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Nuage de cendres : vers une réouverture du ciel européen ?

Dame nature reprend parfois ses droits sur l’activité humaine. C’est en tout cas ce que prouve avec force l’éruption du volcan Eyjafjöll, dans le sud de l’Islande, qui paralyse depuis mercredi 14 avril l’intégralité du trafic aérien en Europe. Une interruption de vols qui empêche des milliers de voyageurs de rentrer chez eux ou de se déplacer, et qui devrait coûter cher aux compagnies aériennes et aux aéroports. Une conséquence économique qui a entraîné la réunion exceptionnelle d’un Conseil des ministres européens des transports, par vidéoconférence. Ceux-ci devront se prononcer sur la réouverture de l’espace aérien.

L’Europe paralysée par un nuage de cendres

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C’est, en pourcentage, le nombre de vols qui devraient être annulés en Europe ce lundi 19 avril, selon Eurocontrol. Selon l’organisme européen pour la sécurité aérienne, 8.000 à 9.000 vols seront assurés, sur les 28.000 qui devaient avoir lieu. Dimanche, seuls 5.000 vols avaient pu être effectués, alors que 25.000 liaisons étaient au programme.

200 000 Français bloqués à l’étranger selon les derniers chiffres, des centaines d’aéroports fermés en Europe, un coût estimé à 150 000 euros par jour selon Association internationale du transport aérien (IATA) … la situation dans le ciel européen est sans précédent.

Mercredi 16 avril, le volcan Eyjafjöll situé dans le sud de l’Islande se réveille après des années d’inactivité, générant un nuage de fumée extrêmement dense et composé de nombreuses particules qui, portées par le vent, se dirigent le jour même vers le nord de l’Europe.

Très rapidement, le gouvernement islandais ferme les aéroports. Les Etats membres du nord de l’Union européenne, dont la France, suivent très vite le mouvement. En effet, bien qu’aucun effet de cette éruption ne soit visible à l’oeil nu depuis ces territoires, le nuage de cendres est bien réel en altitude, et rend le transport aérien très dangereux.

Selon les experts, l’éruption est d’une intensité constante depuis le début, même si, du fait de la fonte des glaces sur le volcan, elle est moins ‘explosive’ et entraîne donc une légère diminution du nuage de cendres. Cependant, personne ne peut affirmer pour le moment si le nuage va rapidement se dissiper, ou au contraire continuer à se répandre dans le ciel européen.

Les conséquences pour les usagers des transports aériens sont évidemment catastrophiques. De nombreux étrangers sont coincés en Europe, et de nombreux Européens présents à l’étranger sont incapables de rentrer chez eux. De plus, les usagers se voient dans la plupart des cas refuser le remboursement de leur billet, l’annulation étant due à un cas de force majeur.

A défaut d’utiliser les airs, les voyageurs privilégient donc depuis cinq jours les autres moyens de transport. De nombreuses compagnies ferroviaires ont ainsi prévu des trains supplémentaires, et les agences de voyage en ferries ou de location de voitures sont prises d’assaut. Le Royaume-Uni commence même à déployer les bateaux de la Royal Navy.

Ce lundi, le trafic reprend cependant légèrement, et 30% des vols, soit entre 8.000 et 9.000 sur les plus de 28.000 prévus, devraient être assurés dans la journée en Europe, a estimé l’Organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne (Eurocontrol).

Face à la grogne des compagnies aériennes, l’Union envisage de réouvrir son ciel

Economiquement, cette paralysie du trafic aérien devrait être catastrophique, pire même que les attentats du 11 septembre, qui avaient entraîné une baisse du nombre d’usagers.

La grogne monte donc au sein des compagnies aériennes. Les ministres européens des transports devraient tenter d’y répondre cet après-midi. Réunis via une vidéoconférence, à défaut de pouvoir se déplacer, ils examineront la possibilité de réouvrir, au moins partiellement, les lignes dans la semaine.

De nombreuses compagnies aériennes jugent en effet excessives les fermetures de lignes. Certains ‘géants’ comme les compagnies allemandes Lufthansa et Air Berlin, dénoncent l’absence de calcul de la concentration de cendres dans l’atmosphère et arguent de vols intérieurs effectués durant le week-end sans passagers et sans “dommage” jusqu’à 8.000 mètres.

Mais pour l’Union européenne, c’est la sécurité avant tout.

Pourtant, si certains pays ont repoussé la réouverture générale de leurs aéroports et/ou de leurs espaces aériens, comme l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie ou la Grande-Bretagne, d’autres ont au contraire levé partiellement les restrictions (Finlande, Suède, Roumanie, Slovaquie, République tchèque…).

Les aéroports espagnols et certains aéroports français fonctionnaient dès dimanche après-midi.

Qui va payer ?

L’article 107 du traité de Lisbonne prévoit que “peuvent être considérées comme compatibles avec le marché intérieur(…) les aides destinées à promouvoir la réalisation d’un projet important d’intérêt européen commun ou à remédier à une perturbation grave de l’économie d’un État membre” .

Une fois l’espace aérien réouvert, le problème se posera de savoir comment pourront être dédommagés les acteurs économiques (compagnies aériennes, aéroports …) les plus touchés par les conséquences de l’éruption.

Consciente de l’impact économique d’un tel événement naturel, l’Union européenne s’est dite prête à autoriser les Etats membres à verser des aides exceptionnelles à leurs compagnies aériennes.

Le commissaire à la Concurrence Joaquin Almunia a ainsi déclaré que la Commission européenne “est prête à envisager un dispositif comme celui que nous avons adopté après les attentats de septembre 2001” aux Etats-Unis et qui permet aux compagnies de recevoir des aides dans “des circonstances exceptionnelles” .

Il a cependant précisé que “les Etats membres devront démontrer la nécessité de l’aide” et s’assurer qu’elle ne constituent pas un soutien excessif par rapport aux entreprises concurrentes” . L’octroi de ces aides est prévu à l’article 107 du traité de Lisbonne.

La question du dédommagement des passagers se pose également. Beaucoup de compagnies se réfugient pour l’instant derrière la force majeure pour refuser toute indemnisation, mais le commissaire européen aux Transports, Siim Kallas, a cependant rappelé qu’elles étaient tenues de rembourser, d’une manière ou d’une autre (remboursement du billet, déplacement du voyage, nuit d’hôtel …), les passagers lésés.

Sources

Re-Think of Volcano Measures - Governments Must Base Decisions on Fact Not Theory - 19/04/10 - International Air Transport Association

En savoir plus

Droits des passagers du transport aérien - Touteleurope.fr

Eurocontrol

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