Sa vie
Jacques Chirac est né le 29 novembre 1932 dans le 5ème arrondissement de Paris. Il intègre l’Institut d’Etudes Politiques de Paris en 1951, puis l’Ecole Nationale de l’Administration en 1959. A sa sortie, il est nommé auditeur à la Cour des comptes. En 1968 il est élu conseiller municipal en Corrèze, son premier mandat politique.
Après avoir occupé différents postes de secrétaire d’Etat, il devient ministre de l’Agriculture en 1972 dans le gouvernement de Pierre Mesmer. En 1974, il est nommé ministre de l’Intérieur avant de devenir Premier ministre dès le mois de mai de la même année.
En désaccord avec le président Giscard d’Estaing, il démissionne du gouvernement en 1976 avant d’être élu maire de Paris l’année suivante. De 1986 à 1988, leader de l’opposition gaulliste, il retrouve le poste de Premier ministre durant la première cohabitation de la Vème République.
En 1995, Jacques Chirac est élu à la Présidence de la République pour un mandat de 7 ans. Deux ans plus tard, la défaite de la droite aux élections législatives le contraint à une cohabitation de cinq ans avec un gouvernement socialiste. En 2002, Jacques Chirac est reconduit à l’Elysée pour un mandat de 5 ans. Après avoir soutenu l’intervention américaine en Afghanistan suite aux attentats du 11 septembre 2001, il s’oppose fermement à la guerre en Irak en 2003.
Un Européen de raison et de dialogue
Fidèle à la pensée gaulliste, Jacques Chirac se montre d’abord sceptique à l’égard de la construction européenne dont il critique certains des aspects les plus fédéralistes. En 1980, il démissionne de son mandat de député européen. Son appel à soutenir le traité de Maastricht en 1992 marque le ralliement d’une grande partie de la droite française au projet européen. Elu président en 1995, il impulse une politique d’austérité afin de respecter le Pacte de Stabilité et de Croissance destiné à permettre l’introduction de la monnaie unique. Durant la marche à l’euro, il se montre déterminé et met tout en œuvre afin que la France respecte les critères de Maastricht sans retard.
Au cours de sa présidence, il développe la conviction qu’une Europe puissante, assise sur son modèle social, est nécessaire au monde multipolaire qu’il appelle de ses vœux.
Il participe activement aux progrès de l’Europe de la défense, notamment lors du Sommet de Saint-Malo de 1998 au cours duquel il tombe d’accord avec les Britanniques pour déclarer que l’UE “doit avoir une capacité autonome d’action” .
Jacques Chirac s’est montré très enthousiaste à l’égard de l’élargissement de 2004 vers les pays de l’ex-bloc soviétique. Il a salué à cette occasion la naissance d’une Europe enfin “réunifiée” et “pacifiée” qu’il encourageait déjà en 1998 dans son discours à Sarajevo. Sous l’impulsion de son prédécesseur, la France s’était d’ailleurs beaucoup impliquée dans le rétablissement de la paix en ex-Yougoslavie à travers l’envoi de soldats sur place ou encore la signature des accords de paix à Paris.
Grand partisan du dialogue Nord-Sud et de la préservation de l’environnement, Jacques Chirac a affirmé dans son discours de Johannesburg en 2002 que l’Europe devait permettre un “dialogue des cultures” . En 2004, il réaffirme son désir d’ “une Europe respectueuse de la diversité culturelle et soucieuse d’un développement harmonieux et durable de notre planète menacée” .
L’engagement européen de Jacques Chirac s’est également exprimé à travers son soutien inconditionnel à la Politique Agricole Commune.
L’importance de l’axe franco-allemand
La coopération franco-allemande a été, pour Jacques Chirac, l’un des rouages essentiels de l’avancée de la construction européenne. Reprenant l’héritage de ses prédécesseurs et notamment celui du Général de Gaulle, il s’est appuyé fortement sur la dynamique franco-allemande. Selon lui, “la nouvelle génération aux commandes la reçoit en héritage après l’avoir apprise dans les livres, sans ressentir la même charge émotionnelle que jadis” (discours du 27 juin 2000 devant le Bundestag). Il tente ainsi de stimuler à nouveau cette dynamique, et est aidé pour cela par le chancelier allemand. On parle ainsi d’un “axe Chirac-Schröder” .
A l’occasion du 40ème anniversaire du Traité de l’Elysée en 2003, il remplace les sommets franco-allemands par des réunions sous forme de Conseils des ministres, préparées par les ministres des Affaires étrangères. Ces rencontres ont lieu deux fois par an. La position commune prise par la France et l’Allemagne contre la guerre en Irak illustre bien cette entente entre les deux pays qui désirent le maintien d’un “monde multipolaire” et du multilatéralisme en matière de relations internationales.
L’occasion manquée du référendum sur la Constitution européenne
L’année 2005 marque une nouvelle étape avec le référendum sur le traité établissant une Constitution pour l’Europe. Un texte qui, dès 2004, avait recueilli la signature de l’ensemble des ministres des Affaires étrangères et qui devait entrer en vigueur le 1er novembre 2006, sous réserve que tous les Etats membres le ratifient.
Tout au long de la campagne sur le référendum, le président défend ce projet européen. “Si on n’adopte pas la Constitution européenne (…) non seulement on reste dans le passé mais on affaiblit considérablement la France (…) et l’axe franco-allemand”, martèle-t-il. Le 29 mai, après une campagne déchirant la France et marquant des divisions politiques internes, les Français rejettent le texte à 55%, suivis par les Néerlandais deux jours plus tard.
Malgré le désaveu sévère des Français, Jacques Chirac reste en fonction. Il remplace son Premier ministre Jean-Pierre Raffarin et nomme un nouveau gouvernement sous la direction de l’ancien ministre de l’Intérieur, Dominique de Villepin. Au plus bas, sa cote de popularité ne remontera que de quelques points à la fin de son mandat en mars 2007, juste avant l’élection de son successeur Nicolas Sarkozy.