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[Revue de presse] Jour J pour l’avenir du Royaume-Uni et de l’Union européenne

Evoqué pour la première fois il y a trois ans par un David Cameron soucieux d’unifier son parti en vue d’élections législatives incertaines, le référendum sur le maintien, ou non, du Royaume-Uni dans l’UE a lieu aujourd’hui. Entretemps, le Premier ministre a négocié un statut spécial pour son pays en cas de vote pour le maintien, mais a également réussi à diviser profondément son pays dans une campagne particulièrement violente, à tel point que son poste semble en danger à court ou moyen terme, quel que soit le résultat du scrutin. L’essentiel sur ce vote historique dans la presse du jour.

Bulletin de vote

Le vote, mode d’emploi

Près de 46,5 millions d’électeurs sont appelés aux urnes aujourd’hui” explique France TV Info. Les bureaux de votes ont ouvert à 7 heures ce matin et fermeront à 22 heures ce soir - soit à 23 heures, heure française. Cependant, contrairement à des élections classiques, les chaînes de télévision ont estimé qu’il serait trop risqué d’annoncer un résultat dès 22 heures avec un sondage de sortie des urnes, comme elles le font d’habitude. “Des résultats partiels et les chiffres de la participation seront connus dans la nuit. Le résultat officiel sera proclamé vendredi après 7 heures, heure locale, c’est-à-dire 8 heures, heure française” .

Deux sondages parus mercredi donnaient une légère avance à une sortie de l’Union, ou Brexit, mais un troisième plaçait le maintien en tête, laissant entier le suspense” rappelle Le Point. De leur côté les bookmakers parient résolument sur un maintien, à 76% contre 24%.

Sur le bulletin de vote, les électeurs devront répondre à la question suivante : “Le Royaume-Uni doit-il rester un membre de l’Union européenne ou quitter l’Union européenne ?” en cochant “Rester” ou “Quitter” [RFI]. La radio rappelle par ailleurs une particularité de ce vote : “les Britanniques résidant à l’étranger depuis moins de 15 ans ont également le droit de participer au vote ainsi que les Irlandais ou ressortissants de l’un des 53 pays du Commonwealth, résidant au Royaume-Uni” . Ce qui signifie que les Chypriotes et les Maltais qui vivent outre-Manche pourront participer au vote.

Enfin on attendra, à défaut des résultats eux-mêmes, le taux de participation : s’il est élevé, il pourrait traduire une forte mobilisation en faveur du maintien.

Des conséquences politiques certaines

On ne compte plus les arguments des deux camps pour défendre un Royaume-Uni dans l’UE ou à l’extérieur. Nul ne sait quelles seront les véritables conséquences d’un Brexit sur l’économie britannique - bien que “toutes les grandes institutions internationales, du FMI à l’OCDE” ont mis en garde sur les “forts remous sur les marchés et la chute de la livre sterling” [Le Point].

Ce qui est un peu plus prévisible, ce sont les turbulences politiques qui agiteront le pays, et ce quel que soit le résultat. Pour Les Echos, “le sort du Premier ministre est lié de façon irréductible au résultat du référendum. Personne ne doute qu’une victoire du Brexit signerait la fin de son mandat à plus ou moins court terme” .

Le Monde rappelle que David Cameron avait, dès 2015, prévenu qu’il ne briguerait pas de troisième mandat à la tête du gouvernement. De plus, il a déclaré qu’à l’issue du vote, il resterait à son poste de Premier ministre, expliquant que le référendum n’était “pas un verdict sur sa personne, quelle que soit l’issue du vote. C’est un verdict sur une question” .

Néanmoins, il n’est pas à l’abri d’un vote de défiance de la part des députés de son propre camp. “Il ne pourra pas rester trente secondes à son poste si le Brexit l’emporte”, juge le conservateur Kenneth Clarke, ancien ministre et député pro-européen. Cent-vingt-huit députés tories, sur 330, ont fait campagne pour le Brexit et il n’en faut que 50 pour déclencher un vote de confiance. Même si Cameron remportait techniquement ce vote, il serait “trop fragilisé” pour rester au pouvoir jusqu’à la fin de la législature en 2020, estime l’universitaire Tim Bale, pour qui “il partira avant d’être poussé dehors” [Les Echos].

