“Il n’y aura pas d’ultime rebondissement au trépidant feuilleton du Brexit”, affirme Derek Perrotte pour Les Echos. Mardi 27 avril, les eurodéputés devraient “valider à une très large majorité l’accord de commerce et de coopération adopté fin 2020 par l’UE et le Royaume-Uni”, poursuit le correspondant du journal à Bruxelles. “Le feu vert des eurodéputés […] était devenu urgent”, rappelle Ouest-France. En effet, “l’application provisoire du texte, effective depuis le début de l’année, s’achève vendredi. Et le Royaume-Uni exclut toute prolongation”, complète le quotidien régional.
Les parlementaires se prononceront mardi soir, à la suite “d’un débat en plénière de 5 heures” [BFM Business]. Si l’issue ne fait guère de doutes, il faudra toutefois attendre le lendemain pour une officialisation. “Mercredi matin, quand seront annoncés les résultats du vote, le divorce sera définitivement scellé”, résume Derek Perrotte [Les Echos].
Mais les eurodéputés ne se contenteront pas d’un simple vote pour la forme. “Notre ratification n’aura rien d’un chèque en blanc, ni vis-à-vis de Londres, ni vis-à-vis de la Commission”, prévient ainsi l’eurodéputé LREM Nathalie Loiseau [Les Echos]. Ils comptent également “adopter une résolution dans laquelle ils insistent sur ‘l’erreur historique’ que représente le Brexit”[Ouest-France]. Sans oublier toutefois de “[saluer] fortement” cet accord, qui en “limite les effets négatifs” et “pose les bases d’un futur partenariat solide et constructif” [Les Echos].
Un accord sur fond de tensions avec Bruxelles …
Le Luxembourgeois Christophe Hansen, membre du Parti populaire européen (centre droit) explique à Ouest-France les raisons d’un vote si tardif, à quelques jours seulement de la fin de la période d’application provisoire. Après avoir rappelé que celle-ci avait été prolongée de fin février au 30 avril “parce qu’au Conseil, plusieurs délégations, dont celle de la France, ont exigé que toutes les versions linguistiques soient disponibles avant de voter”, l’élu du Grand-Duché précise que “le Parlement européen voulait prendre le temps nécessaire pour analyser les textes”. L’accord avoisine effectivement les 1 200 pages.
Le journal suisse Le Temps met quant à lui en avant une autre explication. “Si les élus européens ont traîné les pieds jusqu’au bout, c’est pour protester contre l’attitude de Londres sur la question de l’Irlande du Nord”, écrit le quotidien helvète. L’Ulster cristallise en effet les tensions existantes entre Européens et Britanniques. Les premiers accusant les seconds “de ne pas avoir mis en place les contrôles de marchandises promis” en mer d’Irlande [Le Temps]. “L’Irlande du Nord a été secouée, il y a deux semaines, par des émeutes, sur fond d’incertitudes liées au Brexit, faisant craindre de nouvelles tensions entre communautés”, rappelle pour sa part le journal La Croix.
De leur côté, la France ainsi que les Pays-Bas ne se sont pas non plus montrés très enclins à accélérer le processus, estimant que Londres ne jouait pas le jeu sur tous les fronts. “Le Royaume-Uni attend de notre part un certain nombre d’autorisations sur les services financiers. Nous n’en donnerons aucune tant que nous n’aurons pas les garanties que sur la pêche et d’autres sujets, le Royaume-Uni respecte ses engagements”, a fait savoir le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Clément Beaune ce matin sur BFM Business. La veille, la ministre de la mer, Annick Girardin, avait annoncé “aux pêcheurs de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) le déblocage d’une enveloppe de 100 millions d’euros dans le cadre d’un plan d’accompagnement de la filière pêche post-Brexit, tout juste validé par Bruxelles” [France info].
… ainsi que sur la scène nationale britannique
Outre-Manche, l’impact économique de l’accord semble s’avérer encore plus négatif. “Seulement quatre mois après [l’] entrée en vigueur [de l’accord] provisoire le 1er janvier dernier, et malgré le contexte de crise sanitaire, de premiers enseignements peuvent déjà être tirés”, souligne Europe 1. L’économie britannique est en effet lourdement affectée par les dispositions de l’accord qui, selon la radio, alourdissent les charges administratives pesant sur les entreprises implantées au Royaume-Uni. “Tous secteurs confondus, 50 % des exportateurs seraient […] en difficulté depuis janvier et les petites entreprises seraient celles qui en souffrent le plus” [Europe 1].
Les difficultés économiques des entreprises ne sont d’ailleurs pas la seule épine dans le pied avec laquelle le Premier ministre Boris Johnson doit composer sur le dossier du Brexit. Ce dernier a en effet été récemment mis en cause suite à la révélation de ses SMS échangés avec l’industriel James Dyson. Au cours de cette conversation relayée par la BBC, le grand patron demandait en effet à Boris Johnson de “‘régler’ le statut fiscal de ses salariés qui devaient venir au Royaume-Uni pour fabriquer des respirateurs” [Huffington Post]. Voilà qui ne manque pas d’air.
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