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Climat : il faudra bien payer !

Le Conseil européen du 30 octobre dernier devait débattre, entre autres, de la position de l’Union européenne dans le financement international contre le changement climatique. Les objectifs environnementaux ont tous été réaffirmés. Cependant, le bât blesse dès lors que les négociations s’engagent sur le terrain financier. Comment répartir cet effort consenti ? Car si la lutte contre le changement climatique n’a pas de prix, elle a un vrai coût.

Pour des objectifs ambitieux…

A quelques semaines de la conférence de Copenhague, Les objectifs ne font plus débat au sein des 27 Etats membres de l’Union, et l’urgence est unanimement reconnue.

Les Européens veulent lutter contre le changement climatique et rester chef de file du mouvement. Lors du dernier Conseil des ministres de l’Environnement, un accord a même été fixé, en ce sens, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 80 à 95% d’ici 2050, et les engagements du Paquet “énergie-climat” sont également réaffirmées dans les conclusions de ce conseil.

On retiendra donc de ce Conseil européen d’octobre donc qu’en terme d’objectifs environnementaux, les chiffres ne font pas peur à l’Union Européenne.

… et plus contraignants

De plus la lecture des conclusions du Conseil européen révèle un second point positif : la volonté de l’Union d’améliorer la force contraignante des engagements.

Le texte détaille tout un mode de gouvernance internationale chargée de veiller au respect des engagements. Un contrôle strict et scientifique, a priori et a posteriori, est vivement souhaité.

On parle de registre, de mesures, notifications et autres vérifications. Le maître mot est l’efficacité. Assez des paroles en l’air, il y a urgence.

Cependant, il faut aussi noter que l’UE prend grand soin à relativiser et conditionner ses ambitions.

Les conditions de l’ambition

Il ressort des conclusions de multiples conditions aux objectifs. Ainsi, ces ils ne valent que si tout le monde participe. Pays riches, pauvres, aux taux d’émissions fort ou faible, tous doivent s’engager.

L’Union européenne s’adresse aux pays non signataires du Protocole de Kyoto mais aussi aux pays pauvres dont l’aide promise ne doit pas signifier l’absence d’efforts nationaux. Mais pas de panique, on parle aussi équité et capacité, et même diversification des financements.

Les pays pauvres seront ainsi aidés. La proposition de la Commission européenne, bien défendue par la Présidence suédoise, de 100 milliards d’euros à distribuer à cet effet entre 2013 et 2020, est par exemple, définitivement validée par les 27.

Les risques de blocage interne

Internationalement garantie, l’équité est plus difficile à définir au niveau européen. Mais, la répartition de l’effort sera aussi considérée équitablement.

Les pays au PIB le plus élevé ne seront pas les plus appelés, si par ailleurs, ils émettent peu de C02, et les pays au PIB moins élevé mais grands consommateurs de charbon, notamment à l’Est, ne seront pas les boucs émissaires d’un système de répartition unilatérale.

Malgré des réunions entre la Commission et les pays redoutant une répartition sur critère exclusivement environnementaux, emmenés par la Pologne, aucun accord précis sur la répartition n’a été obtenu. Mais il a été entendu qu’un groupe de travail serait chargé de trouver un compromis.

Pas de répartition claire, faute d’accord. Mais aussi, pas de chiffres précis, question de stratégie. Face au difficile accord sur la répartition des efforts, l’Allemagne, l’Italie et la France n’ont pas souhaité chiffrer en euros la participation européenne.

Il y a la peur d’obtenir un chiffre au rabais, et la volonté de ne pas révéler toutes ces cartes aux autres acteurs internationaux. Même si ces raisons s’entendent, cela n’éclaircit pas les perspectives pour Copenhague, pour laquelle la position européenne reste, volontairement ou non, relativement floue.

Des sources de financement dynamiques : une solution ?

Finalement, il est à mentionner que les conclusions du Conseil envisagent des solutions alternatives au blocage actuel, en soulignant qu’il n’est pas question d’adopter un mode de financement statique.

Les montants sont appelés à augmenter avec les capacités des acteurs et aussi avec la diversification de ces derniers. L’aide publique est garantie. Les 22 à 50 milliards des 100 milliards d’euros totaux dédiés au pays pauvres, sont déjà prévus sous forme de financements publics des pays développés. Mais l’appel au financement privé ne manquera pas via des mesures aussi diverses que l’incitation à l’investissement, ou un vaste marché liquide du carbone.

Ce conseil européen ressert toutes les bonnes intentions mais révèle aussi beaucoup de questions. Les perspectives européennes restent floues. Les négociations sur le climat qui s’ouvrent aujourd’hui à Barcelone, sous l’égide de l’ONU, permettront peut être plus de prospection sur les résultats de Copenhague.

Sources

Conclusions du Conseil européen [pdf] - 30/10/09 - Conseil européen

En savoir plus

Premier numéro du Mag vert : cap sur Copenhague !

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