Un jeu de force entre Parlement et Conseil
En novembre 2009, l’eurodéputée du PPE Cristiana Muscardini plaidait en faveur d’une norme européenne qui indiquerait le pays d’origine sur les étiquettes des produits vendus en Europe.
L’initiative, impulsée depuis longtemps par l’institution élue au suffrage universel, n’avait jusqu’à présent pas réussi à vaincre les réserves du Conseil de l’Union européenne, cible privilégiée des groupes d’intérêt protégeant les multinationales.
Le renforcement des pouvoirs du Parlement, conséquence de l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, change la donne, Parlement et Conseil jouant désormais leur rôle de décideurs européens sur un pied d’égalité.
Mardi 18 mai, le Parlement a donc adopté par 528 voix pour, 18 voix contre et 108 abstenions, un rapport pour rendre obligatoire l’étiquetage sur les produits textiles, vendus en Europe.
Bientôt les mentions “Made in” seront affichées sur les étiquettes des pantalons, des chaussures, des sacs, mais aussi des rideaux, des linges de table et même des jouets composés de fibres textiles de tous les Européens. Il manque juste l’approbation du Conseil.
La jeune eurodéputée italienne du PPE, Lara Comi, est à cet égard plutôt confiante : vu le soutien important de la part du Parlement et de la Commission, “il est improbable que le Conseil refuse de suivre ces indications” a-t-elle affirmé.
Une norme en faveur des PME et des consommateurs européens
Quelles sont les motivations qui poussent les eurodéputés à une prise de position aussi ferme sur le sujet ?
La protection du consommateur, certes, mais aussi une volonté de protection de l’industrie européenne, et tout particulièrement des petites et moyennes entreprises qui pendant des années ont demandé de vive voix d’être protégées contre les grandes entreprises qui délocalisaient à l’étranger sans le déclarer.
Les normes actuellement en vigueur prévoient en effet que le marquage du type “Made in France” ne soit pas vraiment attaché au lieu de production, mais à un passage quelconque de l’usinage.
Ce procédé favorise, entre autres, les falsifications, les manipulations et les contrefaçons, très dangereuses pour l’ensemble du tissu entrepreneurial européen.
Par ailleurs, si le règlement est validé par le Conseil des ministres, les consommateurs pourront choisir, de manière consciente, d’acheter des produits qui identifient mieux les normes sociales, environnementales et de sécurité, généralement associées aux pays de production. Croyez-en Cristiana Muscardini !
La guerre au marché noir du textile est définitivement déclarée.
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“Made in” : l’étiquetage pourrait devenir obligatoire pour les vêtements - Parlement européen