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Le cosmopolitisme européen selon Ulrich Beck

Pour un Empire européen - © Flammarion Ulrich Beck, professeur de sociologie à l’Université de Munich, est l’un des penseurs les plus fertiles de son temps. Auteur d’ouvrages majeurs comme “La société du risque” , il s’attache à comprendre les mutations de nos sociétés à l’heure de la mondialisation. Dans son dernier livre, co-écrit avec son condisciple Edgar Grande, il fonde une nouvelle approche de la construction européenne sur un concept qu’il a remis au goût du jour : le cosmopolitisme.

Le cosmopolitisme selon Ulrich Beck est une forme d’unité politique basée sur la reconnaissance et la coexistence des différences (ce qui le distingue de l’universalisme). On conçoit aisément en quoi un tel concept peut s’appliquer à la construction européenne, projet basé sur la réconciliation entre les Etats d’une Europe désormais “unie dans la diversité” . L’auteur préfère parler de “construction” plutôt que d’Union européenne, une manière de mettre l’accent sur le caractère ouvert, historiquement comme géographiquement, et juridiquement multiforme de ce processus.

Un malaise profond

Pour Ulrich Beck et Edgar Grande, l’Europe souffre aujourd’hui de ne pas savoir ce qu’elle est vraiment. Elle est entravée par quatre “mensonges” : le “mensonge national” , qui prône le retour à l’Etat nation et à l’intergouvernementalisme comme réponse à la mondialisation ; le “mensonge néolibéral” , qui pousse l’UE à conduire des politiques économiques non pertinentes et politiquement dangereuses ; le “mensonge technocratique” , qui fait l’impasse sur la légitimation démocratique de l’UE ; le “mensonge eurocentré” , qui isole l’Europe des turpitudes du monde extérieur et néglige le lien transatlantique.

Face au “malaise profond“qui touche actuellement la construction européenne, Ulrich Beck et Edgar Grande envisagent trois scénarios : le “déclin” , qui pourrait venir d’un repli sur l’Etat-nation en réaction aux politiques néolibérales ; la “stagnation” et le renoncement de l’UE à toute ambition politique supplémentaire ; la “cosmopolitisation” , seule à même de relancer véritablement la construction européenne. Ce scénario idéal pour les auteurs repose sur quatre piliers : le renforcement de la société civile européenne, le passage à une démocratie européenne post-nationale, la substitution d’une logique de reconnaissance des différences au principe d’harmonisation, la promotion d’un “cosmopolitisme global” et d’une “communauté de défense transatlantique” .

“Pour un Empire européen” propose à la fois une approche théorique pointue du phénomène historiquement inédit qu’est la construction européenne, et un plan d’action pour les décideurs européens. Cet ouvrage assimile l’Europe à un empire pacifique, qui répand ses bienfaits à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières, une vision finalement assez proche de celle défendue par l’anglais Mark Leonard, auteur en 2006 de “Pourquoi l’Europe dominera le 21e siècle” .

Ulrich Beck & Edgar Grande, Pour un Empire européen, Flammarion, 2007

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