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Neutralité carbone : un accord sans la Pologne pour 2050

Réunis en Conseil européen à Bruxelles, les dirigeants de l’UE se sont entendus jeudi 12 décembre sur l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050… Sans la Pologne, qui a obtenu plus de temps.

Photo de famille des dirigeants européens lors du Conseil européen des 12 et 13 décembre - Crédits : Union européenne
Photo de famille des dirigeants européens lors du Conseil européen des 12 et 13 décembre - Crédits : Union européenne

Nous allons avoir aujourd’hui un sommet important consacré principalement à la question du changement climatique. L’enjeu est de faire en sorte que l’Europe soit le premier continent neutre sur le plan climatique” . Fraîchement entré en fonction, le Belge Charles Michel, président du Conseil européen depuis le 1er décembre, avait annoncé la couleur dès son arrivée à la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement.

Mission accomplie… ou presque. Car l’accord auquel ont abouti les Etats membres jeudi soir sur la neutralité carbone - absorption de tous les gaz à effet de serre émis - d’ici à 2050 n’est pas unanime, contrairement à ce qui était espéré.

En juin, quatre Etats s’étaient opposés à cet objectif : la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et l’Estonie. Ce Conseil européen devait donc être celui où tous les Etats membres allaient s’entendre. Mais ces espoirs ont été déçus jeudi 12 décembre, la Pologne manquant encore à l’appel.

Le Conseil européen fait sien l’objectif consistant à parvenir d’ici 2050 à une UE neutre pour le climat conformément aux objectifs de l’accord de Paris. Un État membre, à ce stade, ne peut s’engager à mettre en œuvre cet objectif en ce qui le concerne” , indiquent ainsi les conclusions du sommet européen, fixant un nouveau rendez-vous en juin 2020 pour en rediscuter.

Une solidarité européenne

Atteindre la neutralité carbone en 2050 est la cible du Pacte vert, présenté devant les députés européens à Bruxelles le 11 décembre par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. En fonction depuis le 1er décembre comme Charles Michel, cette dernière a assisté, elle aussi, à son premier Conseil européen jeudi.

Si les dirigeants européens n’ont pas abordés en détail le Pacte vert, ils en ont néanmoins validé certains points majeurs. Et notamment un principe de solidarité entre Européens visant à tenir compte “des différentes situations nationales” pour aider ceux qui sont les plus dépendants aux énergies fossiles, notamment à l’est. De quoi lever les objections de plusieurs Etats membres quant à l’objectif de neutralité carbone.

Le Conseil européen soutient ainsi la mise en place du “Mécanisme pour une transition juste” , fonds mentionné dans le Pacte vert doté de 100 milliards d’euros et qui aura pour mission d’ “apporter un soutien sur mesure aux régions et aux secteurs les plus touchés par la transition [écologique]” , précisent les conclusions de la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement.

Les dirigeants de l’UE “saluent” également “l’annonce par la Banque européenne d’investissement (BEI) de son intention de soutenir la mobilisation de 1 000 milliards d’euros d’investissements” au cours de la période 2021-2030 pour cette transition.

Enfin, le Conseil européen a donné son accord pour la mise en place d’un “mécanisme d’ajustement des émissions de carbone aux frontières [de l’UE]” , à savoir une taxe carbone pour les exportateurs extra-européens afin que leurs produits respectent les mêmes exigences climatiques que ceux des Européens, qui resteraient ainsi compétitifs.

Le nucléaire explicitement nommé

Au terme du Conseil européen, les Etats membres ont par ailleurs déclaré vouloir respecter “le droit des États membres de décider de leur bouquet énergétique” , tout en soulignant que certains ont recours à “l’énergie nucléaire” .

Une mention qui a notamment été exigée par la République tchèque et la Hongrie, qui faisaient partie en juin des réfractaires à la neutralité carbone d’ici 2050. Prague et Budapest considèrent qu’il leur est impossible d’atteindre celle-ci sans l’énergie nucléaire.

Certains pays de l’UE sont pourtant opposés au nucléaire, tels que l’Autriche, le Luxembourg ou encore l’Allemagne, qui a fait le choix de sortir de cette énergie après l’accident de Fukushima en 2011.

Quant à la France, dont la majeure partie de l’électricité provient du nucléaire, une source élyséenne avait fait part en amont du Conseil européen de son attachement au principe du respect des “choix énergétiques” de chacun.

Budget européen 2021-2027 : aucun accord à l’issue du sommet

Les discussions sur le climat ayant pris plus de temps que prévu, celles sur le budget ont dû être écourtées. A défaut d’accord, le Conseil européen a seulement chargé “son président [Charles Michel] de faire avancer les négociations en vue de parvenir à un accord final” . Les divergences sont profondes et nombreuses en ce qui concerne le cadre financier pluriannuel (CFP) de la période 2021-2027. Ce budget européen est susceptible de ne pas être adopté à temps.

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