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“Les risques d’incendies vont être de plus en plus importants, en Europe comme ailleurs”

Alimentés par une vague de chaleur historique, les feux qui sévissent depuis plusieurs semaines au sud de l’Europe sont amenés à s’intensifier dans les années à venir, prévient Clément Albergel, chargé de l’étude du climat au sein de l’Agence spatiale européenne.

Incendies en Méditerranée
Localisation des incendies survenus en Europe entre le 4 et le 11 août 2021 (extrait d’une carte réalisée par les services de Copernicus - EFFIS).

Forêts, champs, villages… de la Sibérie à l’Amérique du Nord en passant par la Méditerranée, les incendies violents se succèdent depuis le mois de juillet. En Europe, l’Espagne, la Turquie, l’Italie et la Grèce ont été ou sont encore particulièrement touchées.

Le 9 août, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) a fait état d’une augmentation “sans précédent” des événements météorologiques extrêmes dans le monde. En particulier, les périodes propices aux incendies s’annoncent de plus en plus longues et fréquentes, précise Clément Albergel, responsable des applications climatiques au sein du Bureau du climat de l’Agence spatiale européenne. 

Comment expliquer la multiplication des feux ces dernières semaines en Europe ? 

Ces feux sont provoqués par des chaleurs extrêmes, comme celles observées récemment en Amérique du Nord et sur le pourtour du bassin méditerranéen (Espagne, Grèce, Turquie, Maghreb…). Ces dernières s’accompagnent le plus souvent d’un faible taux d’humidité dans l’air, de faibles précipitations, d’une végétation plus sèche et parfois de vents violents : autant de conditions particulièrement propices aux incendies. 

Faut-il s’attendre à ce que ces feux soient de plus en plus fréquents ?

Oui, en Europe comme ailleurs. Non seulement les risques d’incendies vont être de plus en plus importants, mais ils vont s’étendre sur des périodes de plus en plus longues. Les vagues de chaleur, et plus largement les événements climatiques extrêmes, vont continuer à augmenter, en fréquence et en intensité, en raison du dérèglement climatique lié aux activités humaines.

Comment l’Agence spatiale européenne (ESA) les identifie-t-elle ? 

Les satellites de l’ESA observent la Terre depuis les années 1980. Ils ont été considérablement renforcés en 2014 et les années suivantes par une constellation de satellites “Sentinel”, issus du programme européen d’observation Copernicus dont l’ESA gère la composante spatiale. 

Grâce à ces satellites, nous surveillons l’atmosphère, les océans et les terres émergées, et suivons notamment les feux de forêts (feux actifs, surfaces brûlées, fumées et composition de l’atmosphère). Nous utilisons pour cela des photographies prises par ces satellites, mais aussi des radiomètres qui mesurent la quantité d’énergie émise depuis un lieu sur Terre. Si la chaleur qui s’en dégage est particulièrement importante, il peut s’agir d’un début d’incendie. 

Nous pouvons également estimer les risques d’incendies dans les six jours à venir. Une température au sol élevée, un sol et une végétation pauvres en eau sont d’importants facteurs de risques. Enfin, nous pouvons estimer dans quelle direction un feu peut se propager en observant les indications météorologiques liées aux vents.

Quels sont les autres moyens déployés par l’ESA pour étudier le changement climatique ? 

Depuis 2010, un programme de recherche et de développement du Bureau climatique de l’ESA établit, à partir des observations par satellite, des séries de données sur le climat et son évolution. Ceux-ci incluent les feux de forêts, les émissions atmosphériques issues de ces feux ainsi que les zones brûlées, mais aussi le retrait et la fonte des glaciers ou encore l’élévation du niveau de la mer. Ces données sont ensuite traduites en informations concrètes et par les services de Copernicus, si besoin à destination des décideurs de l’Union européenne ou des Etats membres.

Comment compte-t-elle améliorer cette observation ? 

Six missions pourraient être lancées dans les 20 prochaines années. Tout en assurant une continuité des données actuelles (suivi des terres, des océans et de l’atmosphère), nous souhaitons améliorer la précision de nos observations. Aujourd’hui, un satellite Sentinel-2 fournit une information à 20 mètres de résolution spatiale : cela permet déjà d’identifier les petits feux de forêts, qui constituent une part très importante des incendies. Mais nous souhaitons aller encore plus loin. 

Nous cherchons également à augmenter la répétitivité des données. La plupart des satellites d’observation de la Terre, qui tournent autour des pôles, n’observent aujourd’hui un même lieu qu’une fois par jour ou parfois seulement certains jours. Or si cette observation a lieu juste avant le départ d’un feu de forêt, il faut attendre un nouveau passage pour identifier ce dernier. Avec un nombre plus important de satellites, nous aurons accès à des observations plus fréquentes pour l’observation des catastrophes notamment. 

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