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Pierre Bekouche : “La révolution du Jasmin pose la question de l’adhésion des démocraties naissantes à l’UE”

Pierre Bekouche est conseiller scientifique auprès de L’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (IPEMED), géographe et professeur à l’Université Paris I. A l’occasion de la conférence organisée par Nouvelle Europe jeudi 31 mars au Consulat général de Turquie sur le thème “L’UPM, sur la vague du Conseil de la Baltique pour la démocratie ?”, il revient pour Toute l’Europe sur le rôle de l’Union européenne dans l’accompagnement des démocraties arabes naissantes, et celui de l’Union pour la Méditerranée.

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“L’UPM a été conçue dans le but d’éviter les ornières politiques”

L’Union pour la Méditerranée aura-t-elle le même succès politique que celui du Conseil des Etats de la mer Baltique ?

Nouvelle Europe vous invite à en débattre jeudi 31 mars 2011 à 19h au Consulat général de Turquie (Boulogne-Billancourt) en compagnie de :

- Engin Solakoğlu, Premier Conseiller de l’Ambassade de Turquie
- Pierre Beckouche, conseiller scientifique d’IPEMED, géographe et professeur à Paris I
- Nicolas Escach, agrégé de géographie, spécialiste de la spécialiste de l’espace baltique

Ce débat se terminera par un cocktail pour continuer à échanger de manière moins formelle. Pour participer avec nous à ce débat et pour des raisons de sécurité il est IMPERATIF de vous inscrire.

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Alors que la situation en Libye ne semble pas trouver d’issue et que la tension monte en Syrie, les pays voisins qui ont réussi leur ‘révolution du Jasmin’ ont aujourd’hui un long chemin devant eux sur la voie de la démocratie. Toute l’Europe, dans la droite ligne de la conférence organisée demain soir par Nouvelle Europe (voir encadré), a donc demander à Pierre Bekouche si l’Union pour la Méditerranée pourrait jouer en faveur des pays du Sud de la Méditerranée le rôle qu’a assuré le Conseil de la Mer Baltique à l’Est de l’Europe.

Pour le géographe, “ce n’est pas le gabarit qui a été choisi. Accompagner les révolutions dans le Sud est une dynamique très politique, et ce n’est pas exactement le centre de gravité de l’Union pour la Méditerranée telle qu’elle a été conçue. L’UPM voulait précisément éviter les ornières politiques, éviter de parler du problème palestinien, du problème entre le Maroc et l’Algérie” , explique-t-il. Les révolutions en Tunisie et en Egypte renverraient donc l’UPM précisément à ce qu’elle a voulu éviter depuis le départ.

De plus, précise M. Bekouche, “on est avec l’UPM dans une mécanique, en dépit de la géométrie variable, qui est quand même assez lourde. 43 représentants, c’est tout de même très lourd. Tout ça n’est pas un gabarit très adapté à la prise de décisions rapide, à une action souple” .

Mais Pierre Bekouche reconnaît tout de même qu’il n’est pas impossible que l’UPM puisse, si elle le souhaite, jouer ce rôle. “Rien n’interdit à l’UPM de changer, et on a l’immense avantage d’avoir un cadre politique qui peut s’adapter. C’est une question d’inventivité, d’audace. L’UPM peut servir de cadre à la réflexion sur les nouvelles relations entre les pays du Sud et l’Europe” explique-t-il.

La politique de l’énergie : le bon vecteur pour établir un partenariat approfondi

Si la diplomatie européenne n’a pas, et ne semble toujours pas, briller par son implication dans la gestion des conflits au Sud du Bassin méditerranéen, la question se pose aussi du rôle de l’Union européenne dans l’accompagnement des démocraties naissantes.

Pour Pierre Bekouche, “tout dépend de la représentation de la région dans laquelle se trouve l’Europe. Ou bien l’on s’en tient à des représentations classiques, où l’Europe va de l’Atlantique à l’Oural, et l’idée d’avoir un partenariat approfondi avec les pays du Sud de la Méditerranée aura du mal à passer. Ou bien on considère que les régions sont de nouveaux territoires, et il faut élargir les acceptions habituelles” .

Le géographe considère que “la politique de voisinage représente le bon cadre géographique d’action. Mais ce n’est pas évident car les Européens continuent à penser en termes continentaux.” De plus, Pierre Bekouche évoque la question du “déclencheur” de ce partenariat régional approfondi : “à l’Est, ce déclencheur a été la Russie. La Russie était à genoux et les Européens en ont profité pour faire vite rentrer les pays de l’Est avant qu’elle ne se réveille. Il n’y a pas la même chose au Sud” , précise M. Bekouche.

Ce dernier considère qu’il manque une politique capable de cristalliser les volontés, et qui pourrait être celle de l’énergie. Mais pour le chercheur il y a également la question de la volonté des pays du Sud de vouloir participer à un ancrage approfondi avec l’Europe. Il considère à ce titre que la Turquie peut faire le lien entre l’Europe et ces pays arabes qui ont entamé leur processus de démocratisation.

Le pays est en effet un modèle sur de nombreux points, notamment en ce qui concerne la procédure d’adhésion entamée vis-à-vis de l’Union européenne. Une adhésion qui pour Pierre Bekouche pourrait tout à fait être envisagée avec la Tunisie ou l’Egypte par exemple, sur le principe. Bien entendu rien n’indique que l’Union européenne ou même ces pays le souhaitent, mais la question pourrait tout de même être posée.

En savoir plus

Révolutions arabes : un vocabulaire commun mais une grammaire différente pour Gilles Kepel - Toute l’Europe

Le site Internet de Nouvelle Europe

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