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Nucléaire : l’Europe s’interroge

L’inquiétude grandit d’heure en heure au Japon où le bilan des victimes du tremblement de terre puis du tsunami ne cesse de s’alourdir. Les dernières nouvelles font état de 2 800 victimes, mais les autorités japonaises indiquent que des milliers d’autres sont portées disparues. Selon l’autorité de sûreté nucléaire, l’accident de Fukushima a atteint le niveau 6 sur une échelle qui en compte 7.


Scénario catastrophe

Pour faire face à l’urgence, le Japon a demandé son aide à l’Union européenne qui a immédiatement répondu en activant son mécanisme de protection civile en envoyant des équipes de secours et de recherche. Le soutien des 20 Etats membres impliqués est matériel - purificateurs d’eau, postes médicaux avancés - autant qu’humain, avec des experts médicaux et logistiques.

La question qui se pose désormais est celle du risque nucléaire, qui s’ajoute aux catastrophes naturelles. L’Agence internationale pour l’énergie atomique faisait part mardi matin de nouvelles explosions à la centrale de Fukushima Daiichi située dans l’Est du Japon, près de la côte pacifique.

Les autorités japonaises redoutent particulièrement la défaillance du système de refroidissement survenue vendredi et qui a déjà entraîné la fonte des cœurs des réacteurs n° 1 et 3 et provoqué des explosions en chaine. La température très élevée au sein de la centrale entraîne en effet une augmentation de la pression qui nécessite de relâcher des mélanges gazeux dont de l’hydrogène qui a, au contact de l’oxygène présent dans l’air, provoqué l’explosion en dehors des enceintes de confinement. Jusqu’à présent, ces enceintes d’un mètre d’épaisseur n’ont pas été endommagées. Ces émanations de gaz possèdent une concentration élevée en particules radioactives. Un réacteur qui se trouvait à l’arrêt depuis plusieurs mois pour maintenance a par ailleurs pris feu mardi.


Les Vingt-Sept divisés

Quels sont les pays européens qui utilisent l’énergie nucléaire ? Retrouvez le comparatif de Toute l’Europe.

En Europe, l’heure est déjà au débat sur l’énergie atomique. Les gouvernements des pays acquis au nucléaire, majoritaires, multiplient les déclarations pour rassurer les populations face à l’éventualité d’un accident sur le Vieux Continent. La France, premier producteur d’énergie nucléaire en Europe est concernée au premier chef. Le chef de l’Etat n’a pas manqué de prendre la défense de la filière en écartant toute sortie du nucléaire, en phase avec une opinion publique qui soutient à 67% le maintien de la part du nucléaire dans le bouquet énergétique. M. Sarkozy a souligné la sûreté du parc français, insistant vivement sur la solidité des réacteurs de dernière génération EPR. En tant que président du G8 et du G20, il a toutefois appelé à la tenue d’une réunion en avril pour tirer les conséquences du drame japonais.

Outre-Rhin, la chancelière Angela Merkel a annoncé la tenue d’un moratoire de trois mois au cours desquels les sept plus vieux réacteurs du pays seront fermés. Elle avait remis en cause l’année dernière la décision prise en 2000 par le gouvernement social-démocrate de fermer toutes les centrales du pays à l’horizon 2021. Le débat sur la sortie du nucléaire a déjà agité de nombreuses fois le pays, et le mouvement anti-nucléaire y est très actif et populaire, comme en atteste la mobilisation de 60 000 personnes samedi dans le Bade-Wurtemberg. Mme Merkel se trouve donc en position difficile au début d’une année électorale chargée, et la question énergétique pourrait faire la différence.

L’accident survenu au Japon relance donc le débat en Europe sur la dangerosité de l’atome. L’Italie, après y avoir renoncé suite à la catastrophe de Tchernobyl, a relancé son programme de nucléaire civil. Malgré les inquiétudes, le gouvernement italien annonce le maintien des projets en cours. D’autres pays comme la Belgique ou la Pologne restent dans l’expectative, cette dernière ayant annoncé par la voix de son sous-secrétaire à l’Energie, Janusz Zaleski, que les événements en cours au Japon vont provoquer une discussion. De même en Grande-Bretagne où un programme de construction de centrales sur huit nouveaux sites a été confirmé en octobre, le gouvernement a décidé la rédaction d’un rapport approfondi sur les leçons à tirer de l’accident de Fukushima.

Tirer les leçons

Les autorités européennes ont pour leur part réagi rapidement en convoquant ce mardi une réunion des ministres de l’Energie des Vingt-Sept, accompagnés des exploitants de centrales nucléaires et des autorités de sûreté. Au cours de cette réunion sera notamment débattue la proposition de tests de résistance faite par le ministre autrichien de l’Environnement Nikolaus Berlakovitch dont le pays a abandonné le nucléaire depuis 1978. Une possibilité “envisageable” d’après Marlene Holzer, porte-parole du commissaire chargé de l’Energie, Günther Oettinger. Cette option dépend toutefois de la volonté des Etats puisque la Commission “n’a pas le pouvoir d’envoyer des experts dans les centrales nucléaires pour vérifier leur sûreté” a-t-elle poursuivi.

Au cours de cette réunion seront par ailleurs abordées la résistance des installations européennes, et leur aptitude à faire face à des situations similaires à celle de Fukushima. Le commissaire souhaite notamment s’assurer que les systèmes de refroidissement peuvent résister à une panne prolongée, comme c’est le cas au Japon.

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