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L'hydrogène, une solution pour décarboner le rail européen ?

Ce carburant “vert” représente un espoir pour limiter les émissions de gaz à effet de serre du secteur ferroviaire en Europe. Encore faut-il qu’il soit lui-même produit avec des procédés non polluants.

Un nombre croissant d’Etats membres de l’Union européenne ont fait part de leur intérêt pour les trains à hydrogène - Crédits : kmn-network / iStock

Au sein de l’Union européenne, le rail est responsable de moins de 0,5 % des émissions de gaz à effet de serre imputables aux transports, selon la Commission européenne. Néanmoins, le secteur ferroviaire demeure parfois très polluant, notamment lorsqu’il utilise le diesel comme carburant.

En France par exemple, un quart des TER seulement roulent au diesel ils mais émettent à eux seuls les trois quarts du CO2 rejeté dans l’atmosphère par l’ensemble de la flotte des trains régionaux, indique la SNCF. En Europe, environ 5 000 trains régionaux fonctionnent encore au diesel. C’est là que l’hydrogène, dont les applications paraissent prometteuses pour le ferroviaire, pourrait jouer un rôle majeur.

Bonne nouvelle pour l’Europe, l’entreprise la plus avancée dans le développement de cette technologie est française. Il s’agit de la multinationale Alstom, qui a présenté il y a cinq ans le premier véhicule ferroviaire à hydrogène destiné à transporter des passagers, le Coradia iLint.

Expérimenté depuis 2018 en Allemagne et en Autriche, il pourrait circuler en exploitation commerciale dès 2022. Ce train, prévu pour rouler sur un réseau non électrifié, intéresse un nombre croissant de régions européennes, soucieuses de remplacer leurs vieilles locomotives diesel par du matériel zéro émission. Dans l’Italie voisine, la Lombardie a ainsi passé commande auprès de la société.

Un intérêt aussi manifesté en France, où quatre régions - Grand-Est, Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté et Occitanie - ont signé un contrat avec la SNCF et Alstom en 2019. Le 5 mars 2021, la Bourgogne-Franche-Comté a annoncé son intention d’acquérir trois trains à hydrogène, pour une exploitation commerciale à compter de 2024.

2021 a été désignée Année européenne du rail par la Commission européenne. L’occasion pour l’exécutif européen de promouvoir, à travers une série d’actions et d’événement, le train “en tant que moyen de transport durable, intelligent et sûr”.

Un moyen de transport réellement décarboné ?

L’avantage majeur de l’hydrogène, c’est qu’il ne rejette que de la vapeur d’eau lorsqu’il est utilisé comme carburant. Par conséquent, il n’est pas une source de pollution directe pour l’atmosphère.

Indirectement en revanche, cette molécule peut au contraire se montrer nocive pour le climat. Car plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour la produire : à partir de gaz naturel (procédé majoritaire), d’hydrocarbures liquides ou encore de charbon. Des procédés qui dépendent d’énergies fossiles, de surcroît particulièrement polluantes.

L’électrolyse de l’eau, qui consiste à séparer l’hydrogène de l’oxygène à l’aide d’un courant électrique, constitue une alternative. Encore faut-il que l’électricité soit elle-même produite à partir d’énergies renouvelables… Les trains à hydrogène représentent donc un espoir de décarbonation du rail, mais seulement s’ils sont propulsés à partir d’un hydrogène “propre” ou “vert”, et non “gris”.

Une problématique bien identifiée par la Commission européenne, qui a présenté en juillet 2020 sa “stratégie pour l’hydrogène en vue d’une Europe neutre climatiquement”. “Un déploiement à grande échelle, à un rythme rapide, de l’hydrogène propre est essentiel pour que l’UE concrétise ses ambitions élevées en matière de climat”, explique l’exécutif européen. Pour Bruxelles, l’hydrogène propre doit ainsi être un élément moteur de la transition énergétique, et s’avère crucial pour parvenir à atteindre la neutralité climatique d’ici à 2050. Celle-ci constitue l’objectif central du Pacte vert, approuvé par les Etats membres de l’UE en décembre 2019.

Crédits : Commission européenne

Trois phases sont prévues par la stratégie - de 2020 à 2024, puis de 2024 à 2030 et enfin de 2030 jusqu’à l’horizon 2050 - pour une montée en puissance progressive de la production d’hydrogène vert, dont le déploiement à grande échelle ne devrait pas intervenir avant la troisième phase.

Avant cette échéance et le développement d’une filière verte de l’hydrogène, une mise en circulation massive de trains climatiquement neutres semble donc peu probable. Un déploiement que la Commission européenne espère accélérer par l’Alliance européenne pour l’hydrogène propre, lancée le même jour que sa stratégie pour l’hydrogène, et qui fait collaborer des entreprises du secteur afin d’aboutir à des innovations en la matière.

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