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Le Conseil de l’Europe et la Commission veulent délier les langues européennes

3 langues de travail et 23 langues officielles sont utilisées dans les arcanes de l’Union européenne. Volonté politique louable, l’Union européenne est la seule organisation internationale à adopter une législation s’appliquant directement à tous les citoyens des États membres, en la traduisant dans toutes ses langues. L’Union européenne admet en effet plus de langues officielles que tout autre organisme international mais se heurte souvent aux limites de sa politique linguistique.

Du fait d’énormes difficultés matérielles, la politique linguistique de l’Union européenne est de facto tout autre, un petit nombre de langues étant en pratique “plus égales que d’autres” . Pour pallier cette difficulté, le Conseil de l’Europe en partenariat avec la Commission européenne comptent sur la journée des langues européennes pour dynamiser et rendre plus facile l’accès à ce patrimoine commun linguistique

Une journée européenne des langues pour mettre en relief la diversité linguistique de l’Europe

Cette journée a été créée en 2001 grâce à l’initiative du Conseil de l’Europe, qui a fait du 26 septembre le jour de célébration des 23 langues européennes et des 40 autres régionales. Organisée conjointement par le Conseil de l’Europe et de la Commission européenne, elle implique des millions de personnes dans l’ensemble des 45 Etats participants.

Promouvoir l’apprentissage des langues en Europe demeure sa principale ambition. Il s’agit avant tout de sensibiliser le public à l’importance de l’apprentissage des langues afin de favoriser le plurilinguisme et l’intercompréhension mutuelle. Quand on connaît les enjeux que représente l’utilisation des langues au Parlement européen, avec l’utilisation de plus en plus systématique de l’anglais (et du français dans une moindre mesure), cette journée prend une dimension hautement symbolique. Elle entend effectivement célébrer la riche diversité culturelle et linguistique de l’Europe, qui doit être maintenue et cultivée.

Concrètement, cette journée prend la forme d’une multitude de manifestations dans toute l’Europe. Tout le monde peut y participer, que cela soit tout seul ou dans le cadre d’une association ou d’une école. Mais trois grandes catégories seront plus que d’autres amener participer à cette fête des langues : les écoliers/étudiants, les enseignants de langues et les universités.

Le rôle important du Centre International d’Etudes Pédagogiques

Afin de coordonner les activités organisées au niveau national, le Conseil de l’Europe a invité chaque Etat membre à nommer une personne “relai” nationale. En France, il s’agit de M. Michel Huguet, qui officie au Centre internationale d’études pédagogique.

Il diffuse les informations communiquées par le Conseil de l’Europe et le matériel de promotion. A l’occasion de la journée européenne, le CIEP va lancer le 26 septembre 2010 un nouveau site internet REAL (réseau européen des associations de professeurs de langue). Piloté en coopération avec 8 associations partenaires dans 8 pays différents, il entend défendre la diversité linguistique en Europe et mieux faire entendre les professeurs de langue. Il disposera d’un espace informatif ou le grand public pourra s’informer sur les derniers évènements concernant les langues en lisant des articles rédigées par une équipe éditoriale européenne.

Le site constituera un point de rencontre entre les associations de professeurs et toutes les personnes concernées par la question des langues. Androula Vassilou, commissaire à l’Education, culture, multilinguisme et jeunesse a apporté son soutien à l’élaboration de ce site. ” Il renforcera sans nul doute l’échange de bonnes pratiques, d’informations et de connaissances entre les professionnels des langues à travers l’Europe, tout en répondant aux enjeux cruciaux du monde professionnel” a-t-elle déclarée.

L’enjeu du phénomène linguistique dans les entreprises européennes

La nécessité de souligner l’importance du plurilinguisme dans la sphère entrepreneuriale constitue l’autre aspect notable de la journée européenne des langues. D’après la commissaire “les Européens sont de plus en plus conscients de l’intérêt de la maîtrise d’une langue étrangère. Outre qu’elles constituent un atout concret pour l’épanouissement personnel, les langues sont synonymes d’expansion pour les entreprises car elles recèlent un avantage concurrentiel et ouvrent à des marchés d’exportation” .

Dans la perspective de la stratégie Europe 2020, l’amélioration globale des compétences linguistiques s’avère un enjeu crucial pour l’Europe. On estime en effet que 11% des petites et moyennes entreprises perdent des contrats faute de compétences linguistiques. Ce manque à gagner se chiffre en millions d’euros et menace des emplois. C’est pourquoi la journée européenne des langues va se pencher sur ce problème.

Le 24 septembre, André Vassilou prononcera un discours à l’occasion de la conférence à Bruxelles sur le thème “Des langues pour les PME” . Quelque 150 entrepreneurs, représentants d’organismes professionnels et d’administrations nationales et locales participeront à la manifestation. A cette occasion, l’entreprise Golla expliquera son impressionnante mutation : partie d’un petit atelier, elle s’est transformée en une entreprise internationale vendant ses housses fantaisistes pour téléphones et ordinateurs dans plus de cent pays.

