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COP21 : Paris, un jour capitale verte ?

Très densément peuplée et en manque d’espaces verts, la ville de Paris s’efforce depuis des années d’améliorer son environnement, marqué notamment par une constante pollution de l’air. A l’heure où la ville accueille la COP21, Toute l’Europe vous propose un point sur la capitale française et son rêve de devenir une ville verte.

Paris capitale verte ?

Densité démographique et qualité de l’air

A huit heures du matin, le boulevard Haussmann dans le huitième arrondissement est traversé par un flux sans arrêt de moteurs vrombissants. D’un coup d’accélérateur, les autobus dépassent les camions garés sur la voie pour livrer des fournitures aux commerces du centre, tandis que les scooters zigzaguent entre les voitures qui filent d’un feu rouge à l’autre. Ceux qui circulent à vélo, l’air un peu préoccupé et les mains serrées sur le guidon, montent régulièrement sur le trottoir pour retrouver un peu d’espace et de calme, à l’abri des quelques arbres plantés dans le bitume.

Avec ses 2,2 millions d’habitants et sa superficie d’à peine 105 kilomètres carrés, Paris est l’une des villes les plus densément peuplées d’Europe (21.000 hab./km2).

Aux heures de pointe, les artères de la capitale française le confirment. Chaque jour, la RATP enregistre quelques 5 millions de voyageurs entrant dans le métro, pour un total de 1,5 milliards de trajets effectués chaque année. Si on considère aussi les lignes de tramway, de RER et le service de bus, le nombre de voyages annuels dépasse les 4 milliards, d’après les chiffres publiés par l’Observatoire de la mobilité en Île-de-France (Omnil). Malgré ce système très développé de transports en commun, le nombre de voitures présentes en ville reste très important. En Île-de-France, le parc automobile à disposition des résidents s’élève à environ 5 millions de voitures et leur circulation met à l’épreuve non seulement la patience des citoyens, mais aussi la qualité de l’air, constamment menacée. “Plus de 2,3 millions de Franciliens restent toujours exposés à des niveaux de pollution qui ne respectent pas la réglementation, notamment pour les particules et le dioxyde d’azote” , peut-on lire dans le bilan 2014 d’Airparif, l’association agréée de surveillance de la qualité de l’air dans la capitale française. Selon les données recueillies par cette agence, “la tendance générale de la qualité de l’air est à l’amélioration en Île-de-France depuis plusieurs années” mais “ces niveaux restent au-delà des seuils fixés par la réglementation” . En particulier, “cinq polluants posent toujours problème à des degrés divers dans la région capitale, et ne respectent pas les réglementations : le dioxyde d’azote, les particules (PM10 et PM2,5), l’ozone et le benzène” , rapporte Airparif. La situation est tellement grave que la Commission européenne a engagé une procédure de contentieux à l’encontre de la France (ainsi qu’à l’encontre d’autres Etats membres).

Espaces verts et économie de partage

Paris ne fait pas assez pour le climat ? A l’heure où la capitale française héberge la Conférence annuelle des Parties numéro 21, la municipalité de la ville lumière investit de plus en plus dans les projets qui la rendrait plus “verte” . Vélos et voitures à partager, jardins collectifs, des hectares de “végétalisation” sur les murs et toits, des “journées sans voitures” , Paris s’engage en faveur de l’environnement et souhaite surmonter le manque cruel d’espaces verts alors que la densité démographique est très élevée.

Sommet des élus locaux pour le climat

En marge de la COP21, le 4 décembre les représentants des quelque 1 000 villes du monde entier sont réunis pour s’engager à “réduire de 3,7 gigatonnes les émissions annuelles de gaz à effet de serre dans les zones urbaines d’ici 2030” .


Le “bike-sharing” , ou système de partage de vélo, n’a pas été inventé dans la capitale française mais c’est bien ici qu’il a été le plus développé. Environ 1.800 stations de vélos (les velib’) sont présentes dans la ville et dans ses 30 communes limitrophes, avec en moyenne un vélo tous les 110 habitants. Les autolib’, le premier service de location de voitures 100% électriques en libre-service, a également pris de l’ampleur et compte actuellement quelques 3.000 automobiles à disposition des Parisiens, soit “une réduction du parc privé estimée à 22.500 véhicules” , peut-on lire sur le site de la société, filiale du Groupe Bolloré.

Une autre bataille de la municipalité vise à augmenter le nombre d’espace verts qui représente actuellement 3.000 hectares, soit 30 kilomètres carrés (mais dont environ 17 hectares sont constitués par les bois de Boulogne et Vincennes, situés pratiquement au-delà de la limite du Paris “intra-muros”). Le rapport entre espaces verts et habitants est donc très bas à Paris et la Mairie cherche à y remédier. Des jardins collectifs, des vergers, des vignes et des potagers urbains voient le jour dans le labyrinthe gris des rues parisiennes.

Cela fait partie du “programme de végétalisation” de la Mairie de Paris, qui prévoit entre autre d’ici 2020 de planter 20.000 nouveaux arbres, d’ouvrir 30 hectares supplémentaires de jardins publics mais aussi de développer 100 hectares de vert sur les murs et toits, “dont un tiers dédié à l’agriculture urbaine” . Pour y participer avec son propre bâtiment il faudra remplir un simple “permis de végétaliser” , disponible en ligne. Enfin, quant au trafic routier, une première “journée sans voitures” a été lancée le dimanche 27 septembre 2015, mais seulement dans le centre historique de la capitale.

Une ville verte ?

En 2015, le Fonds mondial pour la nature (World Wide Fund, WWF) a sélectionné Paris parmi 163 villes dans le cadre de la compétition “Earth Hour City Challenge” , dont l’objectif est justement de récompenser les villes les plus engagées dans la lutte contre le changement climatique. La capitale française n’a pas remporté le prix (accordé à Séoul) mais s’est classée parmi les 16 finalistes. Les critères pris en compte étaient : le développement d’infrastructures durables visant à réduire ses émissions, comme la promotion de déplacements à vélos, l’utilisation des tramways et sa flotte de véhicules électriques partagés ; l’amélioration de l’efficacité énergétique, à travers ses grands programmes de rénovation ; l’investissement dans les énergies renouvelables.

Selon un autre classement, celui de la Commission européenne, qui sélectionne chaque année une “ville verte” parmi le 28 Etats membres (le “Prix de la Capitale verte de l’Europe” lancé en 2006), Paris n’est pas à la hauteur de Stockholm, Copenhague Bristol ou encore Nantes. Sa densité démographique et son manque d’espaces verts demeurent une réalité, tout comme la pollution atmosphérique et le bruit, qui constituent des problèmes de santé publique. Mais la situation s’améliore et la COP21 pourrait bel et bien être l’occasion pour une révolution environnementale, et si ce n’est pas à l’échelle de la planète, au moins elle le sera à celle de la municipalité de Paris.

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