La force du partenaire turc
Le 29 octobre 2013, le Premier ministre turc a inauguré une nouvelle ligne ferroviaire qui relit les parties européenne et asiatique d’Istanbul. Marmaray traverse le Bosphore grâce à un tunnel sous-marin.
“Une économie dynamique” , “un partenaire commercial” et “un pays avec une position stratégique” . Dans son dernier rapport annuel sur l’avancement du processus d’adhésion, la Commission européenne résume ainsi le rôle géopolitique de la Turquie, candidate depuis 1999 à l’entrée dans l’Union européenne.
En effet, Ankara enregistre un taux de croissance assez important, alors que ses partenaires européens sont souvent en récession. Le PIB turc a augmenté de 9% en 2010 et 2011, avant de chuter à 2,2% en 2012. Au premier semestre de cette année, la Turquie a enregistré une croissance de 3,7%, contre 0,3% pour la zone euro pendant le deuxième trimestre 2013.
Forte d’une population de 75 millions d’habitants, la Turquie représente un énorme marché et un grand partenaire commercial pour l’Union européenne. Ankara a notamment aboli en 1996 toute taxe d’importation sur les biens en provenance de l’UE.
Enfin, la Turquie joue un rôle primordial dans l’espace géopolitique du Moyen Orient. Elle est active, rapporte la Commission européenne, dans la Corne d’Afrique, en Afrique du nord, en Afghanistan et au Pakistan, ou encore en Syrie. Elle participe également aux missions européennes dans les Balkans occidentaux, notamment en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo.
Les dossiers qui fâchent
Européenne ou asiatique ? Moderne ou arriérée ? Laïque ou religieuse ? Retrouvez notre analyse de la Turquie et de ses relations avec l’UE.
La dernière ouverture d’un chapitre de négociation remonte à plus de trois ans. Depuis, les relations entre l’UE et la Turquie se sont refroidies, tant qu’en juin dernier les Etats membres ont décidé de reporter de quelques mois l’ouverture du 14ème chapitre.
Les événements du Park Gezi ont beaucoup contribué à provoquer cette décision du côté européen. Lors des manifestations antigouvernementales de mai et juin 2013, plus de 8 000 personnes ont été blessées et 6 sont mortes à cause de la répression sévère de la police. Selon le rapport de la Commission européenne, beaucoup reste à faire en Turquie pour que le pays soit aligné aux standards de liberté d’expression et de rassemblement européens.
La répression de l’été 2013 a dévoilé les limites de la protection des droits de l’homme en Turquie, notamment en ce qui concerne les droits de la femme, de l’enfant et des LGBT. Des avancements dans ces dossiers seront indispensables à l’ouverture des autres chapitre de négociations, tels que le numéro 23 (Droits fondamentaux et judiciaires) et le numéro 24 (Justice, liberté et sécurité).
Concernant la politique extérieure, la Commission évoque encore une fois la question de Chypre : en 2012, la Turquie a gelé ses relations avec la présidence tournante, alors qu’elle était présidée par Nicosie. Les questions kurde et arménienne sont également mentionné dans le rapport d’avancement de l’exécutif européen.
Enfin, bien que les négociations soient relancées avec l’ouverture d’un nouveau chapitre de discussion, l’entrée de la Turquie dans l’UE pourrait être victime d’un “gèle de l’élargissement” . L’entrée de nouveaux pays candidats dans l’Union ne sera probablement pas un sujet majeur de la campagne pour les élections européennes de 2014.