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L’Europe et vous : étiquetage alimentaire, la saga continue

Chaque semaine, Touteleurope.fr fait le point sur ce que l’Union européenne fait pour vous, pour vos droits, votre santé, votre vie quotidienne. Cette semaine, ‘L’Europe et vous’ revient sur un projet de règlement “concernant les allégations nutritionnelles et de santé portant sur les denrées alimentaires”, préparé en mars dernier par la commission parlementaire ENVI. Le règlement prévoit l’établissement de mesures favorisant un étiquetage clair et simplifié sur les emballages des produits alimentaires. Mais tout le monde n’est pas d’accord…

Des feux de signalisation hors service…

La semaine dernière les Parlementaires européens réunis à Strasbourg, en séance plénière se sont penchés de nouveau sur la question pour compléter la législation déjà en place.

La séance plénière, consacrée à une première lecture du projet de règlement, a été décevante pour certains députés. En effet, la proposition soutenue par les Verts et les groupes de gauche - cependant sans le soutien des eurodéputés italiens, français, espagnols et grecs - d’introduire des feux de signalisation sur les étiquettes des produits alimentaires a été massivement rejetée par l’Assemblée parlementaire.

Ainsi les quantités de sucre, sel et graisse dans le produit ne seront pas mises en évidence par un code couleur rouge, ambre ou vert. L’argument selon lequel le consommateur serait mieux dirigé dans ses choix par une traduction visuelle du contenu nutritionnel, ne semble pas avoir convaincu les votants.

Vote réfléchi ou pression bien aboutie de la part des lobbies du secteur de l’alimentation ?

…en raison de l’influence des groupes d’intérêt ?

Selon le CIO (Corporate Europe Observatory), l’observatoire qui surveille l’influence des groupes d’intérêt industriels sur le processus décisionnel européen, il apparaît que le lobbying du secteur alimentaire a, à cette occasion, énormément investi dans le but de bloquer l’approbation de l’amendement. On parle d’environ un milliard d’euros, selon les observateurs.

Par ailleurs, l’eurodéputée italienne Sonia Alfano (ADLE) avoue sur son blog avoir reçu, dans les semaines avant la séance plénière, “de très nombreux mails de pression” .

Cependant l’influence de ces groupes de pression n’a pas remis en question la nécessité d’imposer de nouvelles règles relatives à l’étiquetage des produits alimentaires. Celle-ci deviendra obligatoire et sera beaucoup plus lisible grâce à un tableau nutritionnel au dos des emballages et la valeur calorique sur le devant.

Le nouvel étiquetage prévoit également l’obligation d’indiquer le pays d’origine du produit alimentaire. Pour l’instant, ce n’est obligatoire que pour les viandes bovines, le miel et l’huile d’olive. Si le règlement entre en vigueur, ce type de signalisation se trouvera également sur toutes les catégories de viandes ainsi que sur l’ensemble des produits laitiers.

Les boissons alcoolisées quant à elles ont été exemptées de toute obligation d’étiquetage, malgré le vote en faveur de cette mesure de la part de trois eurodéputés irlandais : Joe Higgins, Nessa Childers et Proinsias De Rossa. En revanche, les soft drinks seront assujettis à ce système d’étiquetage.

Les raisons du vote

Paolo De Castro, président de la commission parlementaire de l’agriculture et du développement rural, a salué le choix de l’Assemblé plénière. Pour lui, l’adoption d’un feu rouge de signalisation risquait de dérouter le consommateur. Renate Sommer (PPE - All.), initiatrice du projet, est du même avis. Dans une interview diffusée récemment par le service de presse du Parlement européen, Mme Sommer explique les raisons du vote.

Tout d’abord, elle met en avant le fait que cette idée d’étiquetage alimentaire a été créée en Angleterre pour le produits alimentaire cuisinés. Pour cette raison, cela n’est pas adaptée aux aliments de base.

Pour expliquer son opposition au système de code couleur, l’eurodéputée a illustré son discours par des exemples : “Le Coca light obtiendrait un feu vert car il est fait avec des édulcorants à la place du sucre, alors que le jus de fruit sans sucre ajoutés obtiendrait un feu rouge du fait de ses sucres naturels. Il n’y aurait pas de différence entre beurre et margarine allégée car les deux produits sont gras. Des produits très sains obtiendraient des feux rouges, comme les noix qui sont pleines de minéraux et de vitamines” a-t-elle déclaré.

Il y a donc un vrai risque de voir des producteurs européens contourner le système, modifiant les produits pour avoir une meilleure notation. “Ce n’est pas sains du tout, c’est tromper les consommateurs” , a renchéri l’eurodéputée allemande.

Le texte du règlement a été envoyé au Conseil et passera en deuxième lecture au Parlement. Dans le meilleur des cas, il sera adopté à ce stade du processus décisionnel, il y aura ensuite une période de transition … ce qui fait que le règlement ne sera pas en vigueur avant 2014.

Les consommateurs devront donc encore attendre avant de pouvoir bénéficier de ce système… Les producteurs et les distributeurs sont tout de même avertis.

En savoir plus

L’interview de Renate Sommer - Parlement européen

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