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Pays-Bas : la victoire des libéraux compromet l’intégration européenne

D’après les résultats provisoires des élections néerlandaises du 9 juin, le parti libéral (VVD) de Mark Rutte obtiendrait 31 des 150 sièges de la chambre basse du Parlement, contre 30 pour le parti travailliste (PvdA) de Job Cohen. Le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders passerait de 9 à 24 sièges, et les Chrétiens démocrates (CDA) de 41 à 21 sièges. La future coalition, qui reste à déterminer, pourrait mettre à mal l’intégration européenne.

Un Parlement éclaté

Après 97% des dépouillements (les chiffres officiels ne seront annoncés que le 15 juin), les résultats des élections générales aux Pays-Bas semblent assurer la victoire du parti libéral de Mark Rutte. Le VVD remporte en effet 31 des 150 sièges de la chambre basse (Tweede Kamer) du Parlement, au coude-à-coude avec le parti travailliste (PvdA, 30 sièges).

1.5 million
C’est le nombre de citoyens néerlandais qui ont voté pour le parti du candidat islamophobe Geert Wilders, le PVV.
L’une des plus grandes incertitudes était le score du populiste Geert Wilders : annoncé comme potentiel premier ministre après son succès aux municipales, puis décrédibilisé en raison de sa campagne centrée exclusivement sur l’immigration à l’heure où les Néerlandais s’inquiètent principalement de la crise économique, M. Wilders a réussi à faire progresser son Parti pour la liberté (PVV) de 9 à 24 sièges.
Les principaux partis néerlandais en lice pour les élections du 9 juin :
Christen-Democratisch Appèl (CDA) - Appel démocrate-chrétien (chrétien-conservateur) - 41 sièges - parti de l’actuel Premier ministre Jan Peter Balkenende.
Partij van de Arbeid (PvdA) - Parti du travail (social-démocrate) - 32 sièges.
Socialistische Partij (SP) - Parti socialiste - 25 sièges.
Volkspartij voor Vrijheid en Democratie (VVD) - Parti populaire pour la liberté et la démocratie (tendance libéral-conservateur) - 22 sièges - mené par Mark Rutte.
Partij voor de Vrijheid (PVV) - Parti pour la liberté - 9 sièges - mené par Geert Wilders.
GroenLinks (GL) - VertGauche - 7 sièges.
ChristenUnie (CU) - Union chrétienne - 6 sièges
Democraten 66 (D66) - Démocrates ’66 - 3 sièges : parti social-libéral.
Staatkundig Gereformeerde Partij (SGP) - Parti politique calviniste - 2 sièges.
Partij voor de Dieren (PvdD) - parti des animaux - 2 sièges.

Le parti du premier ministre sortant Jan Peter Balkenende, le CDA (chrétiens démocrates), a subi le contrecoup d’une crise économique qu’il n’a pas su gérer, et perd alors 20 sièges. M. Balkenende a ainsi lâché les rênes de son parti et renoncé à son siège de député.

La majorité néerlandaise se composant de 76 députés, la formation de la future coalition reste incertaine. Trois possibilités sont avancées : une coalition à droite (VVD, PVV, CDA), qu’aucun des trois partis n’a exclue d’autant que M. Wilders s’est dit prêt à faire des concessions, une coalition de centre-droit (VVD, CDA, PvdA) relativement instable, et une coalition « violette » de centre-gauche (PvdA, CDA, les 15 ou 16 députés du parti socialiste SP, les 11 verts du GroenLinke et les 10 sociaux-libéraux du D66). Dans les deux premiers cas, Mark Rutte deviendrait alors pour le premier chef de gouvernement libéral des Pays-Bas depuis 1918.

Réponse avant le 1er juillet, date à laquelle ce dernier a promis de former un gouvernement… à moins que, comme en 2006, les négociations durent 3 mois. A l’heure où les Pays-Bas réalisent à leur tour que la crise de la zone euro ne les épargnera pas, une telle perspective n’apparaît guère réjouissante.



Vers une coalition eurosceptique ?

Or l’économie a justement dominé la campagne électorale, avec un penchant eurosceptique assez partagé.

Cinquième économie de la zone euro, les Pays-Bas ont eux aussi outrepassé les limites fixées par le Pacte de stabilité et de croissance européen, avec un déficit public de 6,6% cette année.

Dès lors, le candidat Mark Rutte s’est engagé à prendre de sévères mesures d’austérité en coupant dans les programmes sociaux… mais aussi dans le budget européen : 1 milliard d’euros, c’est la somme que M. Rutte souhaite soustraire de la contribution néerlandaise à l’Union européenne. Le potentiel premier ministre souhaite d’une manière générale freiner l’intégration européenne.

Après quatre années d’un gouvernement plutôt europhile, dirigé par un personnage réputé à Bruxelles, et même pressenti fin 2009 comme premier Président du Conseil européen, une coalition dirigée par le candidat libéral, voire le travailliste Job Cohen, pourrait porter un nouveau coup à la construction européenne.

En savoir plus

Christophe de Voogd : “Aux Pays-Bas, une campagne électorale anti-européenne” - Touteleurope.fr

Geert Wilders : portrait d’un populiste - Touteleurope.fr

Pascal Perrineau : “Freiner l’extrême-droite passe par des politiques sociales, économiques et culturelles” - Touteleurope.fr

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