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[Bilan 2016 : épisode 1] Le Brexit, une déflagration pour l’Europe

Brexit, terrorisme, immigration, commerce, populismes : du 26 au 30 décembre, Toute l’Europe dresse le bilan de l’année 2016.

Aujourd’hui, retour sur le Brexit et ses conséquences pour le Royaume-Uni et l’Europe.

Brexit

Promesse de campagne

Le 23 juin 2016, les Britanniques se sont majoritairement prononcés pour sortir de l’Union européenne. 51,9%. 17,4 millions d’Anglais, d’Ecossais, de Gallois et de Nord-irlandais. Ce que de nombreux observateurs pensaient impossible s’est bien produit, faisant trembler le Royaume-Uni et le continent européen sur ses bases.



Qu’est-ce que le Brexit ? Tout comprendre en une minute

Ce référendum d’appartenance à l’Union européenne, David Cameron l’avait imprudemment promis dès janvier 2013, l’entérinant définitivement lors de sa réélection au poste de Premier ministre en mai 2015. Les premiers mois de son second mandat à la tête du Royaume-Uni ont été presque intégralement consacrés à ce dossier explosif. Sous la pression du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) de Nigel Farage et d’une partie de son propre camp, le dirigeant conservateur s’est empressé de chercher un “deal” avec les Européens, pour ensuite convaincre les Britanniques de rester dans l’UE.

L’accord a été trouvé le 19 février 2016. Ce dernier stipule que le Royaume-Uni pourra être dispensé de concourir à une “Union sans cesse plus étroite” , qu’il n’y aura pas de discrimination pour les pays utilisant une autre monnaie que l’euro, que la réglementation européenne doit être simplifiée, et qu’un “carton rouge” pourra adressé (selon plusieurs conditions contraignantes) par les parlements nationaux vis-à-vis d’une législation européenne. S’agissant de l’immigration de ressortissants européens au Royaume-Uni, de loin le sujet le plus sensible abordé au cours des négociations avec l’Europe, David Cameron aura obtenu un “mécanisme d’alerte et de sauvegarde” autorisant aux Etats membres de limiter les aides sociales destinées aux travailleurs récemment arrivés sur leur territoire.

Et Boris Johnson trahit David Cameron

Boris Johnson

Boris Johnson

De toute évidence, ces nouvelles concessions, arrachées par le Premier ministre britannique à ses homologues, n’auront pas pesé lourd le jour du référendum. Peu spectaculaire et ne modifiant pas en profondeur le fonctionnement de l’UE, le “deal” a ainsi été largement supplanté par d’autres critères de choix. D’autant plus que dès le 21 février, soit seulement deux jours après la signature l’accord, Boris Johnson, maire de Londres et rival officieux de David Cameron au sein des Tories, annonçait son engagement en faveur du Brexit. Un véritable coup de poignard de la part du trublion de la politique britannique, facétieux, cultivé, charismatique et anti-européen.



Le Brexit… et après : toutes les réponses en vidéo

Très actif au cours des quatre mois de campagne suivants, M. Johnson contribuera largement, à l’instar de Nigel Farage ou encore de Michael Gove, ministre conservateur de la Justice, à la propagation d’un argumentaire antieuropéen agressif et régulièrement erroné. Entre autres tirades sans nuance, Boris Johnson comparera par exemple la construction européenne aux velléités expansionnistes d’Hitler ou de Napoléon sur le continent. Dans la même mouvance, le slogan massue du camp du ‘Leave’ - “Nous envoyons chaque semaine 350 millions de livres à l’UE, finançons notre système de santé à la place” - qui figurait jusque sur le bus de campagne, se révélera être un mensonge. Ce que reconnaîtra d’ailleurs Nigel Farage en personne le 24 juin, quelques heures après l’annonce du résultat du référendum.

Et face aux anti-européens, force est de constater que le camp du ‘Remain’ n’aura pas non plus réussi à susciter l’engouement, se contentant largement de jouer sur la peur et se contentant de démontrer tous les effets économiques négatifs qu’engendrerait une sortie de l’UE. D’autant plus que le Parti travailliste, conduit par Jeremy Corbyn, critique de longue date de l’Europe libérale, n’aura pas réellement pris part à la campagne. Jusqu’à deux semaines du vote, une majorité des électeurs traditionnels du Labour avouaient en effet ne pas connaître la position officielle de leur parti. Et ce n’est pas non plus l’horrible assassinat, le 16 juin, de Jo Cox, députée travailliste pro-européenne, par un déséquilibré d’extrême droite revendiquant l’indépendance du Royaume-Uni, qui aura changé la donne.

Theresa May, Première ministre

Vaincu le 23 juin, le Premier ministre David Cameron a immédiatement annoncé sa démission. Une décision prévisible qui n’a pas entrainé de nouvelles élections législatives, mais un simple changement de leadership au sein du Parti conservateur. Manifestement surpris par le résultat du référendum, Boris Johnson, dont tout le monde attendait la candidature, se retire de la course, estimant ne pas être en mesure de rassembler sa famille politique. A sa place, très rapidement, la figure de Theresa May, ministre de l’Intérieur, émerge, écartant facilement la concurrence. Officiellement nommée Première ministre dès le 13 juillet, Mme May, 59 ans, est la deuxième femme à occuper cette fonction après Margaret Thatcher (1979-1990). Une comparaison à laquelle se prêteront d’ailleurs de nombreux observateurs compte tenu de la réputation de fermeté de Theresa May.

Winston Churchill

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Au 10 Downing Street, la nouvelle Première ministre britannique est, logiquement, majoritairement occupée à la préparation des négociations avec l’Union européenne. Entourée de Boris Johnson, nommé ministre des Affaires étrangères, ou encore de David Davis, autre europhobe notoire, au portefeuille de la Sortie de l’Union européenne, Theresa May promet un Brexit plein et entier aux Britanniques. Entretenant le flou quant à la date de déclenchement de l’article 50 du traité sur l’Union européenne prévoyant le départ d’un Etat membre, la cheffe du gouvernement britannique n’a, à ce jour, pas non plus tranché quant à la nature de la prochaine relation entre Londres et Bruxelles. Le contrôle des frontières, y compris vis-à-vis des ressortissants européens, comme le souhaite Mme May, est de fait incompatible avec l’accès au Marché unique, qui suppose la liberté de circulation des personnes.

Dans ce contexte, la perspective d’un hard Brexit apparaît comme la plus vraisemblable. En vue des discussions qui s’annoncent houleuses avec le Royaume-Uni, Jean-Claude Juncker a fait appel à Michel Barnier, ancien ministre français des Affaires étrangères, détesté outre-Manche pour avoir régulé les marchés financiers lors de son passage à la Commission européenne (2010-2014). Conscients du risque que fait porter le Brexit sur l’avenir d’une l’Union européenne déjà fortement fragilisée, et également agacés du comportement des dirigeants britanniques, les Vingt-Sept ont plutôt fait preuve d’unité depuis six mois.

La date du 31 mars 2017 a été évoquée pour le déclenchement de l’article 50 et M. Barnier a déclaré espérer la conclusion des négociations pour la fin 2018, soit quelques mois avant les élections européennes de mai 2019.

Par Jules Lastennet

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