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Europe story [Podcast]

[Podcast] Qu’est-ce que le Pacte vert de l’Union européenne pour lutter contre le changement climatique ?

Nouvel épisode d’Europe Story consacré cette fois-ci à l’un des grands chantiers de la Commission présidée par Ursula von der Leyen : le Pacte vert, où l’engagement de l’Union européenne à parvenir à la neutralité carbone à l’horizon 2050. Quelles réformes sont engagées pour parvenir à atteindre cet objectif ? Et quels moyens sont alloués à ce Pacte vert ? Marie Guitton (Toute l’Europe) et Antoine Lheureux (Bulle Média) font le point.

Pour ce numéro d’Europe story, on vous raconte l’histoire d’un pacte : un pacte “vert” européen, pour lutter contre le changement climatique Bonjour Marie. L’histoire du “green deal” , ou “pacte vert” , en français, a commencé après les élections européennes de mai 2019… Il s’agit du programme climatique et environnemental de la Commission européenne. On vient d’entendre Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. L’écologie est donc une priorité de son mandat de 5 ans. Et son objectif principal, c’est faire de l’Europe le premier continent neutre en carbone à l’horizon 2050. Mais ça, qu’est-ce que ça veut dire ?

La neutralité carbone, c’est un état d’équilibre. Aujourd’hui, le grand responsable du réchauffement de la planète, c’est le CO2, le dioxyde de carbone qui sort des pots d’échappement ou des cheminées des usines par exemple. Donc pour que leur empreinte soit la plus neutre possible sur l’environnement en 2050, les Européens souhaitent d’abord diminuer leurs émissions de CO2, mais aussi retirer de l’atmosphère autant de CO2 qu’ils en émettent.

Ok compris, mais comment on fait pour “retirer” du CO2 de l’atmosphère ?

D’abord, la Commission européenne parle de changer de modèle pour réduire la pollution. Encourager la réutilisation des matériaux dans les industries textile et électronique. Ou encore privilégier le transport de marchandises ferroviaire ou fluvial, plutôt que le transport routier. Tout cela contribuera à mieux protéger l’environnement : les forêts, les sols ou les océans, qui absorbent naturellement du dioxyde de carbone.

Et puis la Commission européenne mise sur le développement des technologies de pointe, qu’elle promet de soutenir financièrement. Parce qu’aujourd’hui, des technologies sont elles aussi capables de capturer du CO2 présent dans l’atmosphère. Par exemple celui émis par les déchets, pour fabriquer des carburants. Ou le dioxyde de carbone émis lors de la production d’acier, pour le recycler.

Mais on ne parle que de propositions pour l’instant. C’est bien ça ?

A ce stade, oui. La Commission européenne fait des propositions depuis son entrée en fonction. Celles-ci ne deviendront des lois, de nouvelles normes contraignantes, que si elles sont adoptées en bonne et due forme par le Parlement européen et par les Etats membres.

Et ils en pensent quoi, les pays européens ?

Il y a une quasi-unanimité sur l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Mais pour embarquer les pays les plus sceptiques, comme la Pologne qui est très dépendante du charbon, il va surtout falloir se mettre d’accord sur la manière de financer cette transition.

Parce que c’est un chantier énorme ! Rien que pour atteindre les objectifs de l’Union européenne en 2030, la Commission estime qu’il faut des investissements supplémentaires de 260 milliards d’euros par an !

Cela dit, l’inaction pourrait coûter cher elle aussi. Au cours du siècle actuel, si la température du globe augmente de 3 °C par rapport à 1880, les pertes sont évaluées à 190 milliards d’euros par an pour l’Europe.

Bon, donc on n’a plus trop le choix : alors qui va payer ?

La Commission européenne propose qu’un quart du budget européen - 500 milliards d’euros en 10 ans - contribue à la réalisation des objectifs climatiques de l’Union européenne. Par exemple, les fonds dédiés à l’agriculture devraient - plus qu’aujourd’hui - contribuer à la reforestation, ou à la diminution des pesticides pour protéger la biodiversité.

A cela s’ajouterait plus de 100 milliards d’euros versés par les Etats membres, puisque de nombreux projets soutenus par l’Union européenne doivent être cofinancés, au niveau national.

Et puis, pour atteindre un total de 1000 milliards d’euros en 10 ans, la Commission européenne compte sur les investisseurs, publics et privés. Elle espère un grand effet de levier grâce à la Banque européenne d’investissement, qui arrêtera de financer les énergies fossiles en 2022 ; et qui prévoit de consacrer la moitié de ses investissements à la transition écologique à partir de 2025.

Mais Marie, il y a aujourd’hui des dizaines de régions, des pans entiers de l’économie et des milliers de travailleurs qui dépendent des énergies fossiles. Alors qu’est-ce qu’ils vont devenir ?

La Commission européenne propose aux Etats membres de créer un “Fonds pour la transition juste” . Dans les régions les plus touchées, il financerait des actions de reconversion professionnelle, ou la construction de nouvelles infrastructures par exemple. Mais là encore, son budget dépendra fortement de la mobilisation des investisseurs publics et privés.

Parallèlement, pour protéger les entreprises européennes face à la concurrence étrangère, la Commission européenne prévoit de proposer, en 2021, de taxer les importations polluantes dans certains secteurs.

Justement Marie, là, tu parles de la concurrence étrangère. Si l’Europe agit seule, ça suffira pour sauver la planète ?

Absolument pas. A l’échelle de la planète, il faudrait atteindre la neutralité carbone au plus tard en 2070, si on voulait limiter le réchauffement mondial “largement en dessous” de 2 degrés, comme le prévoit l’accord de Paris de 2015, ratifié par 183 pays.

Pour faire pression sur ses partenaires, l’Europe pourrait conditionner plus strictement ses accords de libre-échange au respect de cet accord de Paris, duquel les Etats-Unis se sont déjà retirés. Mais on n’y est pas encore.

On vient d’entendre Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, fin 2019. J’imagine que si l’Europe veut entraîner ses partenaires, elle va aussi devoir montrer l’exemple. Mettre en œuvre rapidement ses nouveaux objectifs ; et les objectifs qu’elle s’était déjà fixée par le passé. On en est où, aujourd’hui ?

En 2020, les émissions européennes doivent avoir diminué de 20% par rapport à 1990. Cet objectif est déjà atteint puisqu’en 2018, on en était à 23%.

Mais pays par pays, c’est plus compliqué : l’Espagne et l’Autriche ont augmenté leurs émissions depuis 1990. En France, pour parvenir à la neutralité carbone, le gouvernement parle d’une réduction de 87% des émissions en 2050… mais on n’en était qu’à 16% en 2018. L’Allemagne, elle, envisage de sortir du charbon d’ici à 2038. Mais là encore, il reste beaucoup à faire pour mettre cette ambition en pratique.

Donc on retient que l’Union européenne souhaite devenir le premier continent neutre en carbone en 2050. Pour cela, les pays de l’UE vont devoir redoubler d’efforts et surtout se mettre d’accord sur les budgets alloués à cette vaste transition. Restera ensuite à convaincre le reste du monde.

Retrouvez ce podcast sur 20 Minutes et toutes nos plateformes d’écoute.

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