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Ce que l'Europe fait pour moi

Environnement : l’ONF au chevet des forêts françaises

Série - Ce que l'Europe fait pour moi

Gestionnaire des forêts publiques françaises, l’Office national des forêts (ONF) participe à plusieurs projets européens. Exemple dans l’Hexagone, où les experts travaillent à l’adaptation des forêts au changement climatique, et en Guyane, où l’office utilise une technologie dernier cri pour cartographier la forêt, avec le soutien des fonds européens.

Des études seront notamment menées dans la forêt de Chantilly, au nord de Paris
Des études seront notamment menées dans la forêt de Chantilly, au nord de Paris - Crédits : Sebastien Mercier / iStock

Hausse des températures, sécheresses, incendies… Les forêts sont déjà soumises à rude épreuve avec le changement climatique et ses conséquences. En France métropolitaine, les températures ont par exemple augmenté de 1,7 °C en moyenne depuis 1900. Or, les évolutions du climat perturbent non seulement le fonctionnement des écosystèmes mais modifient aussi les aires de répartition des peuplements d’arbres.

Plus résistant à la sécheresse, le chêne vert, issu de la façade méditerranéenne, remonte par exemple naturellement vers le nord de la France. A l’inverse, certaines espèces sont en train de disparaître, à l’image du sapin de Sicile dont il reste une poignée d’individus dans le sud de l’Italie, ou du sapin pinsapo, originaire d’Espagne. La diminution de l’aire de répartition de ce dernier est aussi due à son remplacement par des espèces qui peuvent être plus productives. Gestionnaire de 45 % de la forêt française, soit 11 millions d’hectares, l’Office national des forêts (ONF) mène de front la bataille de l’adaptation à cette nouvelle donne environnementale.

Préserver la diversité biologique des arbres

Le changement climatique ne s’arrête pas aux frontières, les espèces forestières non plus”, résume Brigitte Musch, responsable du conservatoire génétique des arbres forestiers à l’ONF. Le projet “OptFORESTS” auquel participe la chercheuse vise à soutenir la conservation et l’utilisation durable des ressources génétiques forestières. Coordonné par l’Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), il mobilise 19 partenaires provenant de 13 pays européens. A l’ONF, une dizaine de personnes travaillent sur le sujet.

Et OptFORESTS comporte de nombreux volets, comme une étude sur les impacts de la sylviculture sur cette richesse génétique des forêts. “Les arbres ont énormément de diversité au sein d’une même espèce”, explique en effet Brigitte Musch. “Cela leur permet de s’adapter à tout un tas de conditions au fur et à mesure de leur vie”. Afin que les forêts s’adaptent aux évolutions du climat en Europe, “il faut donc conserver une diversité maximale en changeant peut-être un peu nos pratiques de sylviculture”, poursuit la chercheuse de l’ONF. Mais même malgré cette richesse génétique, les arbres n’arrivent pas toujours à s’adapter, tant les changements climatiques sont rapides.

Les participants à OptFORESTS travaillent également à la question de la régénération naturelle des forêts, c’est-à-dire lorsque les arbres ne sont pas plantés. “A l’ONF, 80 % de nos surfaces sont régénérées naturellement. Il est donc essentiel pour nous de savoir si en une génération on va avoir une adaptation plus ou moins importante, de quel niveau, et s’il faut renforcer le renouvellement naturel”, c’est-à-dire en plantant, précise Brigitte Musch.

Un autre volet consiste à comprendre l’offre et les besoins futurs en graines. Bien que les arbres migrent d’eux-mêmes, ils n’ont en effet pas la vitesse suffisante pour suivre les évolutions du climat. Ainsi, le chêne vert de la moitié sud de la France ne peut pas atteindre “seul” la Bourgogne où les températures seront plus chaudes dans les années à venir. “Nous avons donc besoin de modéliser les effets du climat sur les espèces, pour savoir les dépérissements que l’on aura à l’avenir”, souligne Brigitte Musch.

Selon un scénario pessimiste, le hêtre commun pourrait par exemple s’épanouir dans seulement quelques zones du nord, de l’est et du centre de la France en 2050, alors qu’il est aujourd’hui présent dans une large partie de l’Hexagone. “Nous regardons les besoins en termes de pluviométrie, de chaleurs et de nombre de jours d’ensoleillement”, énumère la chercheuse de l’ONF. Grâce aux inventaires forestiers, en France et en Europe, avec les projections climatiques du GIEC, nous voyons les espèces et les zones qui subiront le plus les conséquences du changement climatique”.

Lancé fin 2022, les premiers résultats du projet sont attendus à l’automne 2023. Celui-ci a bénéficié d’un soutien du programme de l’Union européenne pour la recherche et l’innovation, Horizon Europe. Une initiative qui permet de faire dialoguer scientifiques et gestionnaires pour mieux appréhender le futur des forêts européennes.

Une technologie pour mieux connaître la forêt en Guyane

De l’autre côté de l’Atlantique, en Guyane, l’ONF gère 6 millions d’hectares, c’est-à-dire l’essentiel de la forêt guyanaise. Pour l’aider dans son travail, l’institution fait appel à une nouvelle technologie, le LiDAR. Aéroporté par avion, il utilise la lumière pour calculer des distances. “C’est un petit boîtier qui émet des lasers et détermine une hauteur, selon la durée que met le laser pour se réfléchir”, détaille Aurélie Cuvelier, responsable aménagement forestier à Cayenne.

Le LiDAR sert ainsi à cartographier les forêts avec une résolution beaucoup plus précise que le SRTM, un radar fourni par la Nasa américaine. Alors que celui-ci avait une résolution de 30 mètres, le LiDAR permet de travailler à 5 mètres. “Nous pourrions même descendre jusqu’à 2 mètres mais les données prennent beaucoup de place et nous n’avons pas besoin de plus de précision pour les modèles numériques de terrain”, explique la spécialiste de l’ONF. Autre nouveauté, le système détecte si le laser passe à travers du feuillage ou d’autres obstacles. Il peut donc y avoir une précision jusqu’à un mètre pour la végétation.

Cela nous permet de déterminer des zones où nos ouvriers forestiers peuvent faire de l’inventaire afin de protéger ou d’exploiter les arbres”, expose Aurélie Cuvelier. Zones humides, pentes ardues ou tout simplement pas de ressources exploitables : le gestionnaire a ainsi les moyens d’identifier plus finement les parcelles sur lesquelles il ne peut pas intervenir.

Le LiDAR laisse aussi apparaître des zones particulièrement riches en biodiversité, comme les inselbergs associés aux “savanes-roches”. Il s’agit de blocs de granit qui dépassent les arbres et dominent ainsi la canopée lorsque les sols se sont érodés. “Ce sont des milieux rares, avec par exemple des orchidées que l’on trouve uniquement dans ces endroits”, décrit Aurélie Cuvelier. Ces milieux étant systématiquement protégés en Guyane, les données fournies par le LiDAR permettent ainsi de les exclure de l’exploitation forestière. Tout comme le patrimoine archéologique. Vestiges amérindiens, les “montagnes couronnées” sont de grands fossés qui peuvent aller jusqu’à 200 mètres de diamètre et qui apparaissent sur les images fournies par LiDAR.

Le Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) participe à cette mesure de gestion en Guyane chaque année. Cela représente environ 800 000 euros. La donnée fournie par cette technologie est onéreuse : entre 2,5 et 3 euros par hectare. L’ONF cartographie de son côté entre 50 et 60 000 hectares par an en Guyane.

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