Un Brexit qui offre de nouveaux arguments aux nationalistes écossais
Il est “hautement probable” que l’Ecosse organise un référendum sur son indépendance avant 2020 a déclaré Nicola Sturgeon hier sur ITV News, une chaîne d’information britannique. Organisé en septembre 2014, le précédent référendum sur l’indépendance s’était soldé par un échec pour les nationalistes, avec 55% de “non” . Le Brexit a changé la donne, clament les indépendantistes qui estiment qu’un nouveau référendum est maintenant inévitable.
“Certains ont voté contre l’indépendance en pensant que rester dans le Royaume-Uni garantissait une plus grande sécurité économique, une voix plus forte dans le monde et le maintien dans l’UE” mais “l’avenir apparaît très différent aujourd’hui” , a déclaré la Première ministre écossaise devant ses militants, citée par Le Monde. Le quotidien souligne que l’argument européen est en effet caduc étant donné le Brexit, de même que la sécurité économique dont “il n’est plus du tout certain qu’elle soit du côté de Londres, à l’heure où la livre sterling plonge et où les investisseurs se détournent” .
“Ce sont les opposants à l’indépendance, (…) ceux qui préparent un hard Brexit [sortie du marché unique européen] qui provoquent l’insécurité et l’incertitude” , a affirmé Nicola Sturgeon. “Comme si c’était le maintien dans le Royaume-Uni et non le grand saut dans l’indépendance qui, désormais, devait nourrir l’inquiétude” note Le Monde.
“Pour l’heure, elle va lutter, dit-elle, pour éviter le ‘hard Brexit’ qui coûterait selon elle 80 000 emplois à l’Ecosse et exiger de nouveaux pouvoirs ‘afin de maintenir l’Ecosse dans le marché unique même si le Royaume-Uni le quitte’ ” , ajoute le journal.
Se démarquer de Londres en faisant de l’Ecosse une terre européenne
Nicola Sturgeon a également annoncé l’ouverture d’une “représentation commerciale permanente” à Berlin pour “promouvoir l’Ecosse comme une économie ouverte et accueillante” [Le Point avec l’AFP], tout en fustigeant le gouvernement de Londres : “La différence entre le gouvernement écossais et celui à Westminster est le suivant : eux se retirent aux confins de l’Europe. Nous, nous avons l’intention de rester au cœur de l’Europe, là où l’Ecosse appartient” .
Une stratégie d’opposition à Londres à travers le Brexit, qui ne semble toujours pas avoir porté ses fruits, du moins dans les sondages. En septembre, une enquête de Yougov indiquait que les Ecossais demeuraient 54% à être opposés à l’indépendance contre 46% à y être favorables [Le Parisien avec l’AFP].
De fait, “Nicola Sturgeon aura fort à faire pour imposer un deuxième référendum” , écrit le journaliste Romaric Godin dans La Tribune : “la baisse du prix du pétrole a réduit les ressources écossaises et certains mettent en garde contre le coût économique d’une rupture avec Londres” . De plus, l’Union européenne elle-même est “moins enthousiaste vis-à-vis de l’Ecosse” qu’elle ne l’était avant le référendum sur le Brexit…
De son côté, Londres “a averti les Ecossais que le maintien dans le Royaume-Uni était la seule manière de protéger la place de l’Ecosse dans l’Union européenne et rappelé qu’elle avait voté contre l’Indépendance en 2014″ [BFMTV].