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Biographie : Helmut Schmidt (1918-2015)

Promoteur infatigable du couple franco-allemand, Helmut Schmidt a appuyé la mise en place du Système monétaire européen lors de son passage à la chancellerie de la République Fédérale d’Allemagne. L’ancien chancelier social-démocrate est décédé le 10 novembre 2015 à Hambourg, à l’âge de 96 ans.

Helmut Schmidt

Helmut Schmidt est né le 23 décembre 1918 à Hambourg en Allemagne. Après avoir obtenu un diplôme en Sciences politiques et en Sciences économiques en 1949, il devient député au Bundestag en 1953 pour le parti des Sociaux-démocrates (SPD). Il est plusieurs fois réélu jusqu’en 1987, avec une courte interruption entre 1962 et 1965, période pendant laquelle il occupe le poste de ministre de l’Intérieur de la ville-Etat de Hambourg. Il poursuit ensuite sa carrière à l’échelle nationale.

Président du groupe parlementaire du SPD au Bundestag entre 1967 et 1969, il devient ministre de la Défense en 1969 puis obtient le portefeuille du ministère de l’Economie et des Finances entre 1972 et 1974.

Après avoir été l’un des principaux acteurs de la coalition sociale-libérale sous Willy Brandt (SPD, 1969-1974), il devient chancelier en 1974 et obtient le renouvellement de son mandat à deux reprises, en 1976 et en 1980. Il cède la place à Helmut Kohl (CDU) en 1982, après le dépôt d’une motion de défiance devant le Bundestag.

Propos choisis

“Le développement économique ne s’est pas toujours fait avec toute l’harmonie souhaitable, et trop souvent malheureusement à des rythmes différents. L’Europe ne peut cependant agir que si l’on parvient à harmoniser étroitement la politique et le développement économique des Etats membres.”
Témoignages à la mémoire de Jean Monnet, Centre de recherches européennes, Lausanne, 1989, p. 498 (janvier 1978).

“Notre volonté est évidemment d’ancrer plus fermement la Communauté européenne dans la conscience sociale et politique des citoyens de l’Europe. Pour cela, il faut résorber le plus rapidement possible le déficit démocratique de la Communauté.” Ibid., p.499.

“L’Europe comme entité politique n’existera, en effet, que si elle demeure consciente de l’obligation qui lui incombe d’entretenir une triple relation de partenaires ; relation de partenaires entre les Etats membres de la Communauté, relation de partenaires entre l’Europe et les Etats-Unis d’Amérique et, enfin, relation de partenaires entre l’Europe et le tiers monde.”
Ibid., p.500.

L’Europe politique

Avec Helmut Schmidt et Valéry Giscard d’Estaing, élu président de la République française trois jours après l’élection du chancelier allemand, la France et l’Allemagne entament un nouveau rapprochement. Le couple franco-allemand redevient moteur de l’intégration européenne et fait progresser la Communauté économique européenne (CEE).

A partir de 1974 s’enchaînent d’importantes étapes de la politique communautaire. Lors de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) en juillet 1975 à Helsinki, les neuf pays membres de la CEE jouent un rôle dynamique et parviennent à une position commune sur la question des droits de l’homme. En 1975, afin de promouvoir et d’accélérer le développement économique, culturel et social des Etats d’Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP), les accords de Lomé sont signés.

En 1975, le Fonds européen de développement régional (FEDER) est créé. Son but est d’intensifier les liens de solidarité entre les Etats membres et de permettre à l’Europe de devenir un acteur concret d’un développement régional. La Grèce, candidate depuis 1975, c’est-à-dire depuis la fin de la dictature des Colonels (1967-1974), profite particulièrement de ces fonds après son adhésion le 1er janvier 1981, qui élargit la Communauté à dix membres.

L’utilité des fonds structurels pour assurer le rattrapage des régions défavorisées de la Communauté est particulièrement sensible dans ce cas, et se manifeste à nouveau dans le cas du Portugal et de l’Espagne, quelques années plus tard.

En 1979, les députés du Parlement européen sont, pour la première fois, élus au suffrage universel direct, une phase importante dans la démocratisation des institutions, dont Helmut Schmidt s’est fait l’avocat.

L’Europe économique et monétaire

Dans le domaine monétaire, les progrès sont aussi considérables. Sous l’impulsion d’Helmut Schmidt et de Valéry Giscard d’Estaing, le Conseil européen de Copenhague, en avril 1978, accepte le principe du Système monétaire européen (SME) et charge les institutions communautaires d’élaborer une proposition précise. Grâce notamment aux travaux préparatoires des experts français et allemands, ce projet est réalisé le 13 mars 1979 : l’Ecu (European Currency Unit) est né.

A l’exception de l’Italie et de l’Irlande (qui adhèrent sous des conditions particulières), ainsi que du Royaume-Uni (qui adhère en 1990), les Etats membres de l’Union européenne s’engagent à respecter désormais une marge de fluctuation de leur monnaie restreinte à +/-2,25%. Ce palier marque le début de la stabilité monétaire européenne.

Helmut Schmidt fonde, en 1987, avec Valéry Giscard d’Estaing, l’Association pour l’Union monétaire de l’Europe. Celle-ci publie, en 1988, le “programme pour l’action” dont plusieurs propositions sont reprises ultérieurement par le Comité Delors, qui est chargé d’étudier un projet d’Union économique et monétaire.

Construire l’Europe par le journalisme d’engagement

Contraint de quitter la chancellerie en octobre 1982, Helmut Schmidt reste bien présent jusqu’en 1987 dans la vie politique allemande, en tant que député du Bundestag.

Devenu coéditeur de l’hebdomadaire Die Zeit depuis 1983, il participe, au moyen de nombreux articles et publications, aux débats de fond sur la politique allemande et européenne. Il se fait l’avocat de la mise en route de l’euro, critiquant l’application rigide des critères de Maastricht, que réclament plusieurs économistes allemands.

Economiste lui-même et ancien ministre des Finances, Helmut Schmidt salue l’Union monétaire, avec le même enthousiasme dont il saluait auparavant la création du SME, qu’il considère comme une des clés de voûte de la construction européenne.

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