Reste également la question écossaise. “Nicola Sturgeon, la dirigeante du Parti national écossais (SNP), est partisane d’un vote pour rester dans l’Union européenne” . Mais celle qui est aussi Premier ministre d’Ecosse prévient qu’elle était en faveur d’un nouveau référendum sur l’indépendance de son pays en cas de Brexit. “Ce serait fondamentalement antidémocratique que l’Ecosse se retrouve en dehors de l’UE, si nous avons voté pour rester dans l’UE lors du référendum” , a estimé Mme Sturgeon [Le Monde].

Les unes de la presse britannique

Courrier International propose une revue des unes du jour de la presse britannique, généralement très inventive les jours d’élections :

Independence day : la résurgence du Royaume-Uni” , titre en immense lettres chromées le très eurosceptique tabloïd The Sun. L’image choisie en dit long : le soleil se lève sur les îles britanniques alors que les étoiles de l’Union européenne sont chassées vers le continent. En plus petit, le journal le plus lu dans le pays appelle ses lecteurs à “écrire l’histoire” et “à libérer le Royaume-Uni des griffes de l’UE” .

Le Daily Mirror, un des rares tabloïds soutenant un “remain” , a quant à lui choisi une image plus lugubre : un puits sans fond. En titre “Pour votre famille… pour vos enfants… pour votre retraite… pour votre salaire… pour l’emploi et la NHS… n’avancez pas dans le noir. Votez ‘remain’ aujourd’hui” .

Le Daily Star prend le parti du peuple : “VOTRE pays, VOTRE vote” et ajoute “Pendant des mois nous avons été infantilisés, terrorisés, intimidés, et on nous a menti de manière accablante. Aujourd’hui, nous avons finalement VOTRE avis” [France TV Info].

Lorsque les journaux ne se prononcent pas, ils axent leur une sur la division du pays qu’a entraînée une campagne d’une rare violence. Pas de titre pour The Spectator, mais un Royaume-Uni coupé en deux par un immense fossé. The New Statesman est dans le même esprit et titre “Le Royaume-Uni divisé : comment le référendum a mis à jour une nouvelle guerre culturelle” .

The Guardian rappelle que les principaux partis d’extrême-droite en Europe se réjouissent de la perspective d’un Brexit : “la semaine dernière, les leaders des plus importants partis populistes d’extrême droite se sont réunis à Vienne pour appeler les Britanniques à quitter l’UE. La présidente du Front national, Marine Le Pen, a déclaré à la foule que ‘les peuples d’Europe’ devraient ‘reprendre leurs libertés’, tout comme ‘le Royaume-Uni est en train de retrouver la sienne’ ” .

Le vote vu du continent

En Allemagne, le Zeit rappelle que les derniers sondages penchaient en faveur du maintien dans l’Union européenne. Selon Andrew Hawkins de l’institut ComRes, ce “coup de pouce au statu quo” était prévisible dans la dernière semaine avant le vote. Mais même si les partisans de l’UE doivent gagner, ce serait “une victoire sans enthousiasme” .

Die Welt se livre à une analyse de l’électorat britannique. “D’une manière générale, les jeunes Britanniques urbains sont les plus europhiles. Le camp du ‘leave’ trouve ses adeptes en particulier chez les plus de 65 ans” . On peut seulement d’ores et déjà clairement prédire le vote pro-UE des Ecossais. “Les deux tiers voteront le 23 Juin pour Bruxelles, selon les sondages. En raison notamment de leur relation divisée avec les Anglais, les Écossais se sentent plus près du continent que de leur propre royaume” .

RTL.be retranscrit un entretien avec le député européen Guy Verhofstadt, qui prévient que “si les Britanniques sortent de l’Union européenne, l’Europe sera divisée, affaiblie, et ce sera Vladimir Poutine qui va en rire” . Il ne faut toutefois pas négliger la nécessité du changement au sein de l’UE : “rester ou partir, dans les deux cas, il faut quand même dire qu’il faut réformer l’Union européenne, et qu’il faut la réformer en profondeur, parce que cette Union européenne est affaiblie parce qu’elle n’a pas les institutions qui sont capables de prendre les décisions” .

Même discours pour Il Sole 24 Ore : “Quel que soit le résultat du référendum sur Brexit, le vote britannique, avec de fortes tendances politiques centrifuges similaires ailleurs, devrait conduire à une refonte majeure des structures de gouvernance européenne. L’objectif devrait être de redonner un sentiment de contrôle aux électeurs” .

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