs, étudiants, sportifs, journalistes) d’obtenir plus facilement le visa auprès des consulats des Etats membres. Cet accord entrera en vigueur le 1er janvier 2008. Ensuite, la Commission européenne engagera un dialogue avec chacun de ces pays pour déterminer les conditions qui permettront de passer à une exonération totale de visas à l’avenir.

Quel est le rôle de la société civile dans le rapprochement avec l’UE ?

On constate dans les différents pays le retour d’une rhétorique nationaliste, ce qui ne facilite pas la réconciliation après les guerres des Balkans. L’Union européenne veut favoriser le développement d’ONG sur place pour oeuvrer à cette réconciliation.

Nous souhaitons également engager des accords entre les organisations professionnelles des pays concernés et de l’UE comme les chambres de commerce, les avocats, les syndicats. L’objectif est qu’il y ait une meilleure connaissance réciproque et pour que les organisations professionnelles des Balkans ouvrent les yeux sur une autre réalité, celle de l’Union européenne, ce qu’ils ne peuvent pas faire facilement puisqu’ils ne peuvent pas avoir de visa très facilement.

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