De même, l’intervention de Franz Hubert portera sur l’importance des compétences linguistiques de son équipe qui lui ont a permis d’étendre ses activités en Allemagne et en Chine. Pour l’entreprise lettone Stenders, spécialisée dans les produits de cosmétiques pour le bain et le corps, il s’agira de montrer comment, grâce aux langues, elle réalise 85% de ses bénéfices à l’exportation.

C’est l’étude ELAN (acronyme anglais pour Incidences du manque de compétences linguistiques des entreprises sur l’économie européenne), commandée par la direction générale Education et Culture de la Commission européenne en décembre 2005, qui a mis à jour la perte de compétitivité des entreprises en Europe. Elle avait pour objectif de donner à la Commission et aux décideurs des Etats membres des informations pratiques et des analyses quant à l’utilisation de compétences linguistiques dans les PME et son incidence sur les résultats commerciaux. Parmi les originalités de l’analyse, l’étude démystifie la toute puissance de l’anglais : “le russe est très utilisé en Europe de l’Est (avec l’allemand et le polonais), le français demeure la langue des négociations en Afrique, et il va de même pour l’espagnol en Amérique du Sud” .

Concernant les partenariats commerciaux à long terme, ils dépendent de l’instauration de relations et de la gestion de celles-ci, deux démarches qui exigent une connaissance de la culture et de la langue de “l’autre” pays. L’étude met en exergue également le rapport direct entre langues et bons résultats à l’exportation. Sur l’échantillon qui a servi de base à cette étude, on estime que 11% des PME européennes (945000 entreprises) du secteur de l’exportation subissent sans doute un manque à gagner pour cette raison.

La politique linguistique de l’Union européenne

Elle a largement été mise en place par le Conseil des ministres réunis à Barcelone en 2002. Il avait été décidé d’encourager tous les citoyens à apprendre deux langues étrangères en plus de leur langue maternelle. Ce principe a donné lieu à une politique active de la promotion de l’apprentissage et de l’enseignement des langues, au moyen de divers programmes européens en matière d’éducation et de formation.

Forte du succès de l’Année européenne initiée en 2001, la Commission avait adopté en 2003 un plan d’action pour 2004-2006 intitulé “Promouvoir l’apprentissage et de l’enseignement des langues et la diversité linguistique” . Quant au programme de travail “Education et formation 2010” , il qualifie la capacité à communiquer dans des langues étrangères de compétence essentielle. Il reconnaît effectivement qu’une main d’œuvre qui possède des compétences linguistiques et interculturelles pratiques peut aider les entreprises européennes à être compétitives sur le marché mondial.

D’autres types de manifestations honoreront la journée des langues

Organisées par la Commission et le Conseil de l’Europe, de nombreux évènements illustrent la diversité de la journée européenne des langues.

A titre d’exemple, beaucoup d’enfants dans les écoles primaires organiseront des spectacles multilingues destinés à présenter les différentes langues et les pays d’Europe, notamment à Berlin.

A Londres, la représentation de la Commission encourage les bloggeurs à écrire dans une autre langue.

A Pise, Andrea Ronchi, ministre italien des Affaires européennes et Umberto Ecco se pencheront sur l’apport des langues à l’intégration européenne. D’autres types de manifestations auront lieu comme ce concert de rap multilingue au Danemark, des émissions de radio spéciales en Bulgarie, en Lettonie et en Lituanie, un concours de langues en ligne en République Tchèque, des contes en plusieurs langues en Finlande, ainsi que des salons consacrés aux langues en Slovaquie, Slovénie, et en Suède.

La Maison de l’Europe s’y met aussi

En partenariat avec l’Observatoire du Plurilinguisme, une journée d’activités destinée à favoriser l’accès d’un public de non-spécialistes au plaisir des langues, se tiendra le 30 septembre dans les murs dans la maison de l’Europe. Il est bon de noter que le nombre et la variété des partenaires associés à la réalisation des activités témoigne de l’intérêt collectif pour la question des langues et reflète son importance dans la construction européenne. La journée se partagera entre tables rondes, ateliers d’intercompréhension et ateliers interculturels ludiques.

Rejoignant le sujet transversal de cette journée européenne des langues “Des langues et des PME” une table ronde abordera ce sujet en analysant l’enjeu économique et social de cette thématique. Le cas d’Axa Assistance, entreprise française très présente à l’internationale et de GMS (General Electric medical System), filiale française d’une grande multinationale américaine, seront présentés.

En savoir plus

Le site web de Mme Vassiliou

Le site web consacré au multilinguisme :

Les représentations de la Commission dans les États membres :

Le site officiel de la journée européenne

La page du Conseil de l’Europe indiquant toutes les manifestations dans les 45 Etats membres


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