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Malaise identitaire en Europe : comment répondre au défi lancé par le national-populisme ?

La Fondation Robert Schuman publie une note sur la montée du national-populisme en Europe et du malaise identitaire qui lui sert de trépied. Toute l’Europe a interrogé Magali Balent, chef de projets à la Fondation et docteur en relations internationales, l’auteur de cette étude.

Touteleurope.eu : L’identité dans l’imaginaire du national-populisme, qu’est-ce que c’est ?

Magali Balent : Pour le national-populisme, l’identité est conçue comme un héritage qui façonne les peuples et les singularise. Ses fondements sont d’abord ethniques, voire biologiques, et culturels. Cette perception traduit un rejet absolu de l’universalisme issu des Lumières et un refus d’accepter que l’identité puisse être construite et, par conséquent, puisse se nourrir d’apports nouveaux. Dans la conception du national-populisme, l’identité est immuable.

Chaque individu possède plusieurs identités qui s’emboitent les unes dans les autres, locale, régionale, nationale, chacune étant le prolongement de l’autre. C’est ainsi que l’identité européenne est perçue comme prolongeant l’identité des nations qui la composent.


Touteleurope.eu : Le national-populisme est-il totalement réfractaire à la notion d’identité européenne ?

Magali Balent : Le national-populisme n’est pas anti-européen mais hostile à l’Union européenne telle qu’elle se construit depuis le début des années 90. Dans les années 80, face à la “menace” soviétique, le Front national appelait même à transcender les particularismes nationalistes pour construire la patrie européenne !

Par conséquent, le national populisme défend l’existence d’une identité européenne au contenu résolument culturel et ethnique. Cette identité s’appuie sur une vision romantique de l’Europe qu’il ne perçoit pas comme une entité politique mais plutôt comme une communauté de nations unies par une histoire commune et des siècles de lutte contre des ennemis communs.



Créée en 1991, après la chute du mur de Berlin, reconnue d’utilité publique, la Fondation Robert Schuman œuvre en faveur de la construction européenne. Centre de recherche de référence, elle est établie à Paris et à Bruxelles. Elle s’est donnée pour principale mission de garder vivants l’esprit et l’inspiration d’un des “Pères de l’Europe” , Robert Schuman et de promouvoir les valeurs et les idéaux européens à l’intérieur comme hors des frontières de l’Union.


Touteleurope.eu : Quelles sont les pistes pour définir une identité européenne ?

Magali Balent : La définition d’une identité européenne passe par la délimitation de son territoire, la réaffirmation de ses racines (antiques et chrétiennes qui sont visibles à travers son patrimoine et son histoire), et le rappel de ses valeurs qui s’ordonnent autour d’un projet politique commun. Celles-ci sont inscrites dans les traités fondateurs depuis la Déclaration Schuman de 1950 jusqu’au Traité de Lisbonne en 2007. Le respect des droits de l’Homme, l’égalité entre hommes et femmes, le respect de toutes les cultures, les droits sociaux fondamentaux en font notamment partie.

La promotion de l’identité européenne auprès des citoyens de l’Union nécessite de rappeler ce qui fait la substance de l’Europe et sa singularité. Tout processus d’identification procède toujours, mais pas uniquement, d’une distinction entre “eux” et “nous” .


Touteleurope.eu : Doit-on réfléchir à l’identité européenne comme une identité nationale en plus grand ?

Magali Balent : Cette option est séduisante pour une partie de l’opinion publique qui perçoit l’identité européenne comme le fossoyeur des identités nationales, et permet de réconcilier les deux notions que le national-populisme cherche à opposer. Elle est aussi, dans une certaine mesure, en résonance avec le projet européen initial qui prétendait offrir aux nations européennes un surcroît de puissance, et non pas les démanteler.

Pour autant, l’identité européenne ne peut être qu’un simple prolongement des identités nationales. Le projet politique collectif sur lequel elle repose a en effet vocation à transcender les nations, et non pas simplement à les rassembler.


En savoir plus :

lire l’étude de la Fondation Schuman [pdf]

voir le site de la Fondation Schuman

Dominique Reynié : “Les partis extrémistes surinvestissent le web” - Touteleurope.eu

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