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Le difficile chemin de l’adhésion serbe

En visite à Belgrade jeudi 19 mai, le message du président de la Commission européenne José Manuel Barroso était clair : le temps presse. Pour la Serbie qui aspire à obtenir le statut officiel de candidat d’ici quelques mois, “2011 sera une année-clé”. Mais la route est longue, et les obstacles nombreux, à commencer par la question de la coopération du pays avec le Tribunal pour l’ex-Yougoslavie.

C’est le point essentiel soulevé par l’UE : la Serbie doit livrer à la justice deux criminels présumés, Radko Mladic et Goran Hadzic, recherchés respectivement pour génocide et crimes de guerre. Sans une coopération pleine et entière avec le Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie de la Haye, pas de reconnaissance possible du statut de candidat à l’adhésion.

Or le procureur du TPI Serge Brammertz estimait au début du mois que la Serbie ne mettait pas tout en œuvre pour retrouver et livrer les accusés. Peu étonnant quand on sait que 40% des Serbes le considèrent toujours comme un “héros” , d’après un récent sondage du Conseil national de coopération avec le tribunal de La Hague. 78% affirment même qu’ils ne donneraient pas d’informations sur sa localisation, s’ils en avaient la possibilité.

Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie a été créé par l’Organisation des Nations Unies pour juger les personnes présumées responsables des crimes de guerre commis dans les Balkans au cours des conflits des années 1990.

Un constat peu rassurant qui pourrait mettre sous pression le gouvernement de Boris Tadic. Celui-ci a toutefois reçu un soutien inattendu en la personne de Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères luxembourgeois. Il estimait mardi à Belgrade que la Serbie peut devenir candidate même sans l’arrestation de Mladic, accusé d’être responsable du massacre de 8000 musulmans à Srebrenica en 1995.

Même son de cloche côté néerlandais, où son homologue s’est refusé à critiquer ces déclarations. Le ministre des Affaires étrangères s’est contenté d’affirmer que la complète coopération avec la justice internationale était la condition sine qua non pour engager un processus d’adhésion. Cette affaire prend une dimension particulière pour les Pays-Bas puisque le massacre a eu lieu dans la “zone de sécurité” où étaient déployés ses soldats en mission pour l’ONU.

La Serbie s’efforce donc de donner d’autres gages de sa bonne volonté. Mercredi, elle annonçait de nouvelles mesures pour durcir le contrôle des flux de demandeurs d’asile à destination de l’UE, dont des poursuites criminelles contre les passeurs. Le gouvernement souhaite aussi à terme imposer aux candidats à l’asile, la plupart Roms ou originaires d’Albanie, une somme d’argent minimale à posséder pour rejoindre l’UE. En échange, le gouvernement attend de l’Union qu’elle mette fin à la possibilité pour ses ressortissants de demander l’asile politique.

Une autre question risque de peser une fois venue l’heure d’examiner la candidature serbe : le Kosovo, autodéclaré indépendant depuis 2008. Or la Serbie n’a pas reconnu son voisin, et revendique même son territoire. Un dialogue a cependant été entamé en février, sous l’égide de l’Union européenne. Un bon point pour la République de Serbie, même si contrairement à l’arrestation de Mladic et Hadzic, “ce n’est pas une condition à l’intégration européenne de la Serbie” . Il n’en reste pas moins que “l’attitude de la Serbie sur ce dossier sera prise en compte pour lui attribuer le statut de candidat” , a rappelé le président Barroso.

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