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Aide aux plus démunis : la Commission européenne réagit

La bataille est menée par les banques alimentaires et un certain nombre de politiques depuis plusieurs mois, l’attribution du Prix Nobel de la Paix à l’Union européenne a été l’occasion de le rappeler : l’Europe ne doit pas, qui plus est en période de crise, oublier ses citoyens les plus pauvres. La disparition annoncée du Programme d’aide aux plus démunis, qui a permis de fournir de la nourriture à dix-huit millions d’Européens par an ces 25 dernières années, a tiré la sonnette d’alarme. Un cri entendu par la Commission européenne qui a présenté aujourd’hui sa proposition d’un Fonds européen d’aide aux plus démunis.

Air food project

Faire semblant de manger pour dénoncer la réduction de ‘laide alimentaire aux plus démunis, c’est l’objectif du Air food project lancé par La Croix-Rouge française, les Restos du cœur, le Secours populaire et la Fédération française des banques alimentaires pour “interpeller les pouvoirs publics et mettreles décideurs européens face à leurs responsabilités dans un contexte de crise économique - et donc humanitaire - aggravé” . Elles appellent les citoyens à se filmer alors qu’il font semblant de manger le contenu d’une assiette vide puis à poster la vidéo sur Internet.

En savoir plus

“Nous avons besoin, au niveau européen, de nouveaux mécanismes de solidarité et de ressources appropriées pour aider les personnes défavorisées et les pauvres qui, souvent, vivent dans une situation de réelle urgence sociale” a expliqué mercredi 24 octobre le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.

L’exécutif européen a proposé ce matin la mise en place d’un Fonds européen d’aide aux plus démunis, destiné à appuyer l’action des dispositifs mis en place par les États membres pour fournir des denrées alimentaires aux personnes les plus démunies ainsi que des vêtements et d’autres biens de base aux sans-abri et aux enfants souffrant de privation matérielle. Cette proposition intervient alors que le Programme d’aide aux plus démunis (PEAD) touche à son terme avec la fin de la programmation pluriannuelle.

Rappelons que ce programme, créé en 1987, permettait à l’origine de redistribuer les stocks invendus de l’agriculture européenne, dans le cadre de la Politique agricole commune, aux citoyens européens les plus nécessiteux par le biais des banques alimentaires. Mais les invendus se faisant plus rares, la contribution européenne en nature s’est transformée en contribution financière. Un changement qui, pour certains Etats qui se fondent sur des arguments juridiques, justifie l’arrêt pur et simple du programme. Ces Etats ont déjà obtenu une restriction drastique du budget en 2012, qui est passé de 500 à 133 millions d’euros.

Dans le cadre des négociations du cadre financier pluriannuel pour la période 2014-2020, et suite à la mobilisation des organisations de terrain (voir encadré), la Commission propose donc d’allouer une enveloppe de 2,5 milliards d’euros au nouveau Fonds pour la période 2014-2020. Les États membres financeraient 15 % des coûts de leurs programmes nationaux, tandis que les 85 % restant seraient pris en charge par le fonds.

116 millions
de personnes sont menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale dans l’Union européenne. Parmi elle, quelque 40 millions souffrent de privation matérielle aiguë

Ce nouveau dispositif permettrait de financer des denrées alimentaires mais également d’autres types d’aides aux plus démunis (vêtements, chaussures, savons etc.). Il laisserait plus de souplesse aux Etats membres mais se baserait toujours sur les banques alimentaires et autres organismes d’aide comme relais de distribution de l’aide. La proposition prévoit également que les stocks d’intervention pourront être distribués, et ce en plus du fonds.

L’eurodéputée socialiste Pervenche Berès, présidente de la commission Emploi et Affaires sociales au Parlement, s’est félicitée de cette initiative. “Ce nouvel instrument permettra de lutter contre l’exclusion sociale. L’Europe montre aujourd’hui qu’elle n’exige pas seulement des sacrifices mais qu’elle est aussi capable de faire preuve de solidarité vis-à-vis des plus démunis” , a-t-elle déclaré, souhaitant cependant que “l’ouverture de nouveaux fronts ne doit pas se faire au détriment des banques alimentaires et de toutes les organisations qui mènent un travail indispensable, alors même que les cas de malnutrition sont de plus en plus fréquents” .

Une position partagée par sa collègue Elisabeth Morin-Chartier (PPE), rapporteur au Parlement sur le FSE, qui a dit “bravo” à la Commission, mais a également mis en garde : “Reste l’attitude du Conseil à ce nouveau Fonds : comme toujours les Etats Membres sont égoïstes ! Je serai très motivée pour faire exploser une quelconque minorité de blocage si nécessaire. La solidarité européenne ne peut faire l’objet d’aucun marchandage à l’heure où les citoyens européens subissent de plus en plus les effets de la crise.”

Parlement et Conseil devraient se saisir rapidement du dossier, les négociations sur ce cadre financier étant en cours. “J’espère que les États membres et le Parlement européen adopteront rapidement cette proposition et le budget y afférent, pour que ceux qui ont besoin d’aide puissent en bénéficier dans les meilleurs délais” , a d’ailleurs souhaité le commissaire européen à l’Emploi, aux Affaires sociales et à l’Inclusion, László Andor.

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