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Chronologie : De Gaulle et l’Europe

18 juin 1940 : L’appel à la résistance

“Cette guerre n’est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale”. Le 18 juin 1940, en plein conflit armé, le général de Gaulle appelait les Français à la Résistance, à travers les ondes de la BBC. Il donnait ainsi à l’histoire française l’une de ses plus célèbres allocutions.


30 août 1954 : La responsabilité de Charles de Gaulle dans l’échec de la Communauté européenne de la Défense

Dans une lettre du 17 mars 1954, adressée au général Béthouart, De Gaulle affirme : “Cette C.E.D. […] est, à mes yeux, une colossale fumisterie et un essai d’abdication nationale” .
Lire le texte intégral de la lettre [ena.lu]

A l’origine il y avait le plan Pleven du nom de l’ancien ministre français de la défense. Présenté le 24 octobre 1950, il aurait établi les principes de fonctionnement d’une armée européenne commune aux Etats de la CECA.Les négociations commencent le 15 février 1951 et cherchent à aplanir les divergences entre les principaux acteurs, notamment la France, l’Allemagne et les Etats-Unis qui y participent en tant qu’observateurs. Après de nombreuses modifications, le Plan Pleven est approuvé : le 27 mai 1952 est signé à Paris le Traité instituant la Communauté européenne de défense. Mais ce projet controversé ne sera jamais ratifié. Alors que les cinq Etats membres s’engagent sur la voie de la ratification parlementaire, une intense querelle idéologique oppose la plupart des partis politiques français. Le Mouvement républicain populaire (MRP) de Robert Schuman se bat en faveur de la ratification, s’opposant ainsi au Rassemblement du peuple français (RPF), créé par de Gaulle, qui refuse ce qu’il considère comme une remise en question de la souveraineté nationale.Le débat s’engage au Parlement en août 1954. Le 30, le verdict tombe : la CED est rejetée et, alors que les députés MRP quittent la salle en signe de protestation contre le “crime du 30 août” , les Communistes et les Gaullistes entonnent la Marseillaise.




21 décembre 1958 : Charles de Gaulle est élu Président de la République

Après avoir été le Président d’un gouvernement d’Union nationale en 1944, Charles de Gaulle est élu Président de la République française le 21 décembre 1958. Président du Conseil depuis le 1er juin 1958, il mène à bien la reforme constitutionnelle qui ouvre les portes à la Ve République : celle-ci sera approuvée par voie référendaire le 28 septembre 1958 avec 79,2% de voix positives.




Septembre 1958 : Rencontre entre de Gaulle et Adenauer à Colombey

C’est le début de la coopération franco-allemande sous l’égide de de Gaulle. Le chancelier et le général se rencontrent pour la première fois dans la résidence privée de ce dernier.



A cette occasion, de Gaulle dira d’Adenauer : “Personne ne peut mieux que lui saisir ma main. Mais personne ne peut mieux que moi la lui tendre” .



La dimension intime de cette célèbre rencontre porte en son sein une signification symbolique et politique d’envergure, de Gaulle ayant voulu souligner la valeur d’Adenauer en tant qu’homme d’Etat.


Octobre 1961 : De Gaulle présente le Plan Fouchet I

Le 5 Septembre 1960, le général développe sa conception d’une Europe des Etats, “qui ont chacun son âme à soi, son histoire à soi, sa langue à soi, ses malheurs, ses gloires, ses ambitions à soi, mais des Etats qui sont les seules entités qui aient le droit d’ordonner et l’autorité pour agir” .


Il pense également à une Europe occidentale, à la fois politique, économique, culturelle et humaine, reposant sur le “concert organisé, régulier des Gouvernements responsables” .

En vue de la réalisation de ce projet, De Gaulle et Adenauer établissent d’un commun accord un plan d’action à soumettre aux membres de la Communauté. En octobre 1961 le Plan Fouchet est soumis à la table des négociations.

Reflet d’une vision intergouvernementale de l’Europe qui maintient les souverainetés nationales, le plan a vocation à engager les Six dans un dialogue permanent et structurel sur les questions internationales.

Mais l’hostilité de la France à l’adhésion de la Grande Bretagne, exigée par la Belgique et les Pays Bas, et à la majorité qualifiée, demandé par l’Italie, conduisent au rejet de ce premier plan.

18 janvier 1962 : Plan Fouchet II

Le Général soumet une seconde proposition dans laquelle il cherche à répondre aux questions soulevées par le premier Plan Fouchet. Celle-ci est soumise à l’étude des Six le 18 janvier 1962.

Mais cette deuxième version ne résout pas les divergences de vues. De Gaulle sous-estime la vocation atlantiste et européiste de ses homologues, et doit renoncer à son idée personnelle de coopération politique.

Le 15 mai 1962, il annonce en conférence de presse l’échec des négociations en dénonçant le jeu anglo-américain de ses partenaires communautaires.



14 janvier 1963 : De Gaulle oppose son véto à l’entrée de la Grande-Bretagne dans la CEE

Le 31 juillet 1961 le Premier ministre britannique Harold Macmillan annonce publiquement vouloir amorcer un dialogue avec les Six pour établir les conditions de l’entrée de la Grande-Bretagne dans la Communauté.


En février 1962, l’acte officiel est accompli : la Grande Bretagne pose sa candidature, mais toute négociation est interrompue par de Gaulle.


Cohérent avec la ligne tenue tout au long des négociations sur le Plan Fouchet, le 14 janvier 1963, lors d’une conférence de presse, il oppose son véto à l’adhésion anglaise.


Il veut ainsi réaffirmer l’idée d’une Europe forte et indépendante du joug américain : pour lui, faire entrer la Grande-Bretagne en Europe reviendrait à introduire un “cheval de Troie” au sein de la Communauté.




22 janvier 1963 : Le Traité de l’Elysée

Malgré l’échec du Plan Fouchet, de Gaulle souhaite reprendre le projet de coopération politique, en le limitant à la France et à l’Allemagne. Ainsi, le 22 janvier 1963, au salon Murat de l’Elysée, le général et le chancelier signent un traité de coopération franco-allemande.


Celui-ci est accompagné d’une déclaration réaffirmant la conviction commune que “la réconciliation du peuple allemand et du peuple français mettant fin à une rivalité séculaire constitue un événement historique qui transforme profondément les relations entre les deux peuples” .


Ce Traité annonce le début d’une coopération politique entre la France et l’Allemagne en matière d’affaires étrangères, de défense, d’éducation et de jeunesse. Cependant, des désaccords internes entre Adenauer et son parti politique compromettent l’aboutissement du projet. Le 16 mai 1963, le Bundestag ratifie le Traité, tout en ajoutant un préambule qui impose certaines conditions à l’accord. En particulier :


  • la RFA ne devra pas remettre en question la coopération avec les Etats-Unis et notamment l’appartenance à l’OTAN ;

  • la France ne devra pas s’opposer à l’adhésion de la Grande-Bretagne.


Le 13 juin 1963 le Traité est ratifié par l’Assemblée nationale, mais de Gaulle refuse de reconnaître sa valeur : c’est le refroidissement des relations entre la France et Allemagne, le rejet de de Gaulle étant mal perçu par les Allemands : pour eux, alors qu’Adenauer œuvrait au renforcement du couple franco-allemand dans une perspective d’amitié entre les deux pays, de Gaulle s’en servait pour affirmer la puissance française. Cet épisode sera l’une des raisons qui contraindront Adenauer à démissionner le 11 octobre 1963.



1965 : Les négociations autour de la PAC s’intensifient

Les échecs du Plan Fouchet et du Traité de l’Elysée n’éteignent pas les espoirs des Six quant à la possibilité de développer une action commune. Le projet de Politique agricole commune (PAC) semble leur offrir un cadre favorable à cette coopération.


Depuis le début des années 1960 de Gaulle est le principal promoteur de la Politique agricole commune, mais le processus s’arrête brusquement en 1965, en raison de désaccords sur son mode de financement.


Le Président de la Commission Hallstein, souhaitait alimenter l’autonomie financière par des impôts versés à la Commission, ce que de Gaulle considérait comme une atteinte à la souveraineté nationale.


1er juillet 1965 : La politique de la chaise vide

Le 1er juillet 1965, la France fait échouer les négociations sur le financement de la PAC. Elle rappelle son représentant permanent de Bruxelles et fait savoir qu’elle est prête à ne plus siéger au Conseil tant qu’elle n’aura pas obtenu gain de cause.


Cette “politique de la chaise vide” provoque la paralysie de la Communauté. La crise sera résolue après la réélection de de Gaulle à la Présidence de la République française en décembre 1965.


Un mois plus tard, les 6 ministres des Affaires étrangères élaborent le “compromis de Luxembourg”, un texte politique sans valeur juridique, selon lequel “si des intérêts très importants d’un ou plusieurs partenaires sont en jeu, les membres du Conseil s’efforcent, dans un délai raisonnable, d’arriver à des solutions qui pourront être adoptées par tout les membres du Conseil, dans le respect de leurs intérêts et de ceux de la Communauté” .



Mais la France y apporte sa touche personnelle estimant que lorsque des intérêts très importants sont en jeu, les Etats devront poursuivre les discussions “jusqu’à ce que l’on que soit parvenu à un accord unanime” ..


1er juillet 1966 : La France se retire du commandement intégré de l’OTAN

Malgré les relations visiblement tendues avec ses partenaires, de Gaulle ne renonce pas à sa politique anti atlantiste, gage selon lui de la souveraineté de la nation française.


A partir du 1er juillet il retire les forces armées à disposition de l’OTAN et décide de ne plus participer au commandement intégré.


Mais la décision avait déjà été annoncée le 10 mars 1966. A l’occasion, René Pleven, ancien ministre français de la Défense nationale, ancien président du Conseil et inspirateur de la CED, s’oppose à la décision de de Gaulle et signe la pétition publique lancée contre le retrait français du commandement intégré de l’OTAN (voir la vidéo de l’interview).




11 mai 1967 : Deuxième candidature de la Grande-Bretagne et deuxième véto de de Gaulle

En 1966, le gouvernement britannique pose sa deuxième candidature à l’entrée dans la CEE. Cette fois-ci la Grande Bretagne fait preuve d’une grande ouverture à l’égard de la Communauté. Cependant en mai 1967, lors de l’officialisation de la candidature, de Gaulle, en conférence de presse, oppose un nouveau véto, que certains observateurs qualifient de “véto de velours” en raison de son approche très diplomate. Ce second rejet entraîne une nouvelle dégradation des relations entre Paris et Londres… et avec les Cinq.


27 avril 1969 : De Gaulle démissionne

Le 27 avril 1969, le rejet d’un référendum sur la réforme du Sénat et la régionalisation par la population française contraint de Gaulle à quitter la Présidence.







En savoir plus :

Charles de Gaulle et l’Europe des nations- Touteleurope.fr

Marc Ferro : “De Gaulle n’a jamais cru à l’unité politique de l’Europe” - Touteleurope.fr